Le dernier raid sur Bani Souheila, au nord de Khan Younès, a fait au moins 4 martyrs lorsque les avions israéliens ont choisi de cibler sciemment des groupes de Gazaouis. Réagissant à ces massacres continus, le Hamas qui assure avoir envoyé une délégation au Caire pour une reprises éventuelles des négociations indirectes avec Israël, condamne les bombardements qui vise les sièges des municipalités, les équipements ambulatoires lourds et les équipements d’excavation et de terrassement encore fonctionnels. Cinquante jours après la fermeture des divers points de passage par l’armée d’occupation israélienne, la situation humanitaire se détériore au fil des jours. Philippe Lazzarini, chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), a dénoncé mardi « la famine qui s’aggrave, de manière délibérée » à Gaza, après 50 jours de blocus israélien sur l’aide entrant dans le territoire palestinien ravagé par la guerre. « Gaza est devenue une terre de désespoir. La faim s’étend et s’aggrave, de manière délibérée et provoquée par l’homme », a-t-il affirmé.
Après 18 mois de guerre dévastatrice et un blocus israélien sur l’aide humanitaire depuis le 2 mars, l’ONU a mis en garde contre une situation humanitaire désastreuse pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza. Israël justifie cette démarche au motif que le Hamas détourne l’aide, ce que nie ce mouvement accusant en retour Israël d’utiliser « la famine comme arme de guerre ».
Jeudi, des responsables de 12 importantes organisations humanitaires internationales ont averti que la famine n’était « pas seulement un risque », mais qu’elle était « probablement en train de se développer rapidement dans presque toutes les parties » du territoire.
Dans son message sur X, P. Lazzarini déplore une « punition collective » des habitants de Gaza. « Les blessés, les malades et les personnes âgées sont privés de fournitures médicales et de soins », a-t-il souligné. « L’aide humanitaire est utilisée comme une monnaie d’échange et une arme de guerre », a-t-il poursuivi, tout en demandant la reprise de l’acheminement de l’aide humanitaire, la libération des otages et l’instauration d’un nouveau cessez-le-feu.
Décrivant la situation dans l’enclave, le Hamas a annoncé que « la bande de Gaza est confrontée à une catastrophe sans précédent » assurant que « le siège imposé à plus de deux millions et quart de personnes et l’utilisation de la famine comme arme constituent un crime de guerre ».
Le danger Netanyahu
Le chef des services israéliens de sécurité intérieure, limogé par le gouvernement, a accusé Benyamin Netanyahu d’avoir exigé de lui une loyauté personnelle, dans une déclaration écrite sous serment à la Cour suprême, que le bureau du Premier ministre a qualifiée de « mensongère ». Une déclaration qui concerne la version officielle sur l’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas.
Dans sa déclaration sous serment lundi 21 avril, Ronen Bar accuse l’actuel chef de gouvernement sioniste de lui avoir notamment demandé une loyauté personnelle. « Il était clair » que, dans le cas d’une crise constitutionnelle, il devait obéir à B. Netanyahu et pas à la Cour suprême, écrit-il dans le document, diffusé par les services de la procureure générale. R. Bar rejette fermement les accusations de B. Netanyahu et de son entourage selon lesquelles le Shin Bet n’a pas alerté le Premier ministre et les autres services de sécurité à temps de l’attaque du 7 octobre 2023.
Ce jour-là, vers 3h, toutes les agences de sécurité ont reçu une alerte concernant « des préparatifs inhabituels et la possibilité d’intentions offensives de la part du Hamas », selon le Shin Bet. R. Bar explique notamment comment il s’est rendu au siège du Shin Bet à 4h30, soit deux heures avant l’attaque du Hamas sur le sol israélien, et a donné des instructions pour que le conseiller militaire du Premier ministre soit informé des événements. « Cette nuit-là, rien n’a été caché à l’appareil sécuritaire ou au Premier ministre », ajoute-t-il.
Le bureau de B. Netanyahu a rejeté ces déclarations. « Ronen Bar a présenté des affirmations mensongères dans sa déclaration à la Cour suprême, qui seront réfutées en détail prochainement », a-t-il indiqué dans un communiqué. Le Premier ministre a affirmé que R. Bar a « lamentablement échoué » le 7-Octobre.
Dans sa déclaration, R. Bar indique également que B. Netanyahu lui a dit « à plus d’une reprise » qu’il s’attendait à ce que ses services agissent contre les citoyens israéliens impliqués dans des manifestations contre le gouvernement, « avec un accent particulier sur la surveillance des bailleurs de fonds de la contestation ». Il confirme également des informations publiées dans les médias selon lesquelles B. Netanyahu aurait cherché à obtenir sa signature pour retarder son témoignage dans son procès pour fraude et corruption. Il accuse aussi le Premier ministre de l’avoir « évincé » des négociations sur la libération des otages, estimant que cette décision a mis en péril la suite des discussions sur un cessez-le-feu avec le Hamas.
Pour l’opposition israélienne, c’est un véritable « J’accuse » qui a été présenté par cet homme que le Premier ministre israélien tente de limoger. Tandis que le bureau du Premier ministre et aussi dans les rangs des partis de la coalition gouvernementale, on affirme que le document présenté sous serment par R. Bar est un tissu de mensonges et qu’il s’agit même d’une véritable tentative de coup d’État.
La déclaration présentée par R. Bar à la Cour suprême comprend également une partie confidentielle. Et c’est là que se trouveraient les preuves des accusations qu’il a avancées. Pour les médias israéliens de mardi, c’est beaucoup plus qu’un nouveau bras de fer entre B. Netanyahu et R. Bar. C’est une véritable « déclaration de guerre », titre le Haaretz, quotidien d’opposition. R. Bar doit rester en place, estime l’éditorialiste du quotidien.
Il s’agit du dernier épisode de la saga juridico-politique qui oppose B. Netanyahu à R. Bar dont le limogeage annoncé par le gouvernement a provoqué un tollé dans une grande partie de l’opinion israélienne et provoqué des manifestations de masse. Le 8 avril, la Cour suprême a confirmé dans un arrêt sa décision initiale de suspendre le limogeage du chef du Shin Bet, après l’examen des cinq recours dont elle avait été saisie. R. Bar « continuera à exercer ses fonctions jusqu’à une décision ultérieure », a décidé la Cour, autorisant le gouvernement à auditionner des candidats à sa succession, mais interdisant toute « annonce de nomination ».
« Je vais annoncer prochainement la date de ma démission », conclut R. Bar. Sa déclaration qui court sur 11 pages « prouve que Netanyahu est dangereux pour la sécurité d’Israël », a réagi sur X le chef de l’opposition Yaïr Lapid.