Après de longues journées de négociations, le président de la République a finalement nommé M. Barnier Premier ministre, a annoncé l’Élysée ce 5 septembre. Ancien commissaire européen, celui qui a commencé sa carrière politique sous le général de Gaulle devra satisfaire la droite et le centre, tout en évitant de fâcher le Rassemblement national. Le Nouveau Front populaire (NFP), quant à lui, s’est immédiatement insurgé contre cette nomination. « Emmanuel Macron a volé l’élection au peuple français », s’est insurgé sur X, dans la foulée de cette annonce du Château, Jean-Luc Mélenchon. « Emmanuel Macron nie officiellement le résultat des élections législatives », a-t-il dénoncé, soulignant que le nouveau locataire de Matignon était membre d’un « parti qui a été le dernier à l’élection législative ». Louis Boyard, député de La France insoumise (LFI), a de son côté appelé à la mobilisation pour la manifestation du 7 septembre. « On censure Barnier. On destitue Macron », a-t-il prévenu. Comme d’autres élus de gauche il a dénoncé les positions politiques de M. Barnier, le qualifiant d’« obsédé par l’immigration » ayant « voté contre la dépénalisation de l’homosexualité » et qui s’opposerait « au partage des richesses ».
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a quant à lui déploré un « déni démocratique porté à son apogée ». « Nous entrons dans une crise de régime », a-t-il enchéri. « Libéral, européiste, anti-social, Barnier est aux antipodes du message envoyé par les Français aux législatives », a déploré Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français (PCF).
« Tout ça pour ça », s’est contentée de commenter Marine Tondelier la secrétaire nationale des Écologistes. « La nomination de Barnier est possible parce que Macron considère le RN plus fréquentable que LFI », a estimé la députée écologiste de Paris.
Du côté de la droite et du centre, le son de cloche n’est clairement pas le même. « Un homme d’État. Respectueux de tous. Totale confiance en Michel Barnier.» Dans un message posté sur X, Olivier Marleix, ancien président du groupe LR à l’Assemblée nationale, a résumé en quelques mots le sentiment de ses collègues à droite : la satisfaction. Annie Genevard, vice-présidente de l’Assemblée nationale, a de son côté tenu à adresser ses « sincères félicitations » et ses « encouragements » au nouveau Premier ministre. « Il connaît les priorités fixées par notre famille politique et destinées à répondre aux attentes et aux besoins des Français », a-t-elle affirmé.
Bon joueur, Xavier Bertrand, ancien ministre pressenti un temps pour le poste, a également félicité le nouveau chef de gouvernement. « Tous mes vœux de succès au service de la France et dans l’intérêt des Français face aux nombreux défis qui s’annoncent », a-t-il posté sur X.
Interrogée dès la nomination annoncée, Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée n’a pas donné de consigne en faveur d’une motion de censure de principe. « Nous attendons le discours de politique générale de Michel Barnier. L’immigration hors contrôle, l’explosion de l’insécurité, le pouvoir d’achat des Français et la modification du mode de scrutin sont des sujets qui devront être pris en considération », a-t-elle affirmé. Jordan Bardella, président du RN, a également donné la marche à suivre : « Nous jugerons sur pièces son discours de politique générale, ses arbitrages budgétaires et son action. »
Cette nomination marque la clôture d’une période de 51 jours depuis la démission de Gabriel Attal de son poste de Premier ministre, un record sous la Ve République.