À l’issue de la réunion du Conseil économique suprême de l’Eurasie, tenue à Minsk, le maitre du Kremlin a réaffirmé la disposition de la Russie à engager un nouveau cycle de pourparlers avec Kiev. Selon le président russe, cette troisième phase pourrait se tenir à Istanbul, la date et le lieu précis restant encore à convenir. Il a également souligné l’importance des récents échanges de prisonniers de guerre, qu’il considère comme une étape préalable au rétablissement d’un dialogue constructif entre Moscou et Kiev.

Dans ce même esprit, la Russie se dit prête à restituer à l’Ukraine les dépouilles de trois mille soldats supplémentaires, s’ajoutant aux six mille déjà rendues. Selon V. Poutine, la Russie a été délibérément trompée. Bien que les représentants de l’OTAN aient promis à Moscou de ne pas s’étendre vers la Russie, plusieurs vagues d’expansion vers l’Est ont été enregistrées. Le président russe accuse également les capitales occidentales de soutenir activement le séparatisme et le terrorisme, sous couvert d’un principe cynique : « Tout est bon si c’est contre la Russie ». Dans cette logique, affirme-t-il, c’est précisément l’Occident qui est agressif.

Poutine dénonce en outre un renversement des responsabilités : les pays européens justifient leur militarisation en pointant une prétendue agressivité russe, tout en ignorant systématiquement les préoccupations exprimées par Moscou. « L’Occident retourne tout à l’envers », a-t-il souligné, ajoutant que « personne n’a jamais tenu compte » de l’avis de la Russie.

Le chef de l’Etat russe s’en est pris frontalement aux pays occidentaux, qui tentent d’affaiblir son pays tout en sombrant eux-mêmes. « Ils vont bientôt crever eux-mêmes, mais ils nous enterrent tout le temps », a-t-il lancé, tout en assurant que l’économie russe poursuivait sa croissance. Le président russe a également souligné que la Russie luttait pour une macroéconomie saine, malgré les dépenses militaires. « Oui, nos dépenses actuelles sont importantes. Elles représentent 6,3 % du PIB. Est-ce beaucoup ou peu ? Je crois que c’est beaucoup. Il s’agit, bien sûr, de l’un des problèmes, notamment budgétaire, que nous devons résoudre. Et nous le résolvons avec dignité », a-t-il déclaré. Face à l’augmentation des dépenses militaires en Europe, il rétorque : « Qu’ils le fassent ! Cela témoigne également de leur agressivité. »

V. Poutine a affirmé être disposé à renouer le dialogue avec les dirigeants occidentaux – et en particulier avec Donald Trump. Le président russe a déclaré qu’il avait beaucoup de respect pour son homologue américain, saluant la sincérité de ses efforts pour mettre fin au conflit en Ukraine. Une rencontre entre les deux hommes est « tout à fait possible », a déclaré l’homme fort de Moscou, précisant qu’un tel sommet serait soigneusement préparé. Et d’estimer qu’un tel échange devrait déboucher sur des engagements concrets, notamment en matière de coopération bilatérale. Sur le plan économique, V. Poutine évoque de « bonnes perspectives » : selon lui, plusieurs entreprises américaines expriment déjà leur désir de revenir sur le marché russe.

Le 26 juin à Moscou, La veille, lors de sa rencontre avec Thongsavan Phomvihane, son homologue laotien avec lequel il a discuté du renforcement du partenariat stratégique bilatéral, Sergueï Lavrov a mis en avant le solide bagage diplomatique du ministre laotien, soulignant qu’en tant qu’ancien élève du MGIMO, il «connaît parfaitement l’histoire, la culture et la langue russes» et jouera un rôle essentiel dans la poursuite du développement des relations entre les deux pays. Le chef de la diplomatie russe a exprimé sa gratitude envers le Laos pour sa position «objective et équilibrée» sur la crise ukrainienne, saluant tout particulièrement la contribution laotienne dans l’aide humanitaire, incluant la réhabilitation des soldats russes ayant participé à l’opération spéciale. S. Lavrov a également insisté sur la nécessité de s’attaquer aux causes profondes de ce conflit, afin d’assurer que l’Ukraine ne constitue plus une menace pour les droits de l’homme et des minorités ni pour la sécurité de la Russie et d’autres États de la région.

Lors de la conférence de presse, S. Lavrov a abordé la décision de l’OTAN d’augmenter les dépenses militaires à 5 % du PIB. Il a affirmé que cette mesure «n’aura aucun effet significatif sur la sécurité de la Russie», soulignant que la Russie dispose des moyens nécessaires pour assurer sa sécurité, quel que soit le niveau de dépenses de l’Alliance. Il a ajouté que ce renforcement budgétaire ne pénalisera en réalité que les contribuables européens, dont les impôts seront prélevés pour financer «un conflit insensé en Ukraine», car aucun État européen, malgré son désir de vaincre la Russie, n’y parviendra.

S. Lavrov a également dénoncé l’attitude provocatrice de certains gouvernements occidentaux vis-à-vis de la Russie : «Tout le monde le sait, non seulement l’Europe est fière d’avoir permis de faire sauter les Nord Streams, mais elle est également prête à tout faire pour qu’ils ne reprennent leur fonctionnement en aucune manière. C’est une sorte de masochisme politique, mais il repose sur la rage de certains dirigeants voyant que la Russie veut, et continuera toujours, à mener une politique indépendante et à assurer ses intérêts.» Il a ajouté que si la voie politique est toujours privilégiée, la Russie est prête à «payer n’importe quel prix» pour défendre ses positions, notamment contre les tentatives de l’Occident de l’encercler militairement ou de la marginaliser.

Le chef de la diplomatie russe a aussi jugé ridicule la posture adoptée par certains membres de l’OTAN, qualifiant leurs intentions de «fanfaronesques», et a rejeté toute idée d’un isolement diplomatique ou militaire de la Russie. Il a affirmé que Moscou ne sera pas reléguée aux marges de la politique mondiale et ne sera pas encerclée par des bases militaires de l’Alliance.

Sur la question iranienne, S.Lavrov s’est engagé en faveur de la poursuite de la coopération entre l’Iran et l’AIEA, malgré la décision du parlement iranien de suspendre cette collaboration. Il a rappelé la fatwa du Guide suprême d’Iran interdisant toute intention nucléaire militaire et a appelé à un respect scrupuleux des garanties de sécurité des installations nucléaires iraniennes.

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