L’armée syrienne a pilonné vendredi les positions des groupes armés au sud et à l’ouest de cette province occupée par les milices proturques ainsi que par les takfiristes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC- ex-front al-Nosra, bras armé d’al-Qaida). La pression militaire de Damas a été aussi signalée sur Sahl al-Ghab dans la province de Hama.
Pour sa part, le ministère russe de la Défense faisait état de 37 assauts perpétrés par les djihadistes du HTC dans la zone de désescalade durant les dernières 24 heures.
Pour rappel, les raids aériens sur la zone où la Turquie a mobilisé ses troupes, mais aussi ses suppléants, n’ont été suspendus que le 26 septembre côté russe, soit trois jours avant la rencontre de Sotchi entre Vladimir Poutine et Recep Tayyep Erdogan. Mais les milices d’Idleb, toutes tendances confondues, ont continué à cibler les positions de l’armée syrienne et la base russe de Hmeimim.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, tribune médiatique de l’opposition prooccidentale, le commandement des forces turques a demandé jeudi 30 septembre à toutes les forces déployées à Idleb et dans la province ouest d’Alep d’être sur le qui-vive.Pour la première fois, il a déployé des équipements antiblindés et des mortiers dans toutes ses positions qui longent les lignes de confrontation avec les forces gouvernementales et leurs alliés.
Cette escalade intervient 48 heures après le sommet de Sotchi entre les présidents russe et turc. En dépit des déclarations rassurantes de R.T. Erdogan, chef de l’Etat turc, les signes négatifs l’ont emporté sur les résultats de cette rencontre qui au bout de près de trois heures ne s’est pas clôturée par une conférence de presse conjointe.
Sur sa page Twitter, le journaliste Turker Erturk rapporte que le sommet de Sotchi s’est déroulé « d’une manière très mauvaise ».
« On nous a demandé de quitter la Syrie. Il y aura une hausse des prix du gaz. L’achat de S-400 n’était pas inscrit sur l’agenda. Et on nous a dit qu’Idleb redeviendra syrienne cet hiver »,a-t-il ajouté.
Selon lui, le gouvernement turc n’a pas de carte gagnante et sa main est faible.
Le journaliste brésilien Pepe Escobar développe une approche similaire concernant Idleb assurant qu’elle était au cœur des pourparlers entre les deux chefs d’État russe et turc. La situation y est d’autant plus critique que les Turcs ne cessent d’y renforcer leur présence. Il rend compte de près de 3.000 militaires turcs déployés dans une soixantaine de checkpoints ce qui équivaut pour les Russes à l’occupation officielle de ce territoire syrien.
P. Escobar rappelle à ce sujet les récents propos de Serguei Lavrov,chef de la diplomatie russe, depuis la tribune de l’Assemblée générale, lorsqu’il a ouvertement rappelé l’arrangement spécial turco-russe conclu en mars 2020 et imposant à Ankara de combattre les formations terroristes à Idleb.
Les atermoiements des Turcs semblent exaspérer au plus haut point les Russes. Et le pouvoir syrien, toujours très sceptique sur les intentions d’Ankara, est plus pressé que jamais d’étendre son contrôle sur tout son territoire. Surtout que Damas perçoit un certain changement dans l’ambiance internationale à l’encontre de la Syrie, selon le constat établi par Faycal al-Meqdad, ministre des Affaires étrangères de retour de New York où il a prononcé le discours de son pays devant l’AG. Il a rendu compte de rencontres multiples avec des homologues arabes et internationaux.
L’armée syrienne ne cachait pas non plus ses intentions, relayées par les médias officiels, de vouloir relancer des combats dans la province sud d’Idleb et la province ouest de Hama en vue de déloger définitivement les groupes terroristes de la route internationale Alep-Lattaquié connue sous le nom M-4.L’arrangement qu’elle a conclu et mené à bien dans la province de Deraa, au sud du pays, y est aussi pour cette impulsion d’en finir une fois pour toutes.

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