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Dérapages à l’antisémitisme en France : CGT et LFI diabolisés !

En France, il est devenu malsain de défendre la cause palestinienne. Pour un oui, comme pour un non, on vous colle l’antisémitisme à la peau. Les militants et cadres de LFI en font les frais. Au même titre que les partisans de la CGT. Terrible !
Dérapages à l’antisémitisme en France : CGT et LFI diabolisés !

Rima Hassan, candidate aux élections européennes sur la liste de La France insoumise (LFI), objet de critiques incessantes, a été convoquée par la justice. Elle est accusée d’apologie du terrorisme pour des propos qu’elle a tenus l’automne dernier sur les attaques du Hamas en Israël. La juriste franco-palestinienne promet qu’elle ne lâchera pas, et LFI non plus.

R. Hassan, grande surprise de la liste insoumise aux européennes, est devenue incontournable. Eloquente, charismatique, diplômée en droit international et propulsée porte-parole de la cause palestinienne en France depuis le 7 octobre, elle est sur toutes les affiches de campagne et de tous les meetings.

Au meeting de lancement de campagne, le 16 mars, elle est la plus applaudie. À Roubaix, la semaine passée, elle enchaîne les selfies. Et la jeune femme n’est pas dupe de son succès. Dans le Nord, son discours ne fait pas mention une seule fois de Gaza. « Je ne veux pas être essentialisée », dit-elle. N’empêche, elle est la cible privilégiée des défenseurs d’Israël comme des adversaires politiques de LFI.

Aujourd’hui, elle doit répondre à la plainte pour apologie de terrorisme. « Je ne me laisserai pas intimider », écrit-elle vendredi 19 avril sur les réseaux sociaux.

Mais il faut dire que tout dérape en France, pays dont le slogan fait de la « liberté, égalité, et fraternité » se démonétise pour faire plaisir au CRIF et aux aficionados de l’entité sioniste.

Jean-Luc Mélenchon, leader de LFI, a fustigé vendredi un « abus de pouvoir » de la part du préfet du Nord qui a annulé la veille la conférence sur le Proche-Orient qu’il devait tenir à Lille, exigeant que le fonctionnaire soit « sanctionné ». « Nous ne pouvons faire mieux que de nous référer à la parole du président ou du Premier ministre. Le préfet a fait un abus de pouvoir et dès lors, il doit être sanctionné pour cela », a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV.

Jeudi, après l’annulation par la préfecture du Nord de la conférence sur le Proche-Orient que le triple candidat à la présidentielle devait tenir à Lille, Emmanuel Macron a indiqué souhaiter que chacun « puisse exprimer sa voix ». « Je ne partage pas la vision des choses, ni sur le conflit au Proche-Orient, ni sur beaucoup de choses, de Jean-Luc Mélenchon mais je pense que c’est important qu’il puisse exprimer sa voix », a déclaré le chef de l’Etat. « La République réprime les propos racistes, antisémites », a-t-il martelé. « Il y a des juges pour juger de cela », également pour apprécier des « questions d’ordre public ». Gabriel Attal, Premier ministre, a tenu des propos similaires dans la soirée.

La préfecture du Nord a justifié son interdiction par « des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations » opposées à la conférence, comme l’Union nationale interuniversitaire (UNI) ou l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), pouvant entraîner « des heurts sur la voie publique ».

« Je me suis exprimé déjà plus d’une dizaine de fois sur les sujets qui nous occupaient. Et personne n’a jamais rien trouvé à redire aux propos que j’ai tenus », a appuyé J-L. Mélenchon sur BFMTV. Il s’est aussi expliqué sur la référence faite la veille au nazi Adolf Eichmann, responsable de la logistique de la solution finale, qui a fait naître un début de polémique. « ‘Moi je n’ai rien fait’, disait Eichmann. ‘Je n’ai fait qu’obéir à la loi telle qu’elle était dans mon pays’. Alors ils disent qu’ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne », avait-il déclaré jeudi à Lille, semblant établir une comparaison avec le président de l’université qui a annulé la conférence qu’il devait initialement tenir. « J’ai le sens quand même de l’Histoire et je la connais bien », a-t-il assuré sur BFMTV vendredi, précisant avoir pris comme référence le livre Les Origines du totalitarisme de la philosophe et politologue Hannah Arendt. « Elle explique comment le mal, le mal absolu, tente toujours de se diluer, en compartimentant les tâches », a-t-il dit, en estimant que le président de l’université s’était « comporté dans cette logique de la propagation du mal ».

A signaler aussi que le tribunal correctionnel de Lille avait condamné jeudi Jean-Paul Delescaut, responsable CGT, à un an de prison avec sursis pour « apologie du terrorisme » via des propos tenus dans un tract de soutien aux Palestiniens, une condamnation dont il a fait appel. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a dénoncé sur X un « jugement honteux » représentant « un cap gravissime franchi dans la répression des libertés ».

« C’est un très mauvais signal qui est donné au titre de la liberté d’expression sur ce conflit qui crispe, pour le dire en euphémisant, le monde politico-médiatique », a estimé le député LFI Ugo Bernalicis, qui s’est rendu au tribunal.

Le syndicaliste était poursuivi pour un tract diffusé par le syndicat le 10 octobre, trois jours après l’attaque du Hamas contre Israël. « Les horreurs de l’occupation illégale se sont accumulées. Depuis samedi (7 octobre, NDLR) elles reçoivent les réponses qu’elles ont provoquées », pouvait-on notamment y lire. Ce tract rédigé collectivement a été publié sous la responsabilité de J.P Delescaut.

Le tribunal a estimé que les propos visés dédiabolisaient les auteurs des attaques, incitaient à « amoindrir la réprobation morale » à leur encontre et opéraient une inversion entre victimes et auteurs d’actes terroristes. Comme il a également souligné que le tract ne contenait « aucune condamnation explicite ou implicite des actes du 7 octobre ». Il a fait valoir que ces propos pouvaient avoir des « conséquences concrètes » en France, où la majorité des actes antisémites commis « relèvent d’un déplacement de ce conflit sur le territoire (national) ». J.P. Delescaut devra verser 5.000 euros à une association reconnue partie civile, l’Organisation juive européenne, au titre de son préjudice moral.

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