Les Brigades al-Qassam, bras armé du Hamas, ont remis samedi deux captifs israéliens au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans le cadre du quatrième échange de prisonniers depuis le début du cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier 2025.

Anadolu a rapporté que les Brigades al-Qassam ont remis les deux captifs Yarden Bibas (un Israélien) et Ofer Kalderon (un Franco-Israélien) au CICR à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza. Les deux hommes ont été libérés lors d’une procédure rapide organisée en présence d’une centaine de Palestiniens et des membres des Brigades al-Qassam. Un document attestant la libération des deux Israéliens a été signé par le représentant du CICR.

De son côté, Avichay Adraee, porte-parole de l’armée israélienne, a déclaré dans un communiqué que « selon les informations communiquées par le CICR, les deux otages israéliens sont en route vers une unité spéciale de l’armée et du Shin Bet à l’intérieur de la bande de Gaza ».

Le captif israélo-américain Keith Siegel a été remis au CICR dans la port de Gaza-ville, a constaté samedi matin le correspondant de l’agence Anadolu. Il s’agit de la troisième et dernière libération de captifs de la journée organisée par les Brigades al-Qassam.

En échange, 183 prisonniers palestiniens ont été libérés en vertu de l’accord de cessez-le-feu. Des images télévisées en direct de la chaîne Al-Jazeera ont montré un bus transportant des prisonniers palestiniens quittant la prison israélienne d’Ofer, en Cisjordanie occupée, vers 11h30 (locales).

A signaler aussi que le cessez-le-feu a permis le retour depuis lundi de centaines de milliers de déplacés palestiniens dans le nord de la bande de Gaza. La première phase du cessez-le-feu doit durer six semaines et permettre la libération de 33 otages retenus à Gaza contre quelque 1 900 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Pendant cette première phase doivent être négociées les modalités de la deuxième, visant à la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre. La dernière étape doit porter sur la reconstruction de l’enclave palestinienne et la restitution des corps des derniers otages morts en captivité.

Thaer Shriteh, porte-parole de la Commission des affaires des détenus palestiniens, a dénoncé des conditions de détention « effroyables », dans les prisons israéliennes. « Ils sont en mauvaise santé. Ils ont été battus, humiliés. Ils ont subi des actes de torture, surtout durant les derniers jours. » Selon lui, cette libération constitue « un aveu d’échec » pour Israël, certains des prisonniers ayant été condamnés à de longues peines, voire à la perpétuité. Israël, pour sa part, affirme que plusieurs des détenus libérés « ont du sang sur les mains ». Certains ont été condamnés par des tribunaux militaires rattachés aux forces d’occupation israéliennes. « C’est un simulacre de justice », dénonce Thaer Shriteh, dont l’organisation est liée à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). « Ceux qui ont vraiment du sang sur les mains, ce sont les soldats des forces d’occupation israéliennes, qui bombardent pour détruire, pour tuer ou amputer des enfants à Gaza. La lutte du peuple palestinien est légitime. Nous ne faisons que nous défendre. Nous souhaitons mettre un terme à l’occupation et avoir un pays libre et indépendant. »

Les prisonniers libérés samedi ont été transportés à bord d’autocars jusqu’à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où ils ont été accueillis par une foule en liesse. Le précédent échange organisé jeudi à Gaza, avait provoqué la colère en Israël. Certains otages avaient dû affronter une foule hostile et exaltée, sous la protection de combattants cagoulés et armés. Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien, a dénoncé des « scènes choquantes » et exigé que les futures libérations se déroulent « en toute sécurité ». Le CICR a également réclamé une « amélioration » de la sécurité et de la dignité des otages lors des prochains échanges.

Dans le cadre de l’accord de trêve, le point de passage de Rafah entre Gaza et l’Égypte a été rouvert pour la première fois depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle en mai 2024.  L’Égypte avait refusé de rouvrir le terminal tant que sa gestion ne revenait pas aux Palestiniens, comme prévu par les accords de 2005 sur le retrait israélien de Gaza. Jusqu’à sa fermeture en mai dernier, Rafah était le seul point de sortie pour les Gazaouis, mais son accès était déjà strictement contrôlé : seuls ceux disposant d’un visa pour un pays tiers pouvaient quitter l’enclave. Quant aux marchandises, elles entraient exclusivement via le terminal voisin de Karem abou Salem.

Dans la journée de samedi, une cinquantaine de blessés et de malades ont enfin pu quitter Gaza via Rafah pour être soignés en Égypte. La chaîne égyptienne Al-Qahera News a diffusé des images des premiers évacués – 50 patients et 53 accompagnants –, dont un enfant atteint d’une maladie auto-immune, franchissant la frontière après des mois de blocus. Selon l’OMS, jusqu’à 14 000 personnes nécessitent une évacuation immédiate. Plusieurs pays ont déjà proposé leur aide, mais les départs restent au compte-gouttes. Cette réouverture coïncide avec la deuxième phase des négociations. Lundi, les discussions doivent reprendre pour tenter d’obtenir la libération des derniers otages et arracher un cessez-le-feu. Un objectif que certains membres du gouvernement israélien rejettent.

Aide au compte-goutte :

L’interdiction par Tel Aviv de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés entrave gravement les opérations d’aide à Gaza, et les responsables disent qu’elle pourrait compromettre l’accord de cessez-le-feu. La quantité d’aide et des équipements essentiels entrant à Gaza depuis que l’accord de cessez-le-feu a été conclu au début du mois n’a pas été suffisante pour répondre aux graves problèmes humanitaires.

Des sources citées par Al Jazeera le 31 janvier ont déclaré que le « nombre de camions entrés dans la bande de Gaza depuis le début de la trêve jusqu’à son 11è jour n’a atteint que 7 926 ».

« Le nombre de camions de tentes entrés dans la bande de Gaza est bien inférieur à ce qui est nécessaire et ne dépasse pas les 208. Aucune habitation mobile temporaire n’a été introduite dans le nord ou le sud de la bande de Gaza. Environ deux tiers des camions entrés dans la bande de Gaza transportent des denrées alimentaires. Environ 197 camions de carburant sont entrés, mais ni la défense civile, ni les municipalités, ni les fournisseurs d’électricité ne sont en mesure d’en bénéficier », ont ajouté les sources. Elles ont ajouté qu’aucun matériel de reconstruction, aucune machine, aucun équipement nécessaire au déblaiement des décombres et à la recherche des corps n’a été acheminé. Des milliers de corps restent coincés sous les bâtiments et les maisons détruits par les frappes aériennes israéliennes. « Aucune des fournitures d’énergie solaire n’a été acheminée malgré un besoin urgent. Les hôpitaux de la bande de Gaza n’ont pas reçu suffisamment de matériel et de fournitures médicales », ont-ils spécifié.

Plus de 75 % des puits du nord de Gaza ont été détruits, provoquant une grave crise de l’eau. Les sources ont ajouté qu’aucun fonds n’a été transféré dans les banques de la bande de Gaza malgré la grave pénurie financière. La Défense civile de Gaza a annoncé vendredi que 85 % de ses installations et équipements ont été détruits par la guerre israélienne, appelant les médiateurs du cessez-le-feu à faire pression sur Israël pour qu’il autorise l’entrée de fournitures dans l’enclave. « Depuis le début du cessez-le-feu, nous avons reçu pas moins de 2 750 appels directs et rapports des familles des victimes, appelant à une réaction pour récupérer les corps et les dépouilles de leurs enfants ».

La décision israélienne d’interdire l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) est entrée en vigueur le 30 janvier. Cette exclusion intervient après des mois de campagne de dénigrement et de mesures juridiques israéliennes contre cet organisme, que Tel-Aviv accuse de liens avec le Hamas et d’implication dans l’opération Déluge d’al-Aqsa. En conséquence, l’agence se préparerait à mettre fin à ses opérations à Gaza. « Si l’UNRWA n’est plus autorisé à poursuivre l’acheminement et la distribution des fournitures, le sort de ce cessez-le-feu très fragile risque d’être mis en péril », a déclaré vendredi Juliette Touma, directrice de la communication de l’institution onusienne.

Dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu, un minimum de 600 camions d’aide humanitaire sont censés entrer à Gaza par jour. Plusieurs ONG ont récemment averti qu’Israël persiste à ne pas améliorer l’accès de Gaza à l’aide humanitaire, malgré les injonctions de la Cour internationale de justice (CIJ).

En parallèle, depuis Sanaa, des sources spéciales ont rapporté à la chaine satellitaire libanaise Al-Mayadeen, que le navire CHRY SALIS a contacté la marine yéménite et que l’autorisation lui a été donnée de traverser la mer Rouge. Les sources ont expliqué que l’armée yéménite a accepté de permettre à ce navire de traverser la mer Rouge après l’accord de cessez-le-feu à Gaza, notant que « l’armée a rassuré le navire et a ouvert la voie à son passage en toute sécurité, et il est arrivé à destination en toute sécurité ». Des sources privées ont souligné que le CHRY SALIS est le premier des navires interdits par la décision de l’armée yéménite à traverser la mer Rouge en toute sécurité après avoir été rassuré par la marine yéménite.

Osama Rabie, président de l’Autorité du canal de Suez, a déclaré qu’« il y a des indications du retour de la stabilité dans la mer Rouge ».

De nombreuses grandes compagnies maritimes internationales ont suspendu leurs voyages en mer Rouge et ont redirigé leurs navires autour de l’Afrique du Sud, pendant l’agression israélienne sur la bande de Gaza. Durant les 15 mois de guerre génocidaire menée par l’occupation à Gaza, les forces armées yéménites ont mené des opérations de soutien ciblant les navires se dirigeant vers les ports d’occupation de la mer Rouge et de la mer d’Arabie, et ont mené d’autres opérations au plus profond des territoires occupés.

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