« Je pense que nous avons la capacité et la volonté de regarder vers l’avant et vers le haut, c’est-à-dire vers l’avenir, et c’est là que réside notre grand défi », a affirmé L. Planas à l’issue de ses entretiens avec Ahmed Bouari, son homologue marocain, fraîchement nommé à ce poste le mercredi 23 octobre.

Depuis Rabat où il avait déjà programmé son déplacement pour atténuer l’inquiétude des puissants lobbies de pêche en Andalousie notamment, le responsable espagnol a affirmé que l’Espagne et le Maroc analysent les conséquences de ces décisions « mais de manière optimiste », pour trouver des « solutions pour l’avenir » sur « une base constructive et mutuellement décidée » par l’UE et le Maroc, indique EFE. « Nous pensons qu’il existe des possibilités de développer cette coopération stratégique (…). Pour chaque question posée sur la table, nous trouverons une solution concrète. Il ne s’agit pas d’une déclaration générale, mais je crois que c’est ce qu’il convient de faire dans l’immédiat (…) Nous et la Commission européenne elle-même travaillons sur cette ligne », a précisé Planas.

Comme il n’a pas manqué, non plus, d’adresser des messages aux parties qui continuent de célébrer le verdict de la CJUE du 4 octobre, notamment dans les camps de Tindouf, en Algérie, et dans son propre pays. « Si quelqu’un a eu l’ambition politique, en lisant ces phrases (les arrêts de la CJUE, ndlr), de tenter de mettre un terme au développement des relations étroites entre l’UE et le Maroc, ou entre l’Espagne et le Maroc, il a commis une erreur, car ces relations ne sont pas seulement basées sur le travail mais sur la confiance mutuelle et la recherche de solutions », a-t-il déclaré.

Ces déclarations seraient annonciateurs d’une bataille post-verdict de la CJUE, d’autant plus que les deux parties ne sont pas à un premier couac juridique près. En effet, une série de négociations entre le royaume et l’UE avaient été menées dans le sillage de l’arrêt de la Cour européenne du 21 décembre 2016, annulant l’accord de pêche dans les eaux du Sahara. A l’époque, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, s’était rendu à Madrid le 3 mai 2017, et les discussions bilatérales ont abouti, le 6 février 2019, à un échange de lettres entre l’UE et le Maroc sur la modification des protocoles n°1 et n°4 de l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les deux parties. Un cadre qui a permis, après approbation du Parlement européen, le retour des pêcheurs européens -notamment Espagnols- dans les eaux sahariennes du Maroc, de juillet 2019 à juillet 2023.

Lors de l’épisode houleux de 2016, Rabat et Bruxelles avaient réussi à contourner le verdict de la CJUE grâce à la consultation de la population du Sahara. Or, la Cour a souligné le 4 octobre que « les consultations effectuées par la Commission européenne et le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) ne visaient pas le peuple du Sahara occidental mais les populations qui se trouvent actuellement sur le territoire, indépendamment de leur appartenance ou non au peuple du Sahara occidental. Une partie significative de ce peuple se trouvant désormais en dehors de ce territoire, ces consultations n’étaient pas susceptibles d’établir un tel consentement de ce peuple ».

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