En utilisant les données du trafic maritime, des communications radio interceptés, et grâce aux AIS des bateaux (ce système d’identification et de géolocalisation des navires), les journalistes ont traqué les mouvements d’une cinquantaine de bateaux russes qui ont navigué ces dix dernières années près, d’infrastructures pétro-gazières ou de zones d’entraînement militaires, notamment lors d’exercices menés par les forces de l’Otan.
Les résultats des journalistes sont corroborés par différents services de renseignements nordiques, ainsi, le directeur du renseignement norvégien confirme notamment qu’un détecteur d’ondes a été saisi sur un bateau de pêche russe, qui récoltait visiblement des informations en plus de son activité commerciale.
D’autres, sont des bateaux plus fantômes, aux mouvements suspects, et leurs activités semblent être directement supervisés par l’armée russe : l’Admiral-Vladimorsky par exemple, qui est officiellement un navire de recherche océanographique, aurait servi à cartographier les infrastructures des fonds marins : câbles internet, oléoducs ou réseaux électriques reliant les éoliennes en mer, en mer Baltique et en mer du Nord.
Une équipe de télévision danoise s’est approchée de ce bateau et a réussi à filmer le moment où plusieurs hommes masqués apparaissent sur le pont, l’un d’eux est en uniforme, il porte un gilet pare-balle et un fusil d’assaut automatique russe.
« La guerre de l’ombre » (« Skuggkrieget » en suédois) est une série journalistique haletante en trois parties de trois heures chacune. Les deux prochains épisodes diffusés le 26 avril et le 3 mai sur les chaînes SVT, DR, NRK and Yle, devraient lever le voile sur ce que les enquêteurs jugent confondant pour Moscou. Dommage que le même intérêt n’ait pas été aussi focalisé sur les opérations de l’Otan dans la région.