Le ministère de la Santé palestinien a indiqué que depuis le début de l’année, pas moins de 70 Palestiniens, dont dix enfants, une femme et deux personnes âgées, avaient « été tués par l’occupation israélienne » en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l’entité sioniste depuis 1967. Selon lui, il y a eu 38 martyrs dans le seul gouvernorat de Jénine (nord), 15 à Tubas, 6 à Naplouse, 5 à Tulkarem, 3 à al-Khalil, 2 à Bethleem et 1 à al-Qods.

Condamnant ces opérations, Nabil Abou Roudeina, porte-parole de la présidence palestinienne, cité par l’agence de presse palestinienne Wafa, a déclaré qu’elles visaient à « mettre en œuvre des plans de déplacement forcé et de nettoyage ethnique » en Cisjordanie occupée. Il a appelé l’administration américaine à « intervenir (…) avant qu’il ne soit trop tard ». Si ces violences se poursuivent, a-t-il estimé, elles pourraient mener à « une explosion incontrôlable de la situation, dont tout le monde paierait le prix ».

La veille dimanche, Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la Palestine, a qualifié les pratiques israéliennes en Cisjordanie de « criminelles », avertissant que «l’intention de génocide est claire dans la manière dont Israël cible les Palestiniens ». « Les actions d’Israël en Cisjordanie sont criminelles, elles étendent la portée de la destruction à tous les territoires palestiniens occupés, pas seulement à Gaza », a écrit F. Albanese sur sa plateforme X. « L’intention génocidaire est claire dans la manière dont Israël cible l’ensemble du peuple palestinien et l’ensemble du territoire palestinien occupé, qu’Israël prétend être exclusivement réservé à l’autodétermination juive. Il est temps, et plus que jamais, d’intervenir pour mettre un terme à cela », a-t-elle averti.

Deux jours après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu dans la bande de Gaza, les forces d’occupation, appuyées par des bulldozers, des drones et des véhicules blindés, avaient lancé le 21 janvier une offensive meurtrière dans la ville et le camp de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.

Nakba en Cisjordanie

Dimanche, elles ont dynamité et détruit une centaine de bâtiments, selon les médias israéliens, dont 20 à l’est. 20.000 Palestiniens ont été déplacés de Jénine, d’après Médecins sans frontière. Les même images de la bande de Gaza se répètent dans le nord de la Cisjordanie

Depuis quelques jours, les forces israéliennes ont élargi leur champ d’agression vers d’autres gouvernorats de la Cisjordanie où se produit le même scénario de destructions des infrastructures et des maisons escortés de blocus, d’arrestations et d’expulsion des habitants. Dans le camp al-Faraa et la localité Tammoune au sud-est de Tubas pour le second jour consécutif. 10 Palestiniens y ont été arrêtés.

Dans la ville de Tulkarem et son camp pour le 3eme jour consécutif : Le gouverneur de Tulkarem, Abdullah Kamil, a déclaré que « les troupes militaires israéliennes ont forcé plus de 75 % des résidents du camp de réfugiés de Tulkarem à être déplacés de force », rapporte  Wafa. Soit 6.000 Palestiniens, selon MSF, selon laquelle entre 150 et 180 maisons ont été endommagées. À Naplouse, où les forces d’occupation avaient fermé au cours de la semaine dernière, un certain nombre de routes secondaires qui relient sept villages entre eux, dans le but de restreindre les déplacements des citoyens.

Dans l’après-midi de lundi, des colons israéliens sous la protection des soldats ont attaqué des agriculteurs dans la zone archéologique d’al-Masoudiya, au nord-ouest de Naplouse et les ont obligés à quitter leurs terres. Le but en est selon des sources locales est de contrôler la colline de Badis qui se trouve à l’ouest de cette zone qui contient des projets de logements et un réservoir pour la municipalité de Naplouse. Mohammad Azem, maire de Sebastia, a déclaré à Wafa qu’environ 7.000 dunums sont progressivement contrôlés par les colons dans la zone d’al-Masoudiya, qui fait partie des terres de Sebastia et Barqa.

Les factions de résistance déploient tous leurs efforts contre cette offensive. Selon le Centre Moeta (Donnée) 522 actes de résistance et populaires ont été réalisés le mois de janvier en Cisjordanie et al-Qods occupées, causant la mort de 6 israéliens et blessant 36 autres. Ces actes ont riposté à 2.161 attaques perpétrées dans la même période par l’armée d’occupation et les colons, selon l’Organisme de résistance au mur et à la colonisation.

Les Brigades de Martyrs d’al-Aqsa ont rapporté dimanche avoir tendu une embuscade à l’aide d’un engin piégé hautement explosif contre une force d’infanterie de l’occupation et ont ouvert le feu contre elle. Assurant qu’il y a des tués ou blessés dans ses rangs. Les Brigades al-Qods-Jénine du Jihad islamique ont fait état de combats aux engins piégés et aux rafles de mitrailleuses dans les axes de Saïlat al-Harithiya, à l’ouest de Jénine.

Pour sa part, l’armée d’occupation a dit qu’elle tué plus de 50 « terroristes » dans ce territoire depuis le 14 janvier. En référence aux résistants palestiniens. L’opération « Mur de fer » qui se déroule un peu sous le radar en Cisjordanie alors que les regards sont tournés surtout en direction de Gaza. Une opération qualifiée de très politique par les détracteurs du Premier ministre Netanyahu et qui viserait à satisfaire les demandes de l’extrême-droite de son gouvernement.

L’armée israélienne annonce avoir étendu ses raids.

« Le peuple palestinien n’acceptera aucun plan de déplacement forcé », a insisté la présidence palestinienne lundi. Comme dans la bande de Gaza, les Palestiniens en Cisjordanie occupée risquent plus que jamais une deuxième Nakba, à savoir leur expulsion de leur terre, d’autant que le président américain Donald Trump adopte le projet de leur transfert en Jordanie et en Egypte. Il devrait rencontrer le Premier ministre israélien mardi.

Le Caire avait accueilli samedi une réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères, à laquelle ont participé l’Égypte, la Jordanie, les Émirats, l’Arabie saoudite et le Qatar, en plus du secrétaire général du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine pour l’État de Palestine et le Secrétaire général de la Ligue des États arabes, à l’invitation de l’Égypte.

Selon le communiqué de la réunion, les parties participantes ont applaudi l’accord de cessez-le-feu à Gaza et d’échange de prisonniers, saluant les efforts déployés par l’Égypte et le Qatar à cet égard et soulignant le rôle des États-Unis dans la réalisation de cet accord. Les participants ont convenu de « travailler avec l’administration du président américain Donald Trump pour parvenir à une paix juste et globale au Moyen-Orient, conformément à la solution à deux États, et de travailler pour libérer la région des conflits ».

Ils ont également souligné « leur soutien aux efforts déployés par les trois pays pour assurer la mise en œuvre de l’accord dans toutes ses étapes et dispositions, conduisant à un calme complet », notant « l’importance de maintenir le cessez-le-feu, d’assurer l’accès de l’aide humanitaire et que toutes les parties de la bande de Gaza soient libérées et que tous les obstacles à l’entrée de toute aide humanitaire, de tout logement, de tout besoin de relèvement et de toute réhabilitation soient supprimés, de manière appropriée et sûre ».

Les pays participant à la réunion ont également souligné la nécessité du « retrait complet des forces israéliennes », rejetant « complètement toute tentative de diviser la bande de Gaza ».

Ankara assure de son côté que la Turquie est prête à accueillir « certains » Palestiniens libérés par Israël dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. a affirmé, dimanche 2 février, à Doha le,. « Notre président a déclaré que nous sommes prêts à accueillir certains des Palestiniens libérés avec d’autres pays afin de soutenir l’accord. « La Turquie, avec d’autres pays, fera ce qui lui incombe à cet égard pour que l’accord de cessez-le-feu puisse rester en vigueur », a indiqué Hakan Fidan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères lors d’une conférence de presse à Doha, rapporte l’AFP.

Le jeu trouble de Ramallah

Depuis Ramallah, un représentant de l’Autorité palestinienne a informé Steve Witkoff, nouvel émissaire américain au Moyen-Orient, que Ramallah était prête à « affronter » le Hamas si c’était le prix à payer pour prendre le pouvoir dans la bande de Gaza, selon une source palestinienne citée par Middle East Eye. Cet échange a eu lieu la semaine dernière lors d’une réunion à Riyad, facilitée par l’Arabie Saoudite à la demande de l’Autorité palestinienne (AP). L’émissaire s’était rendu le 29 janvier en Israël, pour s’entretenir avec des hauts responsables, avant de déclarer qu’il faudrait selon lui « au moins 5 ans » pour déblayer l’intégralité du territoire palestinien, tandis que sa reconstruction pourrait prendre « entre 10 et 15 ans ».

Le plan proposé par l’Autorité palestinienne prévoit que la bande de Gaza soit dirigée par un comité, dont la majorité des membres viendrait de l’extérieur de l’enclave, mais avec à sa tête un diplomate originaire de Gaza. Ce projet a été présenté à l’envoyé US par Hussein al-Cheikhun haut responsable palestinien considéré comme un potentiel successeur de Mahmoud Abbas, dirigeant de Ramallah, âgé de 89 ans. Selon la source mentionnée, l’Autorité palestinienne envisage même de recourir à la force pour imposer son contrôle sur Gaza. En résumé, ce comité serait dirigé par Ziad Abou Amr, un conseiller de longue date de M. Abbas, qui deviendrait ainsi le dirigeant de facto de la bande de Gaza. Bien qu’il soit nommé adjoint du Premier ministre palestinien Mohammad Moustapha, il disposerait de pouvoirs étendus. L’homme paraît être la bonne option pour l’administration américaine car il est lui-même citoyen américain. « Quand on parle de reconstruction, on parle du retour de l’Autorité palestinienne à Gaza et d’une gestion par le gouvernement de réconciliation… Je ne pense pas que la reconstruction puisse avoir lieu autrement », avait déclaré Z. Abou Amr au Wall Street Journal.

Le Hamas a accusé Israël de retarder la mise en œuvre de l’accord relatif à l’aide et à la reconstruction à Gaza, où les bombardements israéliens se sont poursuivis pendant plus de 15 mois jusqu’à l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu, le 19 janvier dernier. « L’entité sioniste continue de retarder la mise en œuvre du processus d’aide et de reconstruction prévu par l’accord de cessez-le-feu, tandis que certains engagements en matière d’aide humanitaire n’ont pas été pleinement respectés », a déclaré Hazem Qassem, porte-parole, dans un communiqué, cité par l’agence Anadolu.

« Malgré la destruction massive du secteur de la santé, l’occupation n’a autorisé aucune initiative de restauration ni l’entrée de fournitures médicales essentielles », a ajouté H. Qassem. « Les livraisons de carburant restent bien inférieures à ce qui était stipulé dans l’accord, et la quantité atteignant le nord de Gaza est négligeable », a-t-il ajouté. Il a relevé en outre que « les machineries lourdes spécifiées dans l’accord n’ont pas été autorisées à entrer, empêchant la récupération des corps des martyrs et la récupération des corps (des prisonniers) qui doivent être échangés, en particulier à la fin de cette phase ».

Le Hamas a appelé les médiateurs, le Qatar et l’Égypte, ainsi que les garants du cessez-le-feu, à « contraindre l’occupation à autoriser immédiatement l’entrée du matériel de secours prévu par l’accord, en particulier les tentes, le carburant, les denrées alimentaires et les machineries lourdes, tout en veillant à mettre un terme à toutes les autres violations et infractions ».

Plus tôt, Salama Marouf, chef du bureau des médias de Gaza, avait déclaré que Gaza était une « zone de catastrophe humanitaire » dépourvue de « tous les produits de première nécessité nécessaires à la survie et à la dignité humaine ». Le bureau des médias avait auparavant appelé à faire pression sur Israël pour qu’il autorise l’entrée de tentes et de caravanes, afin d’abriter plus d’un quart de million de familles déplacées dont les maisons ont été détruites lors du génocide. La trêve de six semaines en cours est la première partie d’un accord en trois étapes qui pourrait mettre un terme définitif à la guerre génocidaire israélienne contre Gaza qui a couté la vie à plus de 47 000 Palestiniens et laissé le territoire à l’état de ruines.

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