L’indice Chandler ne se limite pas à mesurer les résultats des gouvernements, mais analyse également leurs capacités de gouvernance, essentielles pour garantir une performance durable. Cette évaluation repose sur sept piliers principaux et 35 sous-indicateurs, tous pondérés également.
Sur le plan africain, l’île Maurice domine avec la 51e place mondiale, suivie du Rwanda (63e) et du Botswana (67e). Le Maroc occupe la 4e place continentale, tandis que l’Afrique du Sud se classe 77e et la Tanzanie 78e. Dans le contexte régional, le classement du Maroc apparaît relativement faible comparé à plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les Émirats arabes unis brillent en se plaçant 9e mondial, en tête du monde arabe, suivis par l’Arabie Saoudite à la 38e place. Le Maroc arrive juste après la Turquie (74e), devant l’Égypte (81e), la Tunisie (87e) et l’Algérie (96e).
En décomposant les résultats du Maroc selon les sept piliers de l’indice, il obtient ses meilleures performances dans « leadership et vision stratégique », où il se classe 50e mondial. Il se distingue particulièrement dans les sous-indicateurs « vision à long terme » (28e) et « leadership éthique » (71e).
Cependant, des lacunes demeurent, notamment dans le pilier « institutions solides », où le Maroc recule à la 87e place, ainsi que dans celui dédié à « aider les populations à s’élever », où il se positionne 85e, l’un des scores les plus faibles du rapport. Cette faiblesse se manifeste dans plusieurs domaines cruciaux : la qualité de l’éducation (97e), la satisfaction à l’égard des services publics (103e), les taux d’emploi (109e) et les inégalités de genre (112e).
Sur le pilier « marchés attractifs », le Maroc est 71e, avec des résultats mitigés : faibles en protection des droits de propriété (83e) et en attraction des investissements (73e), mais bon dans la stabilité des lois commerciales, où il occupe la 26e place, signe des efforts gouvernementaux pour améliorer l’environnement des affaires, malgré les obstacles structurels persistants.
Pour « lois et politiques solides », le Maroc se classe 76e, avec une disparité entre des classements moyens en « état de droit » (75e) et « qualité de la justice » (64e), mais une position plus faible en « transparence » (92e), ce qui soulève des interrogations sur l’engagement des autorités à fournir aux citoyens des informations fiables sur le fonctionnement de l’administration, les budgets et les marchés publics.
Concernant la « supervision financière », le Maroc est 70e, témoignant d’une amélioration par rapport à certains pairs, notamment dans l’efficacité des dépenses (71e) et la gestion des risques de crédit (58e). Cependant, le déficit budgétaire reste un problème, comme en témoigne la faible performance sur le « surplus budgétaire » (85e), reflétant les défis persistants liés aux réformes fiscales.
Dans le domaine de « l’influence et impact mondial », le Maroc est 73e. Il obtient des résultats moyens en commerce international (83e), image nationale (79e) et puissance du passeport (84e), mais se démarque par une diplomatie internationale active, occupant la 32e place mondiale. Ce positionnement traduit le rôle croissant de Rabat sur la scène internationale, notamment sur les questions migratoires, de développement et de sécurité régionale, même si ce rôle reste limité face à des pays plus dynamiques.
Un point positif particulièrement mis en avant par le rapport est l’amélioration significative du Maroc dans les « capacités des données gouvernementales ». Le pays est ainsi présenté comme « le pays africain ayant enregistré la plus forte progression dans ce domaine depuis 2021 ». Cette avancée est attribuée aux efforts du Royaume pour renforcer son infrastructure numérique, notamment à travers la stratégie « Maroc Digital 2030 », visant à moderniser l’administration et renforcer la transparence.
Toutefois, les inégalités sociales restent un défi majeur. Le Maroc affiche de larges disparités dans la répartition des revenus (83e) et les inégalités entre les sexes (112e), figurant parmi les plus faibles performances mondiales. Les défis en matière de non-discrimination (52e) soulignent également la nécessité d’améliorer le cadre des droits, des libertés et l’égalité des chances.
Ce classement intervient dans un contexte mondial marqué par une multiplication des protestations, des troubles sociaux et une érosion de la confiance dans les institutions politiques et économiques. Pour l’Institut Chandler, la gouvernance constitue l’enjeu central et la compétition majeure de notre époque. Les gagnants de cette course sont notamment Singapour, qui conserve sa première place pour la quatrième année consécutive, suivie par le Danemark et la Norvège. En bas du classement figurent des pays comme le Venezuela, la Sierra Leone et l’Angola, confrontés à des crises chroniques sur plusieurs plans.