Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé samedi qu’une frappe, menée au motif d’éliminer des chefs du Hamas selon l’armée israélienne, dont Mohamed Deif, chef d’état-major du Hamas à Gaza, et « cerveau » de l’opération du 7 octobre, et Rafa’a Salameh, commandant de la brigade Khan Younès, a occasionné la mort de 90 personnes, « dont la moitié étaient des femmes et des enfants », et 300 blessés à Al-Mawasi. Les militaires israéliens affirment que les deux hommes se trouvaient dans un bâtiment entre la zone humanitaire d’Al-Mawasi et Khan Younès. « Les allégations israéliennes sont absurdes et visent à justifier l’horrible massacre, affirme à l’agence Reuters Sami Abu Zuhri, haut responsable du Hamas. « Tous les martyrs sont des civils », rappelle-t-il.
La zone d’Al-Mawasi, sur la côte entre Rafah et Khan Younès, avait été déclarée « zone humanitaire » par Israël, en théorie sûre pour les milliers de déplacés dans l’enclave. L’Unrwa, agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, estime qu’environ 1,5 million de personnes se trouvent dans l’ensemble d’Al-Mawasi, a indiqué une porte-parole à l’AFP. La frappe de samedi matin a touché la partie d’Al-Mawasi dans le secteur de Khan Younès. « Il reste de nombreuses dépouilles de martyrs éparpillées dans les rues, sous les décombres et autour des tentes de déplacés que l’on ne peut atteindre en raison des tirs intenses de l’occupation », a rapporté à l’AFP Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile. Les victimes ont été transférées vers plusieurs hôpitaux de la région. À l’hôpital koweïtien de Rafah, le directeur Suhaib al-Hams, a indiqué que la plupart des blessures étaient graves, et certaines nécessitaient des amputations.
Aux yeux du Hamas la frappe montre qu’Israël n’est pas intéressé par un accord de cessez-le-feu. Tous les détails ne sont pas encore connus mais il est d’ores et déjà clair qu’il s’agit-là d’un développement majeur qui aura des conséquences importantes sur le conflit qui perdure depuis 280 jours dans l’enclave palestinienne.
La guerre, entrée dans son dixième mois, a éclaté le 7 octobre après une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
En riposte, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive qui a fait au moins 38.345 morts, en majorité des civils, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas. Cette dernière semaine, quatre écoles abritant des déplacé ont été visées en quatre jours par des frappes, faisant au moins 49 morts, d’après des sources à Gaza dont le Hamas. Israël a dit viser des « terroristes ».
Alors que cette semaine l’armée israélienne a lancé une nouvelle opération d’envergure sur la ville de Gaza, dix experts indépendants des Nations unies ont accusé Israël de « mener une campagne de famine ciblée à Gaza ». Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, est l’une des autrices de ce compte rendu. Réagissant à chaud sur le drame de Mawasi, elle a rappelé que « la population a été délibérément privée de nourriture et de ressources essentielles à la survie. Cela a commencé tout de suite, juste après le 7 octobre, quand le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a déclaré que les gens à Gaza ne recevraient plus, ni nourriture, ni eau, ni médicaments, ni carburant. Et c’est ce qu’il s’est passé. C’est-à-dire que ce qu’il se passe à Gaza aujourd’hui a été calculé et déterminé par l’armée israélienne ».
La veille du drame d’Al Mawasi,l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) a déclaré, vendredi, que « la destruction et le désespoir s’étendent dans toute la bande de Gaza alors que les combats et les déplacements forcés se poursuivent ». Sur la plateforme X, l’agence onusienne a souligné que « les familles palestiniennes sont toujours soumises à des déplacements forcés, et certaines se réfugient dans des écoles et des bâtiments endommagés, alors que d’autres vivent sous des tentes temporaires ». Et d’ajouter que « la destruction et le désespoir se propagent dans toute la bande de Gaza alors que les combats et les déplacements forcés se poursuivent. Aucun endroit n’est en sécurité dans la bande de Gaza », a regretté l’UNRWA. L’agence onusienne a réitéré son appel à un cessez-le-feu « immédiat » à Gaza, où tous les Palestiniens se sentent « extrêmement fatigués et épuisés ».
Depuis le 7 octobre 2023, Israël mène une guerre dévastatrice contre Gaza avec le soutien américain, faisant plus de 126 000 morts et blessés palestiniens, pour la plupart des enfants et des femmes, et plus de 10 000 disparus dans un contexte de destruction massive et de famine qui a coûté la vie à des milliers de personnes. Tel Aviv poursuit la guerre, ignorant les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU visant à l’arrêter immédiatement, ainsi que les ordres de la Cour internationale de Justice de prendre des mesures pour prévenir les actes de génocide et améliorer la situation humanitaire catastrophique à Gaza.
Au moins 60 corps avaient été découverts, il y a de cela 72 heures, alors que les équipes d’urgence recherchaient des Palestiniens tombés en martyre dans le quartier de Tal al-Hawa, situé dans la partie sud de la ville de Gaza, après le retrait des forces d’occupation israéliennes de certaines zones. Des corps, pour la plupart ceux de femmes et d’enfants, ont été vus en décomposition dans les rues de Tal al-Hawa après le retrait partiel des forces israéliennes vendredi matin, après sept jours d’opérations génocidaires dans la localité. Les travailleurs de la protection civile ont déclaré qu’ils continuaient à récupérer les morts dans les rues et les bâtiments détruits. « Il y a des maisons que nous ne pouvons pas atteindre, et il y a des gens qui ont été brûlés à l’intérieur de leurs maisons », a rappelé la protection civile palestinienne, soulignant que beaucoup de ceux qui ont été tués avaient quitté les abris voisins après avoir reçu l’ordre d’évacuer. Les images de Tal al-Hawa reflètent celles d’un autre quartier de la ville de Gaza, le quartier de Choujaiya, d’où l’armée israélienne s’est retirée jeudi, après deux semaine de combats. Les autorités ont signalé avoir récupéré 60 corps supplémentaires à Choujaiya, tandis que des dizaines de martyrs se trouvaient toujours sous les décombres des maisons à Gaza, dans des conditions similaires à celles des corps retrouvés à Tal al-Hawa.
Parallèlement au massacre d’Al-Mawasi, 4 martyrs, dont 3 enfants, ont succombé à Deir al-Balah après un violent raid de l’occupation israélienne ? signale les autorités à Gaza. En outre, on signale aussi le martyr de 4 travailleurs palestiniens suite à un bombardement israélien contre une organisation humanitaire internationale à Khan Younes.
La résistance palestinienne continue à nourrir sa guérilla dans plusieurs zones de l’enclave palestinienne. Ainsi, au Sud de la bande, les Brigades Al-Qassam assurent avoir tendu une embuscade, samedi, à un convoi de véhicules, détruisant 3 chars Merkava avec des obus Al-Yassin 105. Les affrontements se poursuivaient toujours près de la mosquée Abou Dharr Al-Ghafari, à l’est de la ville de Rafah. Les Brigades Al-Qods signalent de leur côté avoir bombardé avec des obus de mortier une position de soldats et de véhicules sionistes dans l’axe Netzarim, au sud de Tal Al-Hawa, à l’ouest de la ville de Gaza. En outre, une force israélienne a été piégée dans la région de Tell Al Hawa par la résistance palestinienne.