L’exécutif rassure qu’à la date de promulgation du projet de loi, les dossiers des patients soumis à un traitement au sein de la Ligue seront, « après leur approbation », transférés au Centre hospitalier universitaire Ibn Sina. Par ailleurs, les biens immobiliers et le mobilier de la Ligue « seront aussi transférés, respectivement, à la propriété entière de l’Etat et du Centre hospitalier universitaire Ibn Sina, sans indemnisation ».
Quant au personnel, il sera transféré vers les services de l’Etat ou au Centre hospitalier, « sur la base d’un plan de redéploiement élaboré par la commission de dissolution de la Ligue », créée en vertu d’un arrêté du Chef de gouvernement, a encore souligné le département. Cette mesure a plongé le personnel de la Ligue, cardiologues en tête, dans l’incompréhension et le doute. Incompréhension à cause du bilan somme toute positif à l’actif de la Ligue qui a rendu de loyaux services aux patients à raison de deux opérations à cœur ouvert par jour. Et le doute face à l’avenir à l’heure où le CHU n’est toujours pas opérationnel. Autant dire que le processus de transition reste des plus opaques. Quand bien même l’hôpital Moulay Youssef aurait pu accueillir les services de la Ligue moyennant des aménagements non négligeables.
La structure a vu le jour en 1977 dans le but de développer la cardiologie au Maroc. A travers ce service, des cardiologues marocains ont été envoyés pour se former ailleurs et revenir pour être rattachés à la Ligue, fondation basée à Rabat et liée au Centre hospitalier universitaire Avicenne. Processus qui a permis de doter en spécialistes d’autres structures hospitalières à Casablanca, à Fès et à Marrakech. Dans le cadre de cette dynamique semi-publique regroupant la cardiologie et la chirurgie cardiovasculaire, la fondation à but non-lucratif a permis des soins de pointe, tout en réduisant les coûts d’interventions complètes et jusque-là effectuées à l’étranger. Sur un an, rappelle-t-on, les services de la Ligue effectuent près de 1 300 actes de coronarographie, 400 à 450 dilatations percutanées dès la valve mitrale (ATL), en plus d’avoir «la plus grande série au monde de DMP avec plus de 6 000 patients». Annuellement, pas moins de 100 interventions de CEC (circulation extra corporelle) sont également réalisées. Ses deux antennes de consultations, permettent des prestations à bas coût, de 200 à 250 DH. Des patients mutualistes comme ceux d’avant le RAMED, puis de l’AMO Solidaire ont pu accéder aux soins à des prix modiques…
La question qui se pose serait dès lors de savoir si K. Ait Taleb ne roulerait pas pour le privé dont les cliniques font florès. Tout cela se déroule sous les yeux des Marocains qui savent que la couverture sanitaire universelle peine à s’installer.