Antoine Vermorel-Marques, auteur de l’initiative législative, a estimé, dans une petite introduction, que les « grandes injustices » auxquelles font face les agriculteurs français « proviennent de produits importés ne respectant pas les normes qui leur sont imposées ».
« Protéger nos agriculteurs et les consommateurs, en interdisant les produits importés qui ne respectent pas nos normes sanitaires », a-t-il énoncé aux médias tout en citant « la tomate du Maghreb, qui est traitée avec un pesticide interdit depuis quinze ans en France ». A ses yeux, « c’est de la concurrence déloyale, il ne faut pas s’étonner ensuite qu’on soit en difficulté économique. Les rapports du Sénat considèrent qu’il y a 10 à 25 % des produits agricoles importés qui ne respectent pas nos normes sanitaires. Cela représente 10 milliards d’euros de pertes pour nos agriculteurs »
Le discours porté par ce député est partagé aussi par ses collègues de l’extrême droite. En témoignent les positions défendues par Hélène Laporte, actuelle présidente du groupe d’amitié parlementaire France-Maroc, du Rassemblement national (RN). Le 30 octobre 2024, alors que le président français effectuait une visite d’État au royaume, elle appelait sur X Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, « à mettre fin à l’accord commercial visant à exonérer de droits de douane la tomate marocaine et qui place nos agriculteurs dans une situation de concurrence déloyale invivable depuis 2012 ! ». Elle a récidivé le 15 janvier en plaidant pour une « révision » des « accords d’association (…) qui s’opposent à l’intérêt de nos filières. Je pense notamment à l’accord nous liant au Maroc, qui prévoit des exonérations de droits de douane sur l’importation de tomates, y compris pendant la saison estivale ».
A Rabat, les responsables ne rechignent pas à expliquer les termes de l’échange inégal avec Bruxelles. « L’Union européenne réalise un excédent commercial avec le Maroc de près de 600 millions d’euros. Et c’est l’UE qui exporte le plus de produits agricoles, céréales et autres, vers le Maroc », avait rappelé Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, lors du point de presse qu’il avait animé, en février 2024 à Rabat, avec Stéphane Séjourné, ex-chef de la diplomatie française. Le même responsable avait également balayé d’un revers de main le prétexte de non-respect des normes phytosanitaires, agité par les droites comme un épouvantail pour faire peur aux consommateurs européens. « L’Union européenne n’est pas une passoire où tout entre sans contrôle (…) On a négocié des quotas. On a négocié des normes phytosanitaires. L’Union européenne était, d’ailleurs, très tatillonne sur les conditions », avait-il précisé.
L’Union européenne est tenue à proposer au Maroc, d’ici le 3 octobre prochain, deux nouveaux accords de pêche et agricole. Rabat exige que les produits du Sahara occidental soient inclus. Les arrêts de la Cour de Justice de l’Union européenne, du 4 octobre 2024, ont donné une année à l’UE pour s’y conformer.