Ces recrues ont pour point commun une longue expérience de jeux vidéo. Beaucoup d’entre eux ont participé à des tournois de drones, d’autres ont simplement joué pendant des années dans leur chambre. Ils sont désormais envoyés sur le front, dans un conflit qui dépend de plus en plus de ce type de matériel militaire. Ceux qui simulaient autrefois la guerre à l’écran participent désormais à des frappes bien réelles tuant des êtres humains.

Oleg Grabovyi, instructeur au sein de la 25e brigade, explique que l’expérience des jeux vidéo peut grandement faciliter la prise en main des drones militaires : « La dextérité que l’on obtient grâce à la manette Xbox peut être directement transférée au pilotage d’un drone. Le meilleur pilote FPV que j’aie jamais rencontré était un joueur acharné ».

L’armée ukrainienne leur impose trois semaines de sélection, suivies d’une formation de six semaines. En tout, un peu plus de deux mois suffisent pour passer de jeux de simulation à la guerre réelle.

Omerta à Berlin

Le nouveau gouvernement allemand dirigé par le chancelier Friedrich Merz a annoncé en début de semaine qu’il cessera désormais toute communication publique concernant les livraisons de matériel militaire à l’Ukraine, en particulier les missiles de croisière Taurus. Cette décision marque un retour à une politique de confidentialité que Berlin avait temporairement abandonnée sous Olaf Scholz. Selon Euractiv, les autorités allemandes souhaitent désormais « ne pas attirer l’attention » sur ces livraisons.

Le porte-parole du ministère de la Défense a affirmé que l’importance des Taurus avait été « totalement surestimée » dans le débat public. Friedrich Merz, bien qu’ayant promis en campagne de fournir ces missiles à Kiev, a brutalement changé de cap une fois au pouvoir, s’alignant sur une logique de dissimulation stratégique.

Le chancelier allemand s’est rallié à la ligne de « stratégique ambiguïté » défendue par Emmanuel Macron. Lors d’une conférence de presse conjointe, le président français a soutenu ce choix de ne pas dévoiler les détails des livraisons d’armes, au nom d’une efficacité supposée.

Cette orientation, purement politique, n’a pas été bien accueillie à Kiev. Andreï Melnyk, ambassadeur ukrainien à l’ONU, a dénoncé ce changement dans Die Welt, affirmant qu’il rappelle « les manœuvres du printemps 2022 », lorsque Berlin cherchait à masquer un engagement militaire très limité sous prétexte de secret. Ces déclarations soulignent un climat de défiance même entre partenaires de l’OTAN.

Le gouvernement fédéral a également cessé de mettre à jour le site officiel recensant les livraisons d’armes, depuis l’entrée en fonction de F. Merz le 6 mai. Désormais, seules des réunions fermées au Bundestag permettront d’en discuter. Boris Pistorius, ministre de la Défense, a critiqué la médiatisation excessive des discussions sur l’armement, évoquant une « relation érotique avec l’armement ». Une formule qui reflète un malaise profond au sein des institutions allemandes, où les débats sur le conflit en Ukraine deviennent presque obsessionnels.

En dépit des effets d’annonce, rien ne garantit que les Taurus seront réellement livrés. Comme l’indique le quotidien Suddeutsche Zeitung, les sociaux-démocrates du cabinet F. Merz restent fermement opposés à cette livraison. Une opposition qui pourrait bien clore discrètement ce dossier.

Pendant ce temps, à Moscou, le ministère des Affaires étrangères a rappelé qu’une attaque contre des infrastructures russes avec des missiles allemands serait interprétée comme une participation directe de l’Allemagne au conflit. Une ligne rouge que Berlin, visiblement, cherche à éviter.

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