Plus de 1 500 signatures ont nourri la pétition qui dénonce le récent séjour d’étudiants de l’Université Al Akhawayn (AUI) en Israël. Ces derniers ont pris part à un événement dit d’« activisme » à Tel-Aviv, où ils ont adopté une position contraire à « toutes les valeurs enseignées ici à l’AUI », lit-on dans la pétition. Selon les signataires, les concernés « doivent être tenus responsables d’avoir terni la réputation, non seulement des membres de l’AUI, mais aussi de tous les Marocains .» Dans la pétition, signée par de nombreux étudiants, on y assure qu’« en tant que communauté, nous ne sommes pas prêts à laisser passer ce comportement inapproprié ».
La semaine dernière, 23 jeunes Marocains se sont rendus en Israël, où ils ont rencontré des responsables israéliens. Par ailleurs, ils ont exprimé leur soutien à l’entité sioniste dans sa guerre barbare dans la bande de Gaza, ce qui a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux.
Au Maroc, les rassemblements de soutien à la Palestine sont nombreux dans plusieurs villes, où les manifestants dénoncent les offensives de l’occupation israélienne sur la bande de Gaza, depuis le 7 octobre 2023, et exigent la rupture des liens noués entre Rabat et Tel-Aviv dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler Accords d’Abraham.
Il y a lieu de noter que le pays est en proie à plusieurs signes confirmant la prégnance de la culture de la normalisation dans certains esprits. Le dernier exemple, patent, s’est déroulé à Casablanca, dans l’enceinte de la Faculté des Sciences de Men M’sik, lorsque le doyen s’est permis de reprocher à une lauréate le port de la keffieh palestinienne, symbole de la lutte contre l’occupation sioniste, tout en s’interdisant de lui décerner son prix. Au cours de ladite cérémonie, les professeurs, cadres administratifs et étudiants ont protesté contre la démarche du doyen, poussant ce dernier à quitter la cérémonie. Le bureau des étudiants a également fustigé l’attitude du responsable, en la qualifiant d’« inacceptable ». plus, le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche a condamné l’attitude du responsable académique en la qualifiant de « grave ».
Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, un des parrains de la normalisation académique, s’est lui aussi invité à la polémique suscitée par cet incident. S’exprimant mardi devant le Parlement, il a décrit l’incident comme une « opinion personnelle » du concerné, tout en suggérant que le doyen « était peut-être dans l’erreur ; et tout humain commet des erreurs ». sur ce sujet stratégique, le ministre a eu le pardon facile alors que lors de la gestion de la crise des étudiants en médecine, il n’a pas hésité à brandir la carte de « la décision souveraine » pour justifier la diminution du cursus de 7 à 6 ans, ce que les futurs médecins réprouvent.