L’Afrique du Sud conserve son leadership avec 410,3 milliards de dollars de PIB prévisionnel, malgré les turbulences politiques et économiques qui secouent régulièrement le pays. L’Égypte suit de près avec 347,3 milliards, confirmant son rôle de pivot économique régional. L’Algérie, portée par la conjoncture énergétique favorable, complète le podium avec 268,9 milliards de dollars.
Le véritable bouleversement vient du Nigeria, cette locomotive démographique de 220 millions d’habitants qui se retrouve reléguée au quatrième rang avec seulement 188,3 milliards de dollars. Cette contre-performance soulève des interrogations légitimes sur la capacité du géant ouest-africain à transformer son potentiel humain et ses ressources pétrolières en croissance durable.
La progression marocaine tranche avec les trajectoires de ses voisins. Là où d’autres économies africaines restent tributaires des cours des matières premières, le Maroc a opté pour une stratégie de diversification économique qui porte ses fruits. Les investissements massifs dans les infrastructures, l’émergence d’un secteur automobile compétitif, le développement des énergies renouvelables et la montée en puissance du secteur des services témoignent d’une vision économique à long terme.
Cette approche s’avère particulièrement pertinente dans un contexte marqué par les chocs successifs du Covid-19, de la guerre en Ukraine et des épisodes de sécheresse qui ont mis à rude épreuve les économies du continent. La stabilité institutionnelle, conjuguée à une ouverture économique maîtrisée, constitue un atout qui fait la différence du Royaume dans un environnement régional volatile.
Le classement révèle également la montée en puissance de l’Afrique de l’Est, avec le Kenya (131,7 milliards de dollars) et l’Éthiopie (117,5 milliards) qui s’imposent comme des économies dynamiques. Ces performances contrastent avec les difficultés persistantes de certaines économies ouest-africaines, pourtant dotées de ressources naturelles considérables. L’Angola (113,3 milliards), la Côte d’Ivoire (94,5 milliards) et le Ghana (88,3 milliards) complètent ce top 10 qui illustre la recomposition en cours du paysage économique africain. Ces pays d’Afrique de l’Ouest progressent malgré les défis monétaires et politiques, témoignant d’une résilience qui pourrait s’avérer décisive à moyen terme.
Ces prévisions du FMI, bien qu’encourageantes pour certains pays, ne doivent pas masquer les défis structurels auxquels fait face l’Afrique dans son ensemble. La dépendance aux matières premières, les infrastructures insuffisantes, l’instabilité politique dans certaines régions et les défis climatiques constituent autant d’obstacles à lever pour concrétiser le potentiel économique continental.