« Lorsque nous menons certaines opérations en Syrie, un mécanisme de déconfliction avec Israël, qui fait voler des avions dans cette région, est nécessaire, similaire aux mécanismes que nous avons avec les États-Unis et la Russie », a déclaré l’ancien chef des services secrets turcs reconverti en chef de la diplomatie par Recep Tayyip Erdogan, lors d’une interview accordée à CNN Turk. H. Fidan a toutefois précisé que le dialogue reste strictement technique. « Il s’agit de contacts techniques pour éviter que les éléments de combat ne se méprennent les uns sur les autres », a-t-il souligné, ajoutant que les équipes des deux côtés communiquent « lorsque nécessaire ».
Pour protester contre la guerre israélienne contre la bande de Gaza, la Turquie a annoncé avoir suspendu ses échanges commerciaux avec Israël et le président turc R.T. Erdogan a accusé le Premier ministre israélien de pratiquer le « terrorisme d’État » et le « génocide » à Gaza, à la lumière de la guerre israélienne contre la bande de Gaza.
Les relations se sont tendues davantage entre Ankara et Tel Aviv après la chute du pouvoir syrien de Bachar al-Assad, surtout après les frappes israéliennes la semaine passée qui ont visé entre autres l’aéroport militaire de T4 dans la province de Homs et l’aéroport de Hama. Reuters a rapporté la semaine dernière indiquait que les forces turques avaient inspecté plusieurs bases aériennes en territoire syrien dans le cadre de plans préliminaires pour une éventuelle initiative de défense conjointe.
Selon les médias israéliens Citant une source importante, Benjamin Netanyahu a assuré lundi dernier, à Washington, à Donald Trump « qu’Israël n’hésiterait pas à affronter la Turquie militairement ».
« Israël n’œuvre pas pour un conflit avec la Turquie. Mais il n’hésitera pas à agir si nécessaire pour se défendre », a déclaré cette source. Et d’ajouter que B. Netanyahu ne veut pas de bases turques en Syrie ni voir la Turquie utiliser le sol syrien comme base.
Le président américain s’est présenté comme un médiateur potentiel assurant que les négociations pourraient être facilitées par ses « excellentes relations » avec le dirigeant turc.
Chaos israélien
Un haut responsable des Nations unies a mis en garde mercredi contre la présence militaire continue d’Israël en Syrie ainsi que ses frappes aériennes répétées, estimant qu’elles mettent en péril le processus de transition politique, déjà fragile, du pays. « Depuis le 8 décembre dernier, date marquant la fin de l’ancien régime Assad, des centaines de frappes aériennes israéliennes ont été signalées à travers la Syrie – dans le sud-ouest, sur la côte syrienne, dans le nord-est, à Damas, Hama et Homs », a déclaré Khaled Khiari, secrétaire général adjoint de l’ONU pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
En soulignant que des responsables israéliens ont laissé entendre leur intention de maintenir une présence à long terme en Syrie, K. Khiari a averti que « ces faits sur le terrain sont difficiles à inverser. Ils constituent une réelle menace pour la transition politique fragile du pays. » En s’appuyant sur des déclarations récentes d’officiels israéliens, il a précisé que « le ministre israélien de la Défense a qualifié les récentes frappes du 3 avril de “mise en garde pour l’avenir”, ajoutant qu’Israël ne permettrait pas à la Syrie de devenir une menace pour ses intérêts sécuritaires. »
Réaffirmant son attachement à la « souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale » de la Syrie, il a insisté sur « l’engagement de ce Conseil pour la souveraineté et l’intégrité territoriale syriennes devient chaque jour plus crucial. »
« La Syrie est à un tournant décisif et mérite une chance de poursuivre ses efforts vers une transition politique inclusive », a poursuivi K. Khiari. « L’opportunité qui s’offre à la Syrie de se stabiliser après 14 ans de conflit doit être soutenue et protégée – pour les Syriens, mais aussi pour les Israéliens. C’est la seule voie vers une paix et une sécurité régionales durables », a-t-il encore noté.
Par ailleurs, Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint de l’ONU aux opérations de paix, a exprimé ses préoccupations devant le Conseil de sécurité quant aux activités militaires israéliennes dans la zone contrôlée par les Nations unies.
Selon J-P. Lacroix, l’armée israélienne « occupe actuellement 12 positions établies du côté Bravo – 10 dans la zone de séparation et deux dans la zone de limitation, près de la ligne Bravo. » Il a ajouté qu’Israël « continue la construction d’obstacles anti-mobilité » et mène des activités aériennes de l’autre côté de la ligne de cessez-le-feu, tout en limitant les déplacements du personnel onusien et des habitants de la zone.
« Il est essentiel que toutes les parties respectent leurs obligations dans le cadre de l’Accord de désengagement des forces de 1974 », a-t-il souligné, insistant sur le fait que « seules les forces de l’UNDOF doivent opérer dans la zone de séparation, sans présence ni activité militaire d’aucune autre force. »
Cet accord de désengagement a défini les frontières d’une zone tampon démilitarisée. La « ligne Bravo » correspond au côté syrien de la ligne de cessez-le-feu, tandis que la « ligne Alpha » désigne le côté israélien. L’ensemble de cette zone est surveillé par la FNUOD, chargée du maintien du cessez-le-feu entre Israël et la Syrie depuis la guerre du Moyen-Orient de 1973.
Ces derniers jours, en violation manifeste de la souveraineté syrienne, Israël a intensifié ses frappes aériennes sur le territoire syrien, ciblant principalement des sites militaires, à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre, sous la pression des groupes d’opposition. Israël a également déclaré la fin de l’accord de 1974 qui avait institué une zone tampon démilitarisée sur les hauteurs du Golan occupées. Depuis, l’armée israélienne y a déployé des forces, une décision condamnée par l’ONU et plusieurs pays arabes.