Cette reconnaissance devrait intervenir lors de la conférence internationale co-présidée par la France et l’Arabie saoudite pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien dite « à deux Etats », qui se tiendra du 17 au 20 juin. Le ministre français a estimé que la situation à Gaza était « insoutenable parce que la violence aveugle, le blocage de l’aide humanitaire par le gouvernement israélien ont fait de Gaza un mouroir, pour ne pas dire un cimetière ». Plus, « c’est une violation absolue de toutes les règles du droit international », a-t-il dénoncé. « Et c’est contraire à la sécurité d’Israël à laquelle la France est attachée parce que qui sème la violence récolte la violence », a-t-il encore réagi. Il a une nouvelle fois demandé à Israël de laisser entrer une aide humanitaire « massive » et « sans aucune entrave ».
Le Premier ministre sioniste n’a autorisé qu’une petite quantité d’aide humanitaire, 9 camions, après plus de deux mois et demi d’un blocus complet du petit territoire palestinien en proie à une situation humanitaire catastrophique.
Après avoir rappelé plusieurs dizaines de milliers de réservistes, Israël a lancé samedi une offensive élargie sur l’ensemble de la bande de Gaza, assurant vouloir occuper la totalité de ce territoire. Le but affiché est d’anéantir le Hamas et de récupérer les captifs israéliens. Mais les dirigeants israéliens ne cachent pas leur velléité de vouloir transférer la population palestinienne hors de l’enclave.
Dominique de Villepin, ancien Premier ministre français, a appelé mardi les Occidentaux, qui sont « terrifiants d’impuissance », à « un isolement économique et stratégique » d’Israël pour s’opposer à l’objectif de « déportation » de la population de Gaza. « Nous sommes devant un plan israélien (…). Après la réoccupation de Gaza, la deuxième étape sera la déportation. L’objectif politique de Benjamin Netanyahu et de son gouvernement, c’est la déportation de la population de Gaza, ce qui est la marque d’une épuration ethnique, d’un nettoyage territorial », a dénoncé Do. de Villepin sur la radio Franceinfo.
« Les Européens le savent parfaitement et ils sont là avec des sabres de bois alors qu’il y a trois choses à faire immédiatement », a-t-il jugé. D’abord, « suspendre immédiatement l’accord européen avec Israël. L’essentiel du commerce d’Israël se fait avec l’Europe. Deuxièmement, embargo sur les armes de tous les pays européens. Troisièmement, déferrement de l’ensemble du gouvernement israélien et des principales autorités militaires israéliennes devant la Cour pénale internationale (…) en écrivant collectivement à la Cour », a-t-il proposé. « Si vous voulez arrêter ce qui est en cours aujourd’hui, il faut marquer vis-à-vis d’Israël qu’il y aura un avant et un après », a-t-il ajouté.
D. de Villepin s’en est vivement pris à l’action du président Emmanuel Macron. « Quelle crédibilité peut-on avoir sur le dossier ukrainien quand nous ne sommes que capables de signer des communiqués ? Je peux vous dire que Jacques Chirac aujourd’hui ne se contenterait pas de signer un communiqué avec le Canada et avec le Royaume-Uni », a martelé l’ancien ministre des Affaires étrangères.
E. Macron, Keir Starmer, Premier ministre britannique et Mark Carney, chef du gouvernement du Canada ont prévenu lundi qu’ils ne resteraient « pas les bras croisés » face aux « actions scandaleuses » du gouvernement israélien à Gaza, menaçant de « mesures concrètes » s’il ne cesse pas son offensive militaire et ne débloque pas l’aide humanitaire.
« La lecture de ce communiqué est terrifiante d’impuissance. Que faut-il pour que les dirigeants européens, les dirigeants occidentaux, passent aux travaux pratiques ? », s’est indigné D. de Villepin.