L’un des bombardements les plus meurtriers de la journée a visé le rond-point al-Tahlia, à l’est de Khan Younes, dans le sud de Gaza, où 15 personnes ont été tuées et 90 autres blessées alors qu’elles attendaient de la nourriture. Huit Palestiniens, dont des femmes et des enfants, ont été tués lorsqu’un camp de déplacés a été frappé près des tours Tiba, à al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younes. La majorité des victimes appartenaient à une même famille, dont l’abri a été directement visé, ont rapporté des témoins. Plusieurs autres personnes ont été blessées.
Dans une attaque voisine, trois autres Palestiniens, dont deux enfants, ont péri près de l’hôpital de campagne britannique. Deux tentes situées le long du littoral de Khan Younes ont également été visées, faisant quatre morts, principalement des femmes et des enfants.
L’agence palestinienne Wafa a indiqué que l’artillerie israélienne a également frappé des tentes abritant des civils déplacés à Al-Mawasi, dans la région de Rafah, au sud de Gaza, causant d’autres victimes. Au centre de la bande de Gaza, quatre personnes ont été tuées dans le camp de réfugiés d’al-Bureij, lorsqu’une maison familiale a été ciblée lors d’un raid nocturne.
Trois autres personnes ont également été tuées dans la ville de Gaza sud, à la suite d’une frappe contre une maison familiale dans le quartier d’al-Sabra. Par ailleurs, une école abritant des personnes déplacées a été touchée, mais aucun bilan immédiat n’a été communiqué.
Dans un autre incident, des témoins ont rapporté que les forces israéliennes ont démoli plusieurs maisons résidentielles dans le nord de Khan Younes.
Ces attaques interviennent au lendemain d’une journée déjà sanglante où plus de 100 Palestiniens ont été tués à travers Gaza, dont 51 qui attendaient de l’aide humanitaire.
En dépit des appels internationaux à un cessez-le-feu, l’armée israélienne poursuit sa guerre génocidaire contre la bande de Gaza, qui a fait plus de 57 100 morts palestiniens, en majorité des femmes et des enfants, depuis octobre 2023.
A souligner que le Hamas n’a pas encore pris de décision définitive concernant la proposition de cessez-le-feu et d’échange de prisonniers formulée par le Qatar et l’Égypte, ont indiqué jeudi des sources palestiniennes. « Le Hamas consulte actuellement différentes factions palestiniennes avant de soumettre sa réponse officielle aux médiateurs », rapporte Anadolu qui cite des responsables palestiniens. Ces mêmes sources ont laissé entendre que le mouvement pourrait probablement accepter la proposition. Selon elles, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar ont présenté de « larges garanties » pour faciliter l’accord, sans toutefois préciser la nature de ces engagements.
Les discussions en cours porteraient encore sur plusieurs aspects techniques, notamment les mécanismes d’acheminement de l’aide humanitaire, les cartes du retrait des troupes israéliennes et les arrangements pour la période suivant le cessez-le-feu proposé de 60 jours. Les négociations incluraient aussi des options à envisager si cette période de 60 jours ne suffisait pas à conclure un accord final et global.
Le Hamas devrait rendre sa réponse officielle à la proposition d’ici deux jours, ont précisé les sources.
Mercredi, le mouvement palestinien avait confirmé qu’il examinait des propositions soumises par les médiateurs visant à mettre fin à la guerre, assurer un retrait israélien de Gaza et permettre une aide humanitaire urgente.
Gideon Sa’ar, ministre israélien des Affaires étrangères, a lui aussi affirmé qu’il existait des « signes positifs » laissant espérer la conclusion d’un accord pour mettre fin aux hostilités et procéder à un échange de prisonniers.
De son côté, le Hamas a réitéré sa volonté de libérer tous les otages israéliens en échange de l’arrêt total de l’offensive militaire israélienne et d’un retrait complet de Gaza.
Le Premier ministre israélien s’oppose toutefois à un accord global. Il privilégie plutôt des arrangements limités permettant la poursuite de la guerre, une position largement perçue comme une stratégie visant à assurer sa survie politique.
Face à cette situation explosive, Stéphane Dujarric, porte-parole des Nations Unies a déclaré que la Charte de l’ONU et le droit international étaient violés à plusieurs reprises par certains États membres, notamment dans le contexte de la guerre israélienne contre Gaza et ailleurs. « Les États doivent respecter et mettre en œuvre les engagements qu’ils ont signés », a-t-il insisté lors d’une déclaration à l’agence de presse jordanienne Petra.
Concernant la perception dominante dans la région et dans le monde, S. Dujarric a reconnu que « les Nations Unies n’ont pas réussi à protéger le peuple palestinien ». Il a souligné que « le Secrétaire général, l’ensemble du personnel humanitaire de l’ONU et les autres personnes restées à Gaza font tout leur possible pour protéger les civils et les aider à survivre, au moins en leur fournissant les ressources limitées dont nous disposons ».
Jeudi, Antonio Guterres, patron de l’ONU, a exprimé son inquiétude face à la détérioration rapide de la situation humanitaire dans la bande de Gaza. Il a averti que les infrastructures vitales étaient sur le point de s’effondrer en raison du manque de carburant et des attaques continues d’Israël contre les civils.
Francesca Albanese, rapporteure spéciale de l’ONU pour les Territoires palestiniens, avait signalé jeudi, que des entreprises « ont profité de l’économie israélienne d’occupation illégale, d’apartheid et maintenant de génocide. » Elle a présenté au Conseil des droits de l’homme des Nations unies un rapport intitulé « De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide », dans lequel sont étudiés « les mécanismes des entreprises qui soutiennent le projet colonial israélien de déplacement et de remplacement des Palestiniens ». La situation dans la bande de Gaza et en Cisjordanie est « apocalyptique », a fait valoir F. Albanese. « A Gaza, les Palestiniens continuent d’endurer des souffrances qui dépassent l’imagination ».
« Des fabricants d’armes aux géants de la technologie, en passant par les banques, les entreprises énergétiques, les plateformes en ligne, les supermarchés et les universités, les entreprises ont fourni les outils, le financement, les infrastructures et la légitimité de cette machine à effacer », a accusé F. Albanese devant l’organe suprême de l’ONU chargé des droits de l’homme. « Les colonies s’étendent, financées par les banques et les assureurs, alimentées par les combustibles fossiles et normalisées par les plateformes touristiques, les chaînes de supermarchés et les institutions universitaires », a-t-elle dit. « Tout cela a contribué à renforcer l’apartheid et à permettre la destruction lente et inexorable de la vie des Palestiniens », a jugé cette experte, dont la présentation a été accueillie par des applaudissements dans l’hémicycle.
F. Albanese a précisé devant la presse qu’elle avait contacté les 48 entreprises citées dans son rapport, que 18 d’entre elles lui avaient répondu et que, parmi celles-ci, « seul un petit nombre avaient accepté d’être interrogées de bonne foi », la plupart « disant qu’il n’y avait absolument rien de mal ». Mais elle a ajouté que le nombre des entreprises concernées pourrait être supérieur à mille.
« Des personnes et des organisations ont profité de la violence et des meurtres », a-t-elle dénoncé. « Mon rapport expose un système, quelque chose de si structurel, répandu et systémique qu’il n’y a aucune possibilité d’y remédier : il faut le démanteler ».
L’AFP a demandé un commentaire à plusieurs entreprises citées dans le rapport. Certaines n’ont pas répondu. « Nous pensons qu’il ne nous appartient pas de décider où quelqu’un peut ou ne peut pas voyager », a plaidé la plateforme de voyage Booking.com. Un cabinet de communication représentant Microsoft a répondu que ce géant de la technologie n’avait « aucun commentaire à faire ». Le géant danois du transport maritime Maersk a assuré avoir « maintenu une politique stricte consistant à ne pas expédier d’armes ou de munitions à Israël » depuis le début de la guerre. « Nous respectons évidemment les droits de l’homme », a réagi un porte-parole du constructeur suédois de poids lourds Volvo, précisant : « Nous vendons par l’intermédiaire de revendeurs ». Glencore, groupe suisse d’exploitation minière et de négoce de matières premières, a rejeté « catégoriquement toutes les accusations », les considérant « dépourvues de tout fondement juridique ».
L’experte de l’ONU a relevé que les consommateurs avaient « la possibilité de demander des comptes à ces entreprises car nous votons en quelque sorte avec nos portefeuilles ».
En réponse à ce rapport, la mission d’Israël à Genève a affirmé que le rapport de F. Albanese était motivé par son « programme obsessionnel et haineux visant à délégitimer l’État d’Israël ». L’experte fait depuis longtemps l’objet de demandes de révocation de la part d’Israël et de certains de ses alliés en raison de ses accusations. L’Université de Berne en Suisse est allé jusqu’à annuler un symposium sur Gaza en raison de la participation de F. Albanese « car ses positions sont extrémistes ». Cette décision a provoqué l’indignation d’Amnesty International, qui l’a qualifié de « capitulation face à la pression politique et une atteinte à la liberté académique ».
« L’Université de Berne a fondé sa décision sur des publications provenant de comptes anonymes, notamment de comptes d’entités connues pour leurs positions qui contredisent systématiquement la protection universelle des droits de l’homme » a déploré Amnesty International.
En dépit d’une guerre israélienne génocidaire sans merci qui a ravagé la bande de Gaza, et permis l’occupation de plus de 70% de ce territoire, les mouvements de résistance poursuivent leurs opérations contre les soldats de l’occupation.