Pour justifier son appel à l’administration Trump de soutenir les revendications du Polisario, J. Bolton a brandi la menace de « l’influence croissante de la Chine et de la Russie » en Afrique de l’Ouest, avertissant que cette influence pourrait s’accroître si les États-Unis continuent de soutenir les positions marocaines.

Dans son plaidoyer, cet ancien apparatchik se rappelle au souvenir de la résolution 690 du Conseil de sécurité, qui a créé la MINURSO en 1991 avec le soutien des États-Unis. Cette approche ne diffère guère des positions de l’Algérie et du Polisario, qui réclament un référendum d’autodétermination au Sahara occidental et l’application du plan de règlement africain. Or, cette option a été écartée par les Nations unies au début des années 2000, sous le mandat de l’ancien secrétaire général Kofi Annan, qui avait mis fin aux fonctions de la commission chargée d’identifier les personnes éligibles à participer au projet de référendum.

Dans sa tribune, J. Bolton a omis de mentionner cette réalité historique, bien qu’il ait été le représentant permanent des États-Unis auprès de l’ONU de 2005 à 2006, sous la présidence de George W. Bush.

Après avoir critiqué les « obstacles du Maroc » à l’organisation d’un référendum, cet ancien cadre de l’administration US s’est fait défenseur de l’honneur du Polisario. « Les opposants au Polisario promeuvent une nouvelle propagande, affirmant sans preuve que le Polisario est sous l’influence de l’Iran. Cette désinformation pourrait viser à détourner l’attention des États-Unis de l’obstruction marocaine à la tenue du référendum, et ce depuis des décennies », a-t-il déclaré. « Les opposants sahraouis sont allés jusqu’à prétendre que des combattants du Polisario faisaient partie des milices étrangères formées par l’Iran en Syrie sous le régime d’Assad, aujourd’hui déchu », ajoute-t-il.

« Le Washington Post et d’autres publications rapportent que le nouveau gouvernement syrien et le Polisario ont catégoriquement nié ces allégations, mais les alliés occidentaux du Maroc continuent de les propager. Peut-être influencés par cette propagande anti-sahraouie, un projet de loi a été déposé à la Chambre des représentants pour désigner le Polisario comme groupe terroriste », par le député républicain Joe Wilson.

Dans son réquisitoire, J. Bolton a affirmé que « les Sahraouis n’ont jamais succombé au radicalisme qui a balayé le Moyen-Orient après la révolution islamique iranienne de 1979. Les assertions selon lesquelles les Sahraouis seraient vulnérables à la propagande chiite basée à Téhéran sont contredites par la présence de longue date dans les camps d’organisations religieuses et non gouvernementales américaines fournissant des services éducatifs ».

Les États-Unis avaient annoncé pourtant, en octobre 2019, une récompense pouvant aller jusqu’à 5 millions de dollars pour des informations permettant d’identifier ou de localiser Adnan Abou Walid al-Sahraoui, un ancien membre du Polisario converti au terrorisme au Sahel sous la bannière de Daech. La semaine dernière, Robert Greenway, directeur du Centre Allison pour la sécurité nationale à la Heritage Foundation, institution influente au sein du Parti républicain, a rappelé au président américain que le Polisario  avait exécuté en 1988 cinq citoyens américains. 

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