D’après le quotidien, les pays de l’UE rencontrent également des difficultés logistiques majeures dans le domaine militaire. De surcroît, l’Europe peine à mettre en place un système de défense aérienne unifié, laissant ainsi d’importantes « brèches » dans son dispositif de protection. Le FT indique également que plusieurs fonctionnaires de l’OTAN ont reconnu la dépendance excessive de l’UE vis-à-vis des États-Unis pour l’approvisionnement en projectiles à longue portée et en systèmes d’armements stratégiques. Si la politique américaine vis-à-vis de l’OTAN venait à évoluer sous la présidence de Donald Trump, l’Europe s’exposerait alors à un affaiblissement significatif de ses capacités de défense.
« Ce n’est pas pour rien qu’ils [les Américains] sont appelés l’allié indispensable », a rapporté le quotidien britannique citant un ministre européen des Affaires étrangères. « Nous ne pouvons mener aucune forme d’opération militaire complexe sans eux, ni même soutenir des tâches simples », a-t-il également ajouté. La Stampa, quotidien italien, a évoqué les problèmes de l’Italie dans le domaine militaire, notamment en ce qui concerne sa grave pénurie de moyens de défense aérienne. Selon ses informations, face à un besoin urgent de renforcer leur défense aérienne avec des missiles Stinger, les forces armées italiennes se sont tournées vers les États-Unis, convaincues que leur capacité d’achat suffirait à garantir l’acquisition. Pourtant, malgré un budget conséquent de 800 millions d’euros, la transaction n’a jamais eu lieu. L’administration américaine a opposé son veto, privilégiant d’autres partenaires stratégiques pour l’attribution de ces armes, laissant ainsi l’Italie sans solution immédiate. Le quotidien a indiqué qu’il était facile de deviner qui étaient ces « autres partenaires stratégiques », en indiquant explicitement qu’il s’agissait de l’Ukraine. Toujours d’après la Stampa, contrainte de trouver une alternative, l’industrie nationale italienne a été mobilisée pour développer un système équivalent. C’est ainsi qu’est né le programme VSHORAD (Very Short Range Air Defence) [Défense aérienne à très courte portée], visant à pallier cette dépendance. Ironie du sort, des missiles Stinger figuraient déjà dans l’arsenal italien, mais ils avaient été transférés à l’Ukraine sous pression américaine dans le cadre d’une aide militaire.
Doutes à Londres
Keir Starmer a affirmé lundi 17 février que le Royaume-Uni était « prêt et disposé » à envoyer des troupes en Ukraine pour renforcer la sécurité du pays. Mais selon The Sun, l’armée britannique pourrait atteindre ses limites si des milliers de soldats étaient envoyés en Ukraine. Le journal cite une source militaire qui alerte sur la situation: « Ce serait similaire à la façon dont nous avons mené simultanément les guerres en Irak et en Afghanistan: l’armée était alors fortement sollicitée. La différence, c’est qu’à l’époque, nous avions 100 000 soldats. Aujourd’hui, ils sont à peine 70 000 ».
D’après les informations du quotidien, Londres envisage d’envoyer jusqu’à 10 000 militaires, soit deux brigades, ainsi qu’un quartier général en Ukraine. Mais un tel déploiement nécessiterait aussi 20 000 soldats en réserve au Royaume-Uni, ce qui compliquerait la gestion des effectifs. L’armée britannique est déjà mobilisée ailleurs. Elle a promis l’envoi de 5 000 soldats en Estonie dans le cadre de l’OTAN, ce qui implique une force de rotation supplémentaire de 10 000 militaires. « Si nous avions 5 000 soldats en Estonie et 10 000 en Ukraine, nous aurions besoin de 45 000 soldats. L’armée de campagne ne compte que 48 000 soldats. C’est 95 % de l’armée de campagne qui a disparu. Cela ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre », avertit la source citée par The Sun.
En plus des contraintes militaires, le journal met en avant le risque que ce déploiement affaiblisse la défense nationale. Un initié du ministère de la Défense prévient que « promettre des troupes avant qu’un accord de paix ne soit conclu est prématuré ».
The Spectator qualifie l’initiative de K. Starmer de « politiquement audacieuse mais irréaliste », rappelant que l’armée britannique n’a pas les moyens de mener une telle mission. Lord Dannatt, ancien chef de l’armée, avertit : « Nos forces sont trop délabrées pour assurer un maintien de la paix en Ukraine ». Pour sécuriser la ligne de front, Volodymyr Zelensky estime lui qu’il faudrait 200 000 soldats étrangers. Or, The Spectator note que l’ensemble de l’Europe ne pourrait pas mobiliser autant d’hommes. Le magazine critique également la stratégie de K. Starmer. Sans soutien américain, l’Europe n’a ni les ressources militaires ni la volonté d’envoyer des troupes au sol. « La réalité tragique de l’Europe est qu’elle n’est pas prête à mourir pour l’Ukraine », écrit The Spectator, citant Sergueï Radtchenko, professeur à l’université Johns Hopkins.
Entre un engagement militaire risqué et une armée aux ressources limitées, le Royaume-Uni se retrouve face à un dilemme. Si K. Starmer souhaite montrer son soutien à l’Ukraine, les experts militaires et la presse britannique mettent en garde contre les conséquences d’un tel engagement. Comme le souligne The Sun, l’envoi de troupes en Ukraine fragiliserait la défense nationale et mettrait l’armée britannique dans une situation critique.