Au 263e jour de la guerre à Gaza, une frappe israélienne a tué dix membres de la famille d’Ismaël Haniyeh, le chef du bureau politique du Hamas, dans le bombardement israélien du 24 juin sur le camp de réfugiés de Chati, au nord de l’enclave palestinienne, selon la chaîne Al Jazeera. Parmi ces proches figure sa soeur, Zahr Haniyeh. La famille du chef politique du Hamas est régulièrement prise pour cible depuis le début du conflit à Gaza. En effet, le 10 avril dernier, le dirigeant du parti palestinien avait annoncé la mort de trois de ses fils dans un bombardement israélien dans la bande de Gaza. Commentant l’information sur Al Jazeera, avait déclaré : « Je remercie Dieu pour cet honneur avec lequel il nous a accordé le martyre de mes trois fils et de quelques petits-enfants » a déclaré I. Haniyeh à la chaine qatarie. «Avec cette douleur et ce sang, nous créons des espoirs, un avenir et la liberté pour notre peuple, notre cause et notre nation», avait-t-il ajouté. « Tout notre peuple et toutes les familles des habitants de Gaza ont payé un lourd tribut avec le sang de leurs enfants, et je suis l’un d’entre eux », avait encore déclaré le dirigeant du Hamas. « Près de 60 membres de ma famille se sont levés en martyrs, comme tout le peuple palestinien », avait-il insisté, affirmant qu’il n’y avait aucune différence entre eux.

Une autre de ses sœurs, Sabah Abdel Salam Haniyeh, avait été arrêtée par la police israélienne, dans le cadre d’une enquête pour « terrorisme ». De nationalité israélienne, elle était « soupçonnée d’avoir des contacts avec des agents du Hamas et de s’identifier à l’organisation, tout en incitant à commettre des actes de terrorisme en Israël et en les soutenant », avait indiqué un porte-parole de la police.

À la tête du bureau politique du Hamas depuis 2017, I. Haniyeh multiplie, depuis le début du conflit, les déplacements dans les capitales au Moyen-Orient. Résidant au Qatar, il maintient des relations cordiales avec les autorités de Doha, qui cherchent tant bien que mal à arracher un accord de cessez-le-feu entre les belligérants. D’ailleurs, pour parler des négociations, le Premier ministre du petit émirat a rencontré le chef du bureau politique du Hamas le 18 juin. De plus, il s’est rendu à plusieurs reprises à Téhéran mais également à Ankara. Le Wall Street Journal a évoqué le 20 avril la possibilité d’un déplacement du quartier général du Hamas, qui se trouve depuis 2012 au Qatar. En effet, le quotidien américain, citant « des responsables politiques arabes », avait indiqué que le Hamas avait interrogé « au moins » deux pays pour un déménagement. En toile de fond, l’échec des négociations pour parvenir à une trêve à Gaza, avec dans la balance la libération des otages. Doha, sous pression des législateurs américains, pourrait « réévaluer » sa position à l’égard du mouvement palestinien pour parvenir à une trêve, toujours selon le journal américain. L’Irak pourrait devenir le futur lieu d’accueil du Hamas, a rapporté un article du média émirati The National publié le 24 juin. Selon cette source, le gouvernement irakien aurait donné son feu vert à cette possibilité. « Il n’y a pas de consensus parmi les groupes politiques irakiens sur le déplacement du Hamas à Bagdad », a toutefois déclaré un député irakien au journal. « Certains, notamment les Kurdes et certains sunnites, craignent que cela n’aggrave les divergences avec les États-Unis. Mais malgré l’absence de consensus, la décision du gouvernement d’héberger le Hamas ne sera pas annulée », a-t-il ajouté.

Les massacres de la population civile palestinienne se poursuivent donc au lendemain des déclarations du premier ministre israélien assurant que la phase « intense » des combats était « sur le point de se terminer ». Benyamin Nétanyahou a toutefois tenu à préciser qye la guerre contre le Hamas allait continuer. Des tirs d’artillerie ont visé la ville de Rafah, où se massent des centaines de milliers de réfugiés, ainsi que le camp de Nousseirat, dans le centre de l’enclave, et le quartier de Zeitoun de la ville de Gaza, dans le Nord, selon des témoins cités par l’AFP. L’armée israélienne a également annoncé que des « opérations ciblées » avaient eu lieu dans le secteur de Rafah pour « éliminer des terroristes armés » et « démanteler des entrées de tunnels ».

Selon un bilan diffusé lundi par le ministère de la Santé, vingt-huit personnes ont été tuées dans les dernières vingt-quatre heures, dont deux professionnels de santé travaillant dans l’hôpital Al-Daraj, dans la vieille ville de Gaza. Depuis le début de la guerre, il y a plus de huit mois, on dénombre 37 626 martyrs, dont au moins « 500 professionnels de santé tués directement », et plus de 86 000  blessées.

Sur le terrain, les Brigades Al-Qassam, en collaboration avec les Brigades Al-Quds, ont ciblé, mardi, avec des obus de mortier soldats et véhicules ennemis dans le camp de Yabna, dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza.  Des sirènes ont par ailleurs retenti à Kerem Salem, dans l’enveloppe de Gaza, signe d’une attaque de la résistance palestinienne. La veille, plusieurs colonies avaient été visées par des salves de roquettes. En outre, l’armée israélienne qui tente de maintenir ses positions dans diverses zones essuient attaques sur attaques de la part de la résistance palestinienne. Des chars Merkava sont ainsi ciblés et des embuscades mortelles sont constamment tendues aux forces d’occupation. Bien entendu, le couloir de Netzarim est maintenu sous un feu constant des combattants palestiniens. Rendant difficile la pérennisation des forces israéliennes dans cette zone qui vise à couper l’enclave palestinienne en deux.

Les enfants martyrisés

 « Save the Children » a annoncé que près de 21 000 enfants de la bande de Gaza étaient coincés sous les décombres, arrêtés ou enterrés dans des fosses communes ou des tombes inconnues. L’organisation basée au Royaume-Uni a déclaré, lundi 24 juin, que le nombre d’enfants séparés de leur famille avait augmenté en raison de l’escalade des attaques israéliennes contre la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, notant que ceux qui protègent les enfants non protégés sont sous pression.

La même source a souligné qu’environ 17 000 enfants disparus à Gaza ou avaient été séparés de leur famille, et qu’environ 4 000 enfants se trouvent toujours sous les décombres ou dans des fosses communes ou des tombes inconnues. « Un nombre indéterminé d’enfants ont été arrêtés et peut-être expulsés de Gaza. Les corps de ceux qui ont été enfouis sous les décombres ou brûlés vifs dans des tentes lors des attaques israéliennes sont devenus difficiles à identifier », a précisé le communique de l’Ong.

Jeremy Stoner, directeur régional de l’organisation pour le Moyen-Orient, a tiré la sonnette d’alarme. « C’est une torture pour les familles de ne pas savoir où se trouvent leurs proches. Aucun parent ne devrait fouiller dans les décombres ou dans des fosses communes pour retrouver son enfant, et aucun enfant ne devrait rester seul et sans protection dans une zone de guerre », a-t-il relevé. Il a comparé Gaza à un « cimetière pour enfants », rappelant que le danger pour les enfants vivants et disparus persiste. Et de réitérer la nécessité d’un cessez-le-feu urgent pour retrouver les enfants disparus et les réunir avec leurs familles, au cas où ils sont en vie.

Depuis le 7 octobre 2023, Israël qui mène une guerre dévastatrice contre la Bande de Gaza doit rendre des comptes devant la Cour internationale de Justice pour  « génocide ».

Faisant fi d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant un cessez-le-feu immédiat, Israël est condamné par la communauté internationale dans le cadre de son agression brutale continue sur Gaza depuis l’attaque du 7 octobre de l’année dernière par le mouvement de résistance palestinienne, Hamas. Israël est accusé de génocide par la CIJ, dont le dernier arrêt lui a ordonné d’arrêter immédiatement ses opérations dans la ville méridionale de Rafah, où plus d’un million de Palestiniens avaient cherché refuge pour fuir la guerre avant son invasion le 6 mai.

A signaler aussi que Philippe Lazzarini, chef de l’agence de l’ONU en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA), a déclaré qu’« au cours des neuf derniers mois, nous avons été témoins d’un échec sans précédent de l’humanité sur un territoire marqué par des décennies de violence ». Il a souligné « l’effondrement de l’ordre civil » qui a facilité « pillages et contrebande généralisés qui entravent l’acheminement de l’aide humanitaire ». « Les Palestiniens et les Israéliens ont subi de terribles pertes et ont énormément souffert (…). Gaza a été décimée. Pour plus de deux millions de Gazaouis, c’est un enfer, un cauchemar dont ils ne peuvent se réveiller. »

Actuellement, l’aide humanitaire ne peut entrer dans la bande de Gaza qu’à partir du point de passage de Kerem Shalom, à la frontière israélienne. Celui de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, est fermé depuis mai. « La faim est à un niveau catastrophique, déclare-t-il. Des enfants meurent de malnutrition et de déshydratation, tandis que de la nourriture et de l’eau potable attendent dans les camions. »

Comments are closed.

Exit mobile version