Le président russe a eu une conversation téléphonique, la première en près de deux ans, avec le chancelier allemand, qui a eu lieu à l’initiative de la partie allemande, rapporte le service de presse du Kremlin. Selon le communiqué du Kremlin, V. Poutine a rappelé que la crise ukrainienne était « le résultat direct de la politique agressive menée depuis des années par l’OTAN, visant à créer en territoire ukrainien un bastion antirusse », tout en ignorant les intérêts de sécurité de la Russie et en bafouant les droits des habitants russophones.
En ce qui concerne les perspectives de règlement politico-diplomatique du conflit en Ukraine, le président russe a souligné que la Russie n’avait jamais refusé les négociations, interrompues par le régime de Kiev, et restait ouverte à leur reprise. Les propositions de la Russie sont bien connues : « Les accords possibles doivent prendre en compte les intérêts de la Russie en matière de sécurité, s’appuyer sur les nouvelles réalités territoriales et, surtout, éliminer les causes profondes du conflit ».
Le sujet des relations russo-allemandes a également été abordé. V. Poutine a constaté leur « dégradation sans précédent » dans tous les domaines en raison de la politique hostile des autorités allemandes. Il a été souligné que la Russie avait toujours respecté strictement ses obligations contractuelles dans le domaine de l’énergie et qu’elle était prête à une coopération mutuellement bénéfique, si l’Allemagne montrait de l’intérêt à cet égard.
La situation aggravée au Moyen-Orient a également été discutée. V. Poutine a présenté les initiatives de la Russie visant à réduire les tensions et à rechercher des solutions pacifiques à la crise dans la région. Il a été convenu qu’à l’issue de cette conversation, les assistants des deux dirigeants resteraient en contact. Il convient également de noter que Volodymyr Zelensky, homme politique ukrainien dont le mandat a pris fin en mai 2024, a mis en garde le chancelier allemand contre un entretien téléphonique avec V. Poutine vendredi 15 novembre, affirmant que cela « réduirait l’isolement du dirigeant russe et prolongerait la guerre », a déclaré une source au sein du bureau présidentiel ukrainien, citée par Reuters.
Soutien US accru
En parallèle, les États-Unis intensifient leur soutien militaire à l’Ukraine, annonçant des livraisons hebdomadaires d’armements pour garantir que l’intégralité des 7,1 milliards de dollars d’aide, approuvée par le Congrès, soit allouée avant la fin du mandat de Joe Biden. Sabrina Singh, porte-parole adjointe du Pentagone, a souligné jeudi, lors d’une conférence de presse, que cet effort reflétait l’engagement continu de l’administration Biden envers Kiev.
A moins de 70 jours avant l’investiture du président élu Donald Trump, le Pentagone déploie des efforts logistiques pour expédier le matériel militaire le plus rapidement possible. Selon S. Singh, des paquets d’aide seront envoyés chaque semaine, avec des livraisons prévues même après l’entrée en fonction de la nouvelle administration, en raison des délais nécessaires au transport. « Nous travaillons très dur pour remplir les engagements du président Biden », a-t-elle déclaré.
Les programmes incluent des équipements provenant des stocks existants du Pentagone ainsi que des armes fabriquées dans le cadre de l’Initiative d’assistance à la sécurité de l’Ukraine (USAI), qui peut nécessiter des délais plus longs pour produire et livrer le matériel. L’administration actuelle insiste sur sa volonté d’équiper l’Ukraine pour garantir la continuité sur le champ de bataille. Parmi les équipements envoyés figurent des missiles d’interception pour les systèmes Patriot et NASAMS, essentiels pour les capacités de défense aérienne. « Le président a clairement indiqué qu’il voulait maximiser l’utilisation des fonds autorisés par le Congrès avant la fin de son mandat », a rappelé S. Singh. Le Pentagone précise toutefois qu’il veille à maintenir les capacités opérationnelles des forces armées américaines tout en soutenant l’Ukraine.
S. Singh a souligné que des efforts parallèles étaient en cours pour reconstituer les stocks américains, affirmant que « le secrétaire d’État à la Défense ne permettra pas au département de descendre en dessous des niveaux de préparation nécessaires ». Cet effort d’accélération des livraisons d’armes reflète la stratégie de l’administration Biden, qui a fait du soutien à l’Ukraine sa priorité en politique étrangère. Toutefois, les critiques affirment que cette démarche pourrait rencontrer des défis avec l’arrivée de la nouvelle administration Trump, qui a déjà exprimé sa volonté d’arrêter les aides massives à Kiev.
Alors que la transition présidentielle se rapproche, cette intensification des livraisons d’armes témoigne de l’engagement des démocrates à soutenir Kiev coûte que coûte, mais soulève également des questions sur la continuité de cette politique dans un avenir proche. Moscou condamne fermement les livraisons occidentales Du côté russe, ces livraisons sont perçues comme une escalade dangereuse. Le Kremlin considère que l’envoi d’armes à l’Ukraine complique les perspectives de règlement pacifique. Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères, a qualifié ces livraisons de « jeu avec le feu », ajoutant que toute cargaison contenant des armes destinées à l’Ukraine pourrait être ciblée par les forces russes. Il a également affirmé que l’implication des pays de l’OTAN dépasse le simple approvisionnement en armements. Selon lui, des formations militaires sont dispensées à des soldats ukrainiens dans des bases situées au Royaume-Uni, en Allemagne ou encore en Italie, renforçant ainsi l’idée que ces nations sont directement impliquées dans le conflit.
Enfin, le Kremlin a réitéré sa position selon laquelle le soutien occidental à Kiev ne faisait qu’éloigner la perspective d’un règlement diplomatique. En agissant ainsi, les États-Unis et leurs alliés seraient responsables d’un durcissement des tensions et d’un prolongement de la guerre, avertit Moscou.
Varsovie se muscle
Sur un autre plan connexe, il y a lieu de relever que la Pologne a procédé au déploiement de chars K2 achetés à la Corée du Sud, à Braniewo, une enclave russe entre la Pologne et la Lituanie, à quelques kilomètres de la frontière avec la région russe de Kaliningrad, selon la porte-parole de la 16e division mécanisée de Poméranie, la major, Magdalena Koszczynska dont les propos ont été rapportés par l’agence de presse polonaise PAP. « Lors de la première livraison, la 9e brigade a reçu sept chars. Une autre livraison est attendue pour la fin de cette année. Actuellement, l’unité dispose de huit équipages formés, qui ont été entraînés avec les instructeurs de la 20e brigade mécanisée », a déclaré M. Koszczynska.
En juillet 2022, la Pologne et la Corée du Sud ont signé un accord pour la livraison d’environ 1 000 chars K2 produits par la société sud-coréenne Hyundai Rotem. En août de la même année, un contrat de plus de 3 milliards de dollars a été signé, selon lequel Hyundai Rotem s’est engagé à fournir les 180 premiers chars à la Pologne. Fin octobre 2024, lors d’une visite en Corée du Sud, Andrzej Duda, président polonais, a exprimé l’espoir qu’un accord serait bientôt conclu permettant l’établissement de la production de chars K2 en Pologne.
Le K2 « Black Panther » est un char de quatrième génération. Il est équipé d’un canon automatique de 120 mm, de deux mitrailleuses et d’un missile antichar guidé.
Pour rappel, la Pologne a inauguré mercredi dernier sa première base de défense antimissile américaine Aegis à Redzikowie, située à seulement 165 km de la frontière avec Kaliningrad. Cette installation, placée sous le commandement des forces US en Europe, est perçue par le Kremlin comme une menace directe à sa sécurité et ce, pour de bonnes raisons. A. Duda a admis que la base américaine de défense antimissile de Redzikowo était dirigée contre la Russie. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, s’est exprimé à ce propos. « C’est l’avancement de l’infrastructure militaire américaine sur le territoire européen vers nos frontières. Ce n’est rien d’autre qu’une tentative de contenir notre potentiel militaire », a-t-il indiqué tout en soulignant que de telles démarches pousseraient la Russie à adopter des mesures pour assurer la parité.