Sur 94,4% des bulletins de vote dépouillés, Yamandu Orsi a obtenu 1 123 420 voix contre 1 042 001 pour son adversaire de centre droit Alvaro Delgado, selon les résultats officiels communiqués par la Cour électorale. « Je serai le président qui appellera encore et encore au dialogue national pour trouver les meilleures solutions, bien sûr en suivant notre vision, mais aussi en écoutant très attentivement ce que les autres nous disent », a réagi lors d’un discours face à ses partisans le président élu, un ex-professeur d’histoire issu de la coalition de gauche Frente Amplio

Avec l’arrivée au pouvoir de celui qui était jusqu’ici le maire de la ville de Canelones, dans l’aire urbaine de la capitale Montevido, c’est, après cinq années de gouvernement de centre-droit, la gauche qui reprend les rênes du pays, une gauche modérée. A. Delgado, ancien vétérinaire issu pour sa part du même Parti National de droite que le président sortant Luis Lacalle Pou, a concédé sa défaite dimanche soir. « Aujourd’hui, le peuple uruguayen a choisi (celui) qui occupera la présidence de la République », a-t-il déclaré tout en « saluant» Y. Orsi au nom de « tous les acteurs de la coalition (gouvernementale) » qui l’ont soutenu. 

Y. Orsi avait fini largement en tête du premier tour le  27 octobre avec 43,9% des voix, devant A. Delgado (26,8%) qui disposait cependant du réservoir de voix d’Andres Ojeda, du parti Colorado (centre droit), arrivé en troisième position (16%). La victoire de Y. Orsi n’augure toutefois aucun signe de changement de direction, le président élu ayant promis, lorsqu’il était encore candidat, « un changement sûr qui ne sera pas radical ». Y.Orsi a bénéficié du soutien appuyé de son mentor, l’ancien président et ex-guérillero José « Pepe » Mujica, qui, malgré son grand âge et sa santé fragile, a multiplié les meetings pour attirer le vote des jeunes et des indécis. 

Pendant la campagne, Y. Orsi et A. Delgado ont insisté sur la relance de la croissance et la réduction du déficit budgétaire. Ils se sont engagés à ne pas augmenter la pression fiscale et ont promis de lutter contre la criminalité liée au narcotrafic en augmentation. Y. Orsi souhaite développer des échanges à l’échelle régionale, quand Alvaro Delgado penchait vers des accords multilatéraux. 

Si l’Uruguay affiche un revenu par tête élevé, ainsi que de moindres niveaux de pauvreté et d’inégalités par rapport au reste de l’Amérique du Sud, l’emploi et la sécurité ont été placés au centre des préoccupations des 3,4 millions d’habitants du pays aux 12 millions de têtes de bétail. 

Le président sortant L. Lacalle Pou, au pouvoir depuis 2020, n’a pu se représenter malgré une cote de popularité de 50%, car la Constitution interdit de briguer un second mandat consécutif. Il a promis une transition « ordonnée » dans le pays le plus stable d’Amérique latine, avec des partis à la longue histoire, aux identités claires malgré leurs unions dans des coalitions et dont l’appartenance se transmet à l’intérieur même des familles. Des élections générales concomitantes du premier tour ont vu le Frente Amplio remporter 16 des 30 sièges du Sénat et 48 des 99 sièges de la Chambre des députés. 

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