Les soupçons sont nourris par le transfert à certaines entreprises de données confidentielles relatives aux appels d’offres et aux bons de commande, ce qui leur permet d’obtenir ces marchés en se conformant aux conditions énoncées dans les cahiers des charges préétablis. Les informations précises contenues dans les plaintes déposées auprès de la Commission nationale de la commande publique ont alerté les inspecteurs de l’Intérieur, qui ont demandé aux entreprises plaignantes des informations plus détaillées sur les circonstances de leur exclusion de la concurrence pour les marchés.
Les soupçons pèsent sur des responsables de collectivités territoriales des régions de Casablanca-Settat et de Rabat-Salé-Kénitra. Ils auraient interféré dans le processus de préparation de bons de commande, qui portaient sur des services d’entretien, de construction et de travaux, ainsi que l’organisation d’événements et de manifestations, et la fourniture d’équipements et de matériel, remportés par des entrepreneurs d’Oujda, de Nador et de Tanger.
Des informations sont parvenues à l’Intérieur sur de douteuses relations entre des dirigeants de communes et des chefs d’entreprise ayant remporté des marchés sur mesure et dans domaines d’activité autres que les leurs, en échange de commissions et de privilèges. Les informations recueillies font état de pressions exercées sur les entrepreneurs par les élus mentionnés pour qu’ils soumettent des offres conjointes avec des entreprises appartenant à des parents ou, afin d’obtenir les marchés, lesquels, bien que gérés numériquement via le portail national des marchés publics, restent sous l’égide des collectivités étant donné qu’il revient à celles-ci la formulation des appels d’offres et des cahiers des charges (CPS).
On signale aussi que les contrôleurs passent actuellement au peigne fin des marchés publics en suspens attribués à des entrepreneurs ne disposant pas des capacités financières nécessaires pour remplir leurs obligations. En conséquence, des collectivités territoriales ont été contraintes de supporter les coûts d’achèvement de projets vitaux, faisant peser sur leurs budgets des dépenses supplémentaires outre les charges occasionnées par les litiges judiciaires engagés avec ces entreprises.