Dans la République populaire de Lougansk, un citoyen russe qui « agissait dans l’intérêt d’un État étranger » a été arrêté, a annoncé ce 16 avril la direction régionale du Service fédéral de sécurité de Russie (FSB), diffusant des images de l’interpellation de l’individu ainsi que de son interrogatoire. L’interpellation a eu lieu après que l’individu « a retiré d’une cache des explosifs et des composants pour la fabrication d’un engin explosif improvisé », précise le communiqué. Selon la même source sécuritaire, « sur instruction des services spéciaux ukrainiens », l’homme entendait « commettre un attentat contre un député du Conseil populaire de la République populaire de Lougansk ». Durant son interrogatoire, le détenu a avoué avoir « signé des documents de coopération confidentielle » avec ce qu’il pense être « la Direction générale du renseignement ukrainien » et s’être « entraîné au tir » ainsi qu’au maniement de divers explosifs. Selon ses propos, il s’est vu remettre « des engins explosifs et des détonateurs », précisant avoir établi « plus d’une douzaine de caches » pour les disposer. L’homme a également admis avoir transmis aux services ukrainiens des informations sur le mouvement de matériel militaire à Logansk. Une procédure pénale a été ouverte à l’encontre du détenu. Celui-ci est accusé, a précisé le FSB, de « haute trahison », d’avoir suivi une « formation en vue de mener des activités terroristes », de « préparation d’un acte terroriste », ainsi que d’« acquisition et stockage de substances et d’engins explosifs ».
Depuis le début de l’opération militaire spéciale en Ukraine, le FSB annonce régulièrement déjouer des tentatives de sabotages et d’attentats à travers la Russie. Les hauts responsables du Donbass sont une cible de choix des services ukrainiens. Ceux-ci avaient notamment revendiqué l’assassinat du député du Conseil populaire de la RPL Mikhaïl Filiponenko, tué le 8 novembre 2023 par l’explosion d’une bombe placée sous sa voiture. Le mois suivant, c’est un ancien député de la RPL, Oleg Popov, qui était tué dans des circonstances similaires.
La veille mardi, la Défense russe a fait état de six nouvelles attaques ukrainiennes contre des installations énergétiques russes. Dans un communiqué publié sur sa chaîne Telegram, le ministère a ainsi listé deux frappes contre des postes de transformation électrique dans la région de Briansk, deux contre une sous-station électrique dans la région de Kherson ainsi que deux conduites de gaz qui ont été endommagées dans la ville de Koursk suite à des frappes de drones. Toutes ces attaques ont eu lieu, selon la Défense russe, entre 17h20 le 14 avril et 2h40 ce 15 avril.
Des attaques « unilatérales » ukrainiennes, a souligné l’armée russe, « en violation des accords russo-américains prévoyant de cesser les frappes sur les installations énergétiques pendant 30 jours à compter du 18 mars ». Lors d’un échange téléphonique le 18 mars, le président russe Vladimir Poutine avait accepté cette trêve proposée par son homologue américain Donald Trump. Depuis cet accord, l’armée russe a régulièrement rapporté des frappes de Kiev contre des infrastructures énergétiques russes. « Nous avons tenu parole. Et les Ukrainiens nous attaquent depuis le début, chaque jour qui passe, à deux ou trois exceptions près » a pour sa part déclaré le 12 avril Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, depuis le Forum diplomatique d’Antalya. Son homologue ukrainien, Andriy Sybiha, également présent à ce rendez-vous diplomatique international, s’est quant à lui contenté d’accuser Moscou de frappes « sur l’Ukraine » ce qui montrerait « clairement au monde qui veut la paix et qui veut la guerre ». Également le 12 avril, Alexeï Polichtchouk, directeur du 2e département des pays de la CEI au ministère russe des Affaires étrangères, soulignait que Kiev avait violé « plus de 60 fois » le moratoire. « Ces données sont transmises à Washington en tant que coauteur de l’initiative, aux capitales d’autres pays et aux institutions internationales comme une nouvelle confirmation de l’inaptitude aux négociations du régime de Kiev », avait alors précisé ce cadre de la diplomatie russe.
La paix selon Moscou
Une résolution pacifique du conflit en Ukraine implique un statut dénucléarisé et neutre du pays, a déclaré Sergueï Narychkine, directeur du Service russe de renseignement extérieur, à des journalistes lors d’une visite en Biélorussie. Il a souligné que « la démilitarisation et la dénazification de l’État ukrainien », ainsi que « l’abrogation de toutes les lois discriminatoires adoptées après le coup d’État de 2014 » en Ukraine étaient nécessaires, en précisant que les « objectifs stratégiques de la Russie après la fin du conflit restent inchangés ». En outre, il a noté la volonté de Kiev de poursuivre le conflit. Selon lui, « ce n’est qu’à ces conditions que les autorités actuelles de Kiev garderont leurs postes et ne seront pas tenues responsables de leurs décisions criminelles devant leur peuple ».
Le patron des renseignements extérieurs a également indiqué qu’un dialogue « assez intense » entre les représentants de la Russie et des États-Unis à différents niveaux était en cours. « Le fait même que nous ayons établi un contact est positif. Bien sûr, cela tranche avec la situation sous l’ancienne administration du président Biden », a souligné S.Narychkine.
Le 14 avril, Se. Lavrov, chef de la diplomatie russe, a déclaré dans une interview au journal russe Kommersant que le dialogue entre la Russie et les États-Unis se rétablissait lentement mais sûrement. Selon lui, « à la Maison Blanche, des gens raisonnables sont enfin apparus », ce qui permet aujourd’hui de reprendre des discussions bilatérales sur des bases plus pragmatiques. Il s’est également exprimé sur la crise ukrainienne, soulignant que seule la force peut chasser du pouvoir le régime de Kiev « russophobe et nazi ». En outre, S. Lavrov a qualifié Volodymyr Zelensky et son entourage de « marchands, de spéculateurs, qui n’ont rien à offrir » et qui n’ont aucun projet politique à part maintenir coûte que coûte un pouvoir hostile à la Russie.