L’offensive terrestre menée par l’armée sioniste contre Choujaïya et Rafah se poursuit. Ainsi, 17 martyrs ont été recensés dans les bombardements israéliens depuis l’aube de jeudi, rapportent des sources médicales. Quatre autres martyrs et plusieurs blessés ont été signalés dans le bombardement d’une maison dans le quartier Choujaïya à Gaza-ville qui s’ajoutent à cinq autres dans le raid d’un drone sur des citoyens à proximité de l’hôpital du Service public au centre de Gaza-ville. Les hôpitaux de Gaza qui crient à la pénurie en médicaments ont accueilli 41 martyrs et 146 blessés durant les dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé dans l’enclave. Les correspondants sur place évoquent des familles entières sous les décombres dans plusieurs zones ciblées par les pilonnages et raids sionistes. Les secouristes ne sont pas épargnés, eux non plus, par une armée qui tire sur tout ce qui bouge. Des victimes ont été signalées dans la journée de jeudi à Khan Younès et Deir Al Balah. Pas moins de 13 martyrs ont été signalés. Et le décompte est loin d’être exhaustif.

Le drame vécu par les Gazaouis et à plusieurs couches. A la famine et à la soif s’ajoute le manque flagrant en médicaments. Israël cherche à transformer l’enclave en un immense mouroir à ciel ouvert en condamnant les divers points de passage et en interdisant le transit des aides. Plus de 80.000 diabétiques et près de 120.000 souffrant d’hypertension artérielle ne disposent plus de médicaments. On comprend dès lors pourquoi Francesca Albanese, rapporteuse de l’Onu parle de « défaite de l’humanité à Gaza » et pas uniquement des Palestiniens, affirmant que le conflit est entré dans « une phase d’accélération du génocide pour compléter le plan de nettoyage ethnique de la Palestine ».

« Je vois la défaite à Gaza comme une défaite de l’humanité. Ce n’est pas seulement les Palestiniens de Gaza, ce n’est pas seulement les Palestiniens », a-t-elle soutenu en marge d’un événement de deux jours, les 5 et 6 avril à Pantin, en banlieue parisienne, affirmant que le conflit est entré dans une phase d’accélération du génocide. « On est dans une phase d’accélération du génocide pour compléter le plan de nettoyage ethnique de la Palestine » a-t-elle déploré avant d’expliquer qu’Israël a saisi le contexte européen et américain pour étendre sa colonisation. Ils « veulent l’annexion de la Cisjordanie et de Gaza, ils ont pris ce moment historique, avec la faiblesse de l’Europe l’agressivité des États-Unis, comme une opportunité pour avancer la conquête de ce qui reste, pas seulement de la Palestine, du Moyen-Orient », a-t-elle constaté, faisant remarquer que « les attaques continuent envers le Liban, envers la Syrie ».

« C’est clair qu’Israël veut la terre entre la Méditerranée et le Jourdain pour exercer sa souveraineté », a soutenu la rapporteuse de l’Onu, affirmant que l’agression ne va pas s’arrêter. « On est des fous si on pense qu’Israël va s’arrêter là ! », a-t-elle insisté, rappelant l’obligation, conformément au droit international, d’arrêter l’occupation, le génocide et l’apartheid. « Le droit international nous dit ce qu’on doit faire : terminer l’occupation, terminer le génocide, terminer l’apartheid », a-t-elle plaidé tirant la conclusion que les Palestiniens payent aujourd’hui l’antisémitisme commis par les Européens il y a 80 ans. « Le prix de l’antisémitisme européen était payé par les Palestiniens et, aujourd’hui, continue à être payé par les Palestiniens, parce qu’ils ne sont pas protégés, au nom de ce que l’on a fait, nous, les Européens, au peuple juif », a-t-elle fait valoir.

« Mur de fer »

La même barbarie sioniste s’exprime aussi en Cisjordanie. L’armée d’occupation prolongera son offensive baptisée Mur de fer contre le nord de la Cisjordanie occupée jusqu’à la fin de l’année, ont rapporté des médias israéliens. Au moins 15 Palestiniens supplémentaires ont été arrêtés jeudi lors de nouvelles descentes menées par l’armée israélienne en Cisjordanie occupée, selon des groupes de défense des droits des prisonniers.

Les arrestations, survenues dans plusieurs localités et zones de la Cisjordanie, incluent une femme et un journaliste originaire de la ville de Naplouse, ont indiqué la Commission des affaires des détenus et la Société des prisonniers palestiniens dans un communiqué conjoint. Le journaliste Samir Khweira, qui travaille pour une station de radio locale à Naplouse, a été interpellé par les forces israéliennes.

Selon les deux organisations, au moins 800 Palestiniens ont été arrêtés par l’armée israélienne en Cisjordanie rien qu’au mois de mars. Parmi eux figuraient 18 femmes et 84 mineurs, tandis que des centaines d’autres ont été interrogés par des soldats israéliens. Les descentes de jeudi interviennent alors que l’armée israélienne poursuit, depuis janvier, une offensive meurtrière dans le nord de la Cisjordanie, ayant causé la mort de plus de 70 Palestiniens, le déplacement de milliers d’habitants, et la transformation de nombreuses habitations en postes militaires. Ces nouvelles arrestations portent à près de 16 400 le nombre de Palestiniens arrêtés par l’armée israélienne en Cisjordanie depuis octobre 2023, un chiffre qui inclut également les personnes relâchées après leur arrestation, selon des données palestiniennes. Ce chiffre ne comprend pas les arrestations effectuées dans la bande de Gaza, dont le nombre est estimé à plusieurs milliers.

Depuis le début de la guerre contre Gaza en octobre 2023, près de 950 Palestiniens ont perdu la vie et plus de 7 000 ont été blessés par l’armée israélienne et des colons illégaux en Cisjordanie, selon les données fournies par le ministère de la Santé.

En juillet, la Cour internationale de justice a déclaré illégale l’occupation prolongée des territoires palestiniens par Israël, appelant à l’évacuation de toutes les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.

Objecteurs de conscience

Eyal Zamir, chef d’état-major israélien, a approuvé la décision de licencier les militaires de réserve qui ont signé une pétition protestant contre la guerre contre la bande de Gaza. Selon l’Organisation de radiodiffusion israélienne, la plupart des signataires de la pétition « ne sont pas membres du service de réserve actif ».

Cette décision fait suite à une enquête menée par la direction de l’armée, qui a conclu que la signature d’une pétition de protestation par des soldats en service actif, en particulier ceux de l’armée de l’air, était un acte « grave » qui portait atteinte à la discipline de l’institution militaire et à la confiance de la direction dans ses soldats.

La veille mercredi, les commandants de l’armée de l’air israélienne ont menacé d’expulser environ 970 membres du personnel, dont des pilotes, des officiers et des soldats, s’ils ne retirent pas leurs signatures d’une lettre demandant la fin de la guerre à Gaza, ont rapporté les médias locaux.

Le Haaretz a rapporté qu’« environ 970 membres du personnel aérien, dont certains sont en service de réserve actif, ont signé la lettre s’opposant à la guerre, mais n’appelant pas au refus de servir ». Ces derniers jours, de hauts responsables de l’armée de l’air ont téléphoné personnellement aux réservistes ayant signé la lettre, les exhortant à revenir sur leur décision. Les commandants ont informé les réservistes qu’ils risquaient d’être licenciés s’ils refusaient d’obtempérer, précise le journal israélien.

À la suite de cette menace, seuls 25 signataires ont retiré leur nom, tandis que huit autres ont demandé à ajouter leur signature. Les signataires de la lettre, dont des officiers supérieurs et des pilotes de l’armée de l’air, estiment que « les combats à Gaza servent des intérêts politiques et non des intérêts de sécurité ».

Les membres de l’opposition israélienne affirment depuis longtemps que la guerre contre Gaza a pour but de permettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu de rester au pouvoir et n’a rien à voir avec la sécurité d’Israël.

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