« Dis à Dieu que personne dans ce monde ne peut arrêter notre mort », a lancé un jeune palestinien en faisant ses adieux à son épouse. Un autre s’est écrié: « Quelle honte, les pays arabes nous regardent, les pays islamiques nous regardent, où est l’islam. Quand un enfant devient des lambeaux. C’est une honte pour les musulmans… »

Quatre personnes ont aussi été tuées et « plusieurs autres sont portées disparues sous les décombres » après des tirs israéliens contre des maisons de l’est de Gaza, a indiqué la Défense civile. Une frappe sur une maison à Jabalia, dans le nord, a tué un enfant et une autre sur une maison à Khan Younès (sud) a fait un mort, a précisé M. Bassal. « Nous avons reçu des appels de détresse signalant plusieurs personnes disparues sous les décombres dans différentes zones de la bande de Gaza », a-t-il ajouté. « Nous manquons des outils et équipements nécessaires pour les opérations de sauvetage et pour récupérer les corps », a-t-il affirmé.

Rompant une trêve de près de deux mois, l’armée d’occupation israélienne a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre contre la bande de Gaza. Les dirigeants israéliens affichent vouloir éliminer le Hamas, et ne cachent pas leurs velléités de déplacer les Palestiniens de l’enclave.

Selon le ministère de la Santé à Gaza, au moins 1.928 Palestiniens ont été tués et 5.055 blessés, depuis le 18 mars, portant à 51.305 le nombre de martyrs à Gaza et 117.096 blessés, depuis le début de l’offensive israélienne. Lequel a déploré mercredi les attaques israéliennes contre l’hôpital al-Dorra pour enfants, à l’est de Gaza-ville qui ont endommagé sérieusement son service d’urgences et son dispositif d’énergie alternative. « L’occupation ne se contente pas de priver de médicaments et de nourriture les enfants de Gaza mais elle s’emploie à leur priver leur vie », a accusé son directeur Mounir Al-Barech.

Dans une déclaration commune publiée mercredi, « plus de cinquante jours » après l’entrée en vigueur du blocus décidé par Israël, le 2 mars, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont exhorté Israël à « cesser » le blocage de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, une mesure « intolérable » qui fait risquer aux civils palestiniens « la famine, des épidémies et la mort ».

À Ramallah, en Cisjordanie occupée, elle aussi soumise aux dérives sécuritaires israéliennes mortelles, le président palestinien a accusé le Hamas d’avoir fourni à Israël « des prétextes pour commettre ses crimes dans la bande de Gaza, le plus flagrant (de ces prétextes) étant la détention d’otages ». « Notre peuple en paie le prix, pas Israël (…) Libérez-les », a déclaré Mahmoud Abbas qui n’exerce plus d’autorité sur Gaza depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Usant d’une expression très vulgaire en arabe, il a qualifié les dirigeants du mouvement rival de « fils de chiens ». M. Abbas a également demandé au Hamas de remettre ses armes à l’Autorité palestinienne et de se transformer en parti politique. M. Abbas avait déjà appelé le mouvement islamiste à se placer sous la tutelle de l’Autorité palestinienne, sans succès, le Hamas lui reprochant de collaborer avec Israël et de réprimer les voix dissidentes en Cisjordanie.

Bassem Naïm, membre du bureau politique du Hamas, a condamné des propos « insultants », et accusé le président palestinien de « rejeter la responsabilité des crimes » d’Israël sur les Palestiniens. La branche armée du Hamas a publié dans l’après-midi une vidéo de moins de trois minutes d’un otage israélien, qui s’exprime en hébreu, décline son identité et demande au gouvernement israélien d’agir pour sa libération.

Al-Qods en feu

Les autorités de l’entité israélienne ont évacué, mercredi, les habitants de plusieurs villes du centre de l’entité israélienne , suite à des incendies de forêt généralisés, déclenchés par des températures élevées et des vents violents. La police a fermé la route 38, artère de circulation clé reliant le centre d’Israël à a-lQods, et a évacué les habitants des villes d’Eshtaol, Beit Meir et Mesilat Zion en raison des incendies dans la région de Beit Shemesh. L’incendie a initialement éclaté près du Moshav Tarum, dans le centre « et s’est propagé du fait de températures élevées et de vents violents.

Les services israéliens des incendies et des secours a indiqué que « 11 avions de lutte contre les incendies et plus de 100 équipages contribuaient à combattre activement les incendies dans la région d’Eshtaol, dans les collines d’alQods ». Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des foules de personnes marchant le long de l’autoroute près de la ville de Rehovot, entourées d’une épaisse fumée. Channel 12 a rapporté que « trois pompiers ont été blessés alors qu’ils luttaient contre les incendies dans les collines d’al-Qods occupée ».

La police israélienne a noté que « le Premier ministre Benyamin Netanyahu a procédé à une évaluation de la situation au centre de commandement des pompiers d’Eshtaol ».  Des appels ont été lancés pour préparer les forces pour les opérations de nuit, en poursuivant les efforts sur les autoroutes et dans les villes en utilisant tous les systèmes disponibles, y compris l’unité aérienne de la police.Le journal israélien Maariv a même évoqué « une mobilisation générale des pompiers pour soutenir les efforts visant à contrôler les incendies et à empêcher leur propagation ».

Le service météorologique israélien a mis en garde contre des conditions météorologiques « difficiles » mardi et mercredi, avec des températures potentiellement record, aggravant le risque d’incendie. S’exprimant depuis le siège du Service national des incendies, le Premier ministre a demandé aux responsables « d’ouvrir un canal de communication avec la Grèce et d’autres pays si une aide internationale s’avérait nécessaire ».

Dans un discours télévisé à l’issue de la réunion, B. Netanyahu a appelé à « l’utilisation d’un avion Shimshon (Hercules) pour aider aux efforts de lutte contre les incendies entre alQods occupée et Tel Aviv ». « Nous ne savons pas comment ces incendies vont se développer », a-t-il poursuivi, appelant « à des mesures strictes pour les éteindre ». « Bien sûr, nous défendons les communautés qui relèvent de la juridiction de la ville », a-t-il poursuivi, précisant qu’il « préparerait des réserves en provenance d’autres pays, comme la Grèce ».

La Grèce a été confrontée l’année dernière à une série d’incendies de forêt dévastateurs, dont un incendie massif qui a forcé des milliers de personnes à fuir leurs maisons et a atteint la périphérie d’Athènes avant d’être maîtrisé.

Dissensions israéliennes

Les accusations du chef du Shin Bet contre B. Netanyahu ne sont pas isolées. Elles se sont ajoutées à celles de Yoav Gallant, ex-ministre de la Défense,  éclaboussant davantage le Premier ministre en révélant au grand jour ses mensonges et sa perfidie. Mardi, Y. Gallant a déclaré que les images d’un présumé énorme tunnel situé sur l’axe de Philadelphie au sud de la bande de Gaza à la frontière avec l’Égypte étaient « trompeuses ». Elles avaient été diffusées à grande échelle le mois d’août dernier, dans les médias en propageant que c’est un énorme tunnel de plusieurs mètres de hauteur, de trois étages souterrains.

« Ce tunnel n’existait pas, ce qui a été retrouvé c’est une petite tranchée d’un mètre de profondeur seulement », assure Gallant lors d’un entretien avec l’Organisation de diffusion israélienne. « Mais il a été exploité pour propager des allégations sur la présence de tunnels sur l’axe de Philadelphie pour le contrôler et attarder la transaction sur l’échange des détenus », a-t-il ajouté. Pour la chaine 11, Y. Gallant révélé aussi que le tunnel servait à transporter de l’eau à l’instar des tunnels que l’on traverse sur une autoroute. « Ils l’ont couvert avec du sable, et certains ont pris des photos et ont suscité beaucoup de bruit autour avec beaucoup de titres alors qu’aucun moyen de combat de pouvait passer par l’axe de Philadelphie », ajoute-t-il.

Ce n’est pas la première fois que l’ex-ministre fait des révélations fracassantes. Il avait reconnu que l’armée israélienne a eu recours à la directive de Hannibal, lors de l’attaque du 7 octobre, qui lui autorise de courir le risque de laisser mourir les otages israéliens avec leurs ravisseurs. Le Haaretz avait aussi révélé, à la foi de témoins israéliens, que des Israéliens avaient été tués par les tirs de l’armée et des forces de sécurité israéliennes pendant qu’elles traquaient les combattants du Hamas lors de l’attaque contre les régions israéliennes dans l’enveloppe de Gaza. Mais aucune enquête approfondie n’a été commanditée pour évaluer ces faits.

Dans les récentes déclarations du chef du Shin Bet, ce dernier réitère sa demande d’établir une commission d’enquête sur cette attaque, ce que Netanyahu rejette catégoriquement.

Les autres révélations de Ronen Bar avaient soulevé lundi un tollé en Israël, d’autant qu’elles ont été livrées à la Cour suprême, sous serment. Il assure que B. Netanyahu a exigé une loyauté personnelle à son égard au détriment de l’Etat et de ses lois. Il l’accuse d’avoir cherché systématiquement à exploiter les capacités étendues du Shin Bet à son profit personnel et politique.

Selon les médias israéliens, Bar dévoile entre autres que B. Netanyahu lui a demandé d’émettre un décret de sécurité qui lui aurait épargné de témoigner dans le cadre de son procès pénal en cours. Il lui aurait demandé d’utiliser les outils de surveillance du Shin Bet à l’encontre des citoyens israéliens – en particulier à l’encontre des responsables du mouvement de protestation qui dénonçait le plan de refonte radicale du système judiciaire qui était avancé par le gouvernement en 2023.

« Le risque que représente le fait qu’Israël soit actuellement gouverné par un homme contre lequel des accusations directes sont portées par une source officielle nommée, par le chef d’une agence de sécurité qui l’accuse de s’employer à saper la nature démocratique de l’État », estime The Times of Israel. Pour le Haaretz, le chroniqueur militaire Alon Ben David constate que « l’appareil de sécurité est contrôlé par des loyalistes à Netanyahu, dont le ministre de la Défense Israel Katz, le chef d’état-major de l’armée Eyal Zamir, aux côtés du chef du Mossad et du commandant de l’armée de l’air ». Il estime que « l’armée mène des offensives contre Gaza sans règles juridiques ou morales, en tuant chaque jour des dizaines de Palestiniens et en se vantant que le nombre des cadavres constitue une pression militaire ». « Netanyahu voudrait une guerre sans fin car il en a besoin pour sa survie politique », assure Ben.

Ces mêmes accusations d’une guerre pour les intérêts politiques de B. Netanyahu animent les participants aux manifestations qui se poursuivent à Tel-Aviv, réclamant un accord d’échange des détenus et l’arrêt définitif de la guerre. La mère d’un captif israélien a accusé le Premier ministre de vouloir se venger d’elle. « Netanyahu œuvre en faveur d’une transaction partielle qui renonce aux otages qu’il veut laisser derrière lui. Netanyahu veut se venger de moi personnellement en raison de mes critiques », a dit la mère de Matan Engerset. Selon Anat Engerset qui participe aux manifestations, le gouvernement ne mène pas de négociations mais véhicule un discours infructueux qui ne comporte pas la fin de la guerre.

Par ailleurs, l’armée d’occupation a estimé le coût de la reprise et de l’extension de la guerre dans la bande de Gaza depuis le 18 mars à 10 milliards de shekels (2,7 milliards $).

Le Yedioth Ahronoth a rapporté mardi que « la guerre à Gaza a repris depuis plus d’un mois après le cessez-le-feu, et l’intention est maintenant d’étendre la guerre par une nouvelle manœuvre terrestre à grande échelle, ce qui coûtera beaucoup d’argent. » Ajoutant que « l’armée israélienne parle déjà de la nécessité d’une augmentation significative du budget d’environ 10 milliards de shekels ».Le journal a rapporté que « les hauts fonctionnaires du ministère des Finances ont été surpris par le montant que l’armée israélienne demanderait comme budget supplémentaire, qui s’élève à environ 10 milliards de shekels ».

Un haut responsable du ministère des Finances, dont l’identité n’a pas été révélée, aurait déclaré qu’ « il est déraisonnable d’allouer 10 milliards de shekels supplémentaires au budget de la défense, déjà gonflé. » Le journal souligne qu’« il n’est pas possible d’augmenter les impôts des citoyens pour couvrir ces coûts ».

« À l’heure actuelle, il ne fait guère de doute que toute augmentation supplémentaire des impôts sera catégoriquement rejetée, et la solution privilégiée en cas d’augmentation supplémentaire inévitable du budget de la défense serait une nouvelle réduction significative des budgets des ministères et une augmentation du déficit budgétaire général de l’État d’un dixième ou deux dixièmes », rappelle le journal.

Au début de cette année, le journal économique israélien Calcalist rapportait que le coût de la guerre dans la bande de Gaza a atteint en 2024 environ 250 milliards de shekels (67,57 milliards de dollars). Montant qui comprend « les coûts directs de sécurité, les dépenses civiles importantes et les pertes de revenus, mais pas tout ».

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