« La présidence tournante du Conseil [assumée actuellement par la Hongrie] n’a aucun rôle à jouer pour représenter l’Union sur la scène internationale et n’a reçu aucun mandat du Conseil européen pour s’engager au nom de l’Union », a déclaré C. Michel, président du Conseil européen à Viktor Orban dans une lettre consultée par Reuters le 16 juillet. C. Michel a donc rejeté catégoriquement les propositions de la Hongrie visant à mettre fin au conflit en Ukraine, critiquant les voyages du Premier ministre hongrois en Russie et en Chine dans le cadre d’une « mission de paix ». Mission qui avait commencé le 2 juillet à Kiev et qui s’était poursuivie aux États-Unis, V. Orban ayant rencontré Joe Biden et Donald Trump les 10 et 11 juillet. V. Orban et la diplomatie hongroise ont fustigé la politique européenne « pro-guerre » en Ukraine. Selon le président du Conseil européen, « c’est tout le contraire » : « La Russie est l’agresseur et l’Ukraine est la victime qui exerce son droit légitime à la légitime défense. » Ce message intervient alors que le cabinet de V. Orban a indiqué le 15 juillet au journal Magyar Nemzet que le plan de paix de ce dernier pour résoudre le conflit en Ukraine était « sur le bureau de chaque Premier ministre de l’UE ». Le Premier ministre hongrois a fait valoir que le président américain J. Biden n’était pas capable de changer d’approche en Ukraine, tandis que son rival D. Trump disposait déjà d’un plan détaillé et voulait agir comme « un négociateur de la paix ».

Le Premier ministre hongrois a suggéré de « rouvrir des lignes de communication diplomatique directes avec la Russie » tout en maintenant des contacts de haut niveau avec Kiev et en menant des pourparlers avec la Chine, qui pourrait jouer le rôle de médiateur. « Aucune discussion sur l’Ukraine ne peut avoir lieu sans l’Ukraine », lui a répondu C. Michel, affirmant que Bruxelles avait  « constamment cherché à construire un large soutien international en faveur d’une paix globale, juste et durable ». La Hongrie est l’un des rares pays de l’UE à critiquer l’approche de Bruxelles dans le conflit. Budapest a refusé d’envoyer des armes à Kiev et a bloqué à plusieurs reprises les sanctions contre la Russie ainsi que l’aide à l’Ukraine. V. Orban plaide désormais pour résoudre le conflit par des négociations. Lors de sa visite à Kiev, le dirigeant hongrois a appelé Volodymyr Zelensky à accepter un cessez-le-feu avec la Russie, une proposition pour l’heure rejetée. De son côté, le président russe Vladimir Poutine a indiqué le 14 juin dernier que des négociations avec l’Ukraine pourraient être entamées dès lors que celle-ci retirerait ses troupes tant des Républiques populaires de Donetsk (RPD) et de Lougansk (RPL) que des régions de Zaporojié et de Kherson, et accepterait en sus d’opter pour un «statut neutre – non aligné, non nucléaire», ainsi qu’une «démilitarisation», une «dénazification», et une levée des sanctions contre la Russie.

Censure à Berlin !

Les autorités allemandes ont annoncé ce 16 juillet l’interdiction du magazine Compact, accusé d’inciter à la haine contre les Juifs et les étrangers. Une interdiction qui intervient trois jours après la publication d’une interview de Maria Zakharova, a souligné la diplomate russe. « Je pense que la raison principale est que la vérité a été exprimée, qui est soigneusement cachée aux Allemands », a déclaré ce 16 juillet sur Telegram la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Une prise de parole qui intervient quelques heures après l’annonce par les autorités allemandes de l’interdiction du magazine politique allemand Compact et de sa filiale Conspect Film.

Le magazine avait notamment publié, le 13 juillet, une interview de la diplomate russe. « C’est un porte-parole central de la scène extrémiste de droite », a tempêté ce 16 juillet Nancy Faeser, ministre allemande de l’Intérieur. « Ce magazine incite d’une manière indescriptible à la haine contre les Juifs, les personnes ayant un passé migratoire et notre démocratie parlementaire », a-t-elle ajouté. Le ministère a également annoncé avoir mené des perquisitions dans les locaux du magazine, mais également au domicile de ses dirigeants et principaux actionnaires. « L’Allemagne ne reçoit pas de gaz russe uniquement parce que les États-Unis lui interdisent de le faire », a déclaré M. Zakharova, dans son message, citant l’interview qu’elle a donné à ce magazine allemand considéré comme proche de l’aile radicale du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD). Autres citations de cette interview, soulignées par la diplomate : le fait que la Russie n’ait « jamais pris l’initiative d’arrêter les livraisons de gaz à l’Europe et à l’UE », ou encore le fait que les approvisionnements en gaz, via Nord Stream, ait été « une question de semaines ».

Fin février 2022, dans la foulée du déclenchement de l’opération russe en Ukraine, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, avait annoncé que les médias publics RT et Sputnik « et leurs filiales » allaient être « interdits » de diffusion au sein de l’Union, afin d’« interdire leur désinformation toxique et nuisible en Europe ». Un interdit adoubé par les Vingt-Sept. Ces derniers ont depuis allongé leur liste noire, en y ajoutant RIA Novosti, Izvestia et Rossiïskaïa Gazeta, mais également Voice of Europe, portail d’information multilingue basé en République tchèque et accusé par Prague d’être lié à une campagne d’influence russe visant « l’intégrité, la souveraineté et la liberté » de l’Ukraine.

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