Ces groupes entretenaient des relations étroites avec le gouvernement de l’ancien président syrien Bachar al-Assad, renversé à la fin de l’année dernière après une vague de violences à travers le pays orchestrée par le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC).

Un rapport publié vendredi 23 mai par l’AFP indique que le nouveau régime mis en place par HTC a adopté une série de mesures pour réprimer les groupes palestiniens. Un responsable de la Résistance, cité par le rapport, a affirmé que de nombreux groupes palestiniens basés en Syrie avaient été contraints de remettre leurs armes. Dans certains cas, on leur a demandé de fournir des listes de membres possédant des armes individuelles. Le régime dirigé par HTC a également interdit toute opération des groupes sur le territoire syrien et arrêté plusieurs de leurs hauts responsables.

Selon un responsable de la Résistance, les nouvelles autorités ont également saisi des biens appartenant aux groupes palestiniens dans des « domiciles privés, des bureaux, des véhicules et des camps d’entraînement militaire dans la banlieue de Damas et d’autres provinces ».

Par ailleurs, le camp de réfugiés de Yarmouk, situé à huit kilomètres de Damas et qui servait autrefois de bastion à la Résistance palestinienne, a également connu une transformation indésirable. Les banderoles de la Résistance ont été retirés du camp et les bâtiments appartenant à des groupes palestiniens ont été fermés et dépourvus de toute protection armée, selon l’AFP.

Mors des deux derniers mois, les nouvelles autorités de Damas ont arrêté plusieurs responsables palestiniens, dont Khaled Khaled du Jihad islamique, Talal Naji du FPLP-Commandement général. Ces événements font suite à une pression écrasante des États-Unis, qui qualifient les groupes de résistance palestiniens de « terroristes ». Washington avait assujetti la levée de ses sanctions contre la Syrie à l’élimination de ces groupes .

Le 13 mai dernier, le président américain a annoncé la levée de toutes les mesures coercitives contre la Syrie. Peu après, lors d’une rencontre avec Abou Mohammed al-Joulani, chef du régime HTC, à Riyad, la capitale saoudienne, Donald Trump lui a présenté une liste de demandes. La Syrie accueillait des factions palestiniennes, notamment après l’exode de nombreux Palestiniens vers ce pays en 1948, après l’usurpation de leur patrie.

Le 23 mai, le Trésor US a formalisé la levée de toutes les sanctions contre la Syrie, une décision annoncée par Donald Trump lors de sa visite à Riyad le 13 mai. Cette mesure, saluée par Damas, marque un tournant pour un pays. Cependant, elle s’inscrit dans une stratégie géopolitique où le président américain pousse la Syrie à rejoindre les accords d’Abraham pour normaliser ses relations avec Israël. La levée des sanctions, confirmée par le secrétaire au Trésor Scott Bessent, vise à encourager les investissements étrangers en Syrie. Elle inclut une dérogation de 180 jours à la loi César, permettant aux partenaires internationaux d’exploiter le potentiel économique du pays. Cette décision répond aux pressions de l’Arabie saoudite et de la Turquie, qui soutiennent le nouveau régime syrien dirigé par Ahmed al-Chareh, président par intérim issu d’une coalition islamiste ayant renversé Bachar al-Assad en décembre 2024.

Lors de sa rencontre avec D. Trump à Riyad, le nouveau dirigeant syrien a été exhorté à normaliser les relations avec Israël et à expulser les factions palestiniennes, conditions implicites pour maintenir le soutien américain. À Damas, l’annonce a déclenché une vague d’euphorie. Assad al-Chaibani, ministre des Affaires étrangères, a qualifié cette décision de « tournant décisif » pour réduire les « souffrances économiques et humanitaires » des Syriens, dont 90 % vivent sous le seuil de pauvreté selon l’ONU. Sur la place des Omeyyades, des foules ont accueilli la nouvelle avec des feux d’artifice, alors que la livre syrienne s’est appréciée de 60 % face au dollar. Mohammed Yisr Barnieh, ministre des Finances, anticipe un afflux massif de capitaux, notamment du Golfe, pour relancer l’économie. Des entreprises européennes et régionales, spécialisées dans le ferroviaire et la fibre optique, ont déjà pris contact avec le régime pour des projets de reconstruction. Les bénéfices économiques attendus sont significatifs. La levée des sanctions, qui bloquaient l’accès au système bancaire international et aux investissements étrangers, permettra de relancer le secteur pétrolier et les infrastructures du pays. L’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada ayant déjà assoupli leurs sanctions, Damas espère attirer des financements pour reconstruire un pays exsangue. Cependant, des défis persistent : les violences confessionnelles, notamment contre les minorités alaouites et druzes, et l’instabilité régionale compliquent la stabilisation. Derrière ce geste, les intentions de D. Trump sont claires. En échange de la levée des sanctions, il cherche à intégrer la Syrie aux accords d’Abraham, signés en 2020 par plusieurs pays arabes pour normaliser leurs relations avec Israël.

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