Organisée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) et le Fonds des Nations-Unies pour la Population (UNFPA) dans l’objectif de célébrer l’atteinte de ce seuil, cette rencontre a constitué également l’occasion de se projeter dans le futur pour anticiper les tendances démographiques à venir au Maroc et au niveau international, et en discuter les retombées socio-économiques.
S’exprimant à cette occasion, le Haut-Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami a indiqué que l’annonce de l’atteinte par la planète de 8 milliards d’habitants en ce 15 novembre 2022 devrait “réjouir une humanité en expansion”. Toutefois, “elle sonnait comme une alerte dans un contexte historique marqué par un double phénomène à savoir l’inégalité de répartition de la population et des richesses accumulées entre les continents, les régions et les nations du monde, accompagnée de menaces existentielles liées notamment aux émissions inconsidérées du CO2”, a relevé A. Lahlimi.
Par sa situation géographique, située au carrefour des deux espaces européen et africain, le Maroc se trouve au cœur de cette réalité de frontière entre ces deux mondes à évolutions démographiques et économiques “contrastées”, rappelant que le Maroc, à la fois source d’émigration et pendant longtemps pays de transit, est considéré aujourd’hui comme pays de séjour d’immigrés. Et de souligner que les problèmes et les défis que pose la démographie restent largement tributaires de la capacité des pays en développement, notamment africains, à s’engager dans des modèles de développement appropriés.
Ces modèles, a-t-il ajouté, devront être en mesure d’assurer une transformation structurelle permettant de mieux exploiter ce croît démographique pour une meilleure création des richesses et une bonne répartition des fruits du développement.
Pour sa part, Mohammed Fassi Fihri, directeur du centre d’études et de recherches démographiques au HCP, a relevé que le Maroc dispose d’un potentiel démographique qui peut se transformer en gain économique et qu’il s’agit d’une période propice pour une croissance économique plus rapide et une amélioration du bien-être. Pour en bénéficier, il a noté que des efforts sont à déployer dans différents domaines notamment la santé, l’éducation et l’emploi et qu’il est nécessaire de mettre en place des politiques économiques encourageant l’épargne et l’investissement.
Par ailleurs, M. Fassi Fihri a fait savoir que la population urbaine passerait de 23,6 millions à 32,1 millions en 2050, alors que la population rurale connaitrait une baisse de 13,1 millions à 11,5 millions. Dans ce sillage, il a expliqué que l’urbanisation est considérée comme un des moteurs du progrès économique et social mais qu’une forte croissance urbaine rajoutée à des difficultés notamment de logement, de la qualité de l’environnement, d’emploi et de transport pourrait au contraire handicaper ce développement.
Il a ainsi appelé à mettre en place une politique adéquate d’aménagement de l’espace marocain et la poursuite de la lutte contre la multiplication de l’habitat insalubre, afin de réduire sensiblement la pauvreté et la vulnérabilité économique et sociale.
Cette rencontre-débat a été également l’occasion de contribuer à un débat national sur les problématiques démographiques émergentes et les situer à la fois dans leur contexte national et international.
