Dans un entretien accordé à la télévision libanaise al-Jadeed le 28 novembre, Massad Boulos, homme d’affaires libano-américain pressenti il y a peu comme l’un des possibles prochains médiateurs de la nouvelle administration de Donald Trump sur le dossier libano-israélien, a apporté des précisions. « L’accord est très très clair, et prévoit le désarmement complet des groupes armés (qui échappent) au contrôle de l’État », assure-t-il.Dans ce texte composé de six pages, M. Boulos insiste sur la « première, qui fait figure de préambule » et constitue « le cadre de la totalité de l’accord » : « J’aimerais demander aux personnes qui ont encore des doutes et réserves concernant l’accord, peut-être à cause de la rapidité avec laquelle il a été signé […], de lire avec précision cette première page, ils y verront l’enjeu principal […] celui des armes en dehors du cadre étatique. » Il fait ici référence à l’arsenal militaire du Hezbollah qui ne fait pas partie de l’armement de l’armée libanaise.
M. Boulos explique que le préambule de l’accord met l’accent sur « une mise en place d’une 1701++ si j’ose dire, avec grande précision », faisant référence à l’expression de « 1701 plus » utilisée en octobre pour décrire l’éventuel projet de résolution pour mettre un terme à la guerre au Liban et qui aurait dépassé le cadre de la résolution 1701. En plus du désarmement des milices, l’homme de D. Trump insiste sur le fait que « l’accord va encore plus en profondeur, en désignant les instances autorisées au port d’armes, au nombre de six », à savoir l’armée libanaise, les Forces de sécurité intérieure, la Sûreté générale, la Sûreté de l’État, les services douaniers et la police municipale. Il loue par ailleurs « les détails de cet accord […] encore plus précis que les accords précédents », nommément les résolutions 1559 et 1680 de l’ONU, qui prévoyaient le désarmement des milices et la reconnaissance de la souveraineté de l’État libanais sur l’ensemble de son territoire.
Le Centcom s’implique
A signaler aussi que le Commandement central américain (Centcom) a annoncé samedi l’arrivée du général Jasper Jeffers au Liban, pour co-présider le mécanisme de mise en œuvre et de surveillance du cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël.
C’est ce qui ressort d’un communiqué publié par Centcom, sur X, dans lequel il explique que J. Jeffers est arrivé dans la capitale, Beyrouth, mercredi dernier. Le général du commandement central des opérations spéciales va assurer la coprésidence dudit mécanisme, avec Amos Hochstein, émissaire américain. Le communiqué souligne que les Etats-Unis « présideront le mécanisme de mise en œuvre et de surveillance du cessez-le-feu, qui comprendra également l’armée libanaise, l’armée israélienne, la force de maintien de la paix des Nations Unies au Liban (FINUL) ainsi que la France ».
A.Hochstein devrait occuper temporairement le poste de co-président civil jusqu’à ce qu’un autre responsable soit nommé de manière permanente.
L’Agence nationale d’information libanaise ANI a indiqué que J. Jeffers avait discuté avec Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée libanaise, de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, des développements dans le sud du Liban et du mécanisme de coordination entre les parties concernées. Le cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hezbollah, est entré en vigueur au Liban mercredi à 4 heures, après plus d’un an d’hostilités transfrontalières. Cet accord prévoit en outre une phase de soixante jours de transition, au cours de laquelle les troupes israéliennes devront évacuer la zone. Parallèlement, les forces du Hezbollah devront se retirer au nord du fleuve Litani, tandis que les Forces armées libanaises vont, elles, se redéployer progressivement dans la bande frontalière, vers le secteur sud du fleuve Litani.
Scepticisme israélien
Dans une interview accordée à Channel 12, Eitan Davidi, chef du conseil de l’implantation de Margaliot, dans le nord de la Palestine occupée, n’a pas caché son sentiment de peur et d’anxiété face aux développements sur le front nord. « Je suis insatisfait et malheureux. Je ne me sens pas en sécurité concernant le règlement avec le Liban », a-t-il fait savoir tout en soulignant : « Nous voulions une zone tampon, parce que nous avons tenté l’expérience de vivre dans un endroit adjacent au Hezbollah pendant 18 ans, et cela a échoué ».
Naama Sekuler, journaliste à Globes, a également relevé « qu’ il n’y a ni routes ni infrastructures dans le nord, et il y a des colonies entières dans lesquelles on ne peut pas entrer parce qu’elles sont détruites », et elle s’est interrogée : « Comment la population va-t-elle retourner dans le nord? »
Avigdor Lieberman, ancien ministre israélien de la Défense, n’a pas été tendre non plus en déclarant que « le résumé de l’accord de reddition avec le Hezbollah jusqu’à présent est que le retour des habitants des colonies du nord n’a pas eu lieu , tandis que les militants sont retournés au sud du Liban ». Avant de conclure que « les Israéliens méritent un leadership différent ».
Ehud Olmert, ex-premier ministre du gouvernement d’occupation, a affirmé que « l’accord avec le Liban est exactement le même que celui de 2006, et c’est le seul accord possible ». et de noter que « l’accord aurait pu être conclu il y a plus de deux mois, et nous aurions au moins sauvé la vie de 80 de nos soldats ». A ses yeux, « même si nous créions une zone tampon dans le sud du Liban, et même si elle avait 40 kilomètres de profondeur, les missiles du Hezbollah ont une portée plus longue que cela ».