« Nous artistes et acteur.ice.s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux.se.s tandis qu’un génocide est en cours à Gaza », indique ce texte cosigné par quelque 380 artistes, dont le cinéaste suédois lauréat de deux Palmes d’or Ruben Östlund, le réalisateur canadien David Cronenberg et l’acteur espagnol Javier Bardem. 

Leur tribune rend hommage à la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, tuée dans un bombardement israélien mi-avril et héroïne d’un documentaire programmé dans le cadre du festival de Cannes, qui débute mardi. « Dix de ses proches, dont sa sœur enceinte, ont été tué.es par cette même frappe israélienne », indique la tribune. « Pour Fatma, pour tous ceux qui meurent dans l’indifférence. Le cinéma se doit de porter leurs messages, de refléter nos sociétés. Agissons avant qu’il ne soit trop tard », conclut le texte. 

La tribune s’émeut également de « l’absence de soutien » de l’Académie des Oscars quand le Palestinien Hamdan Ballal a été attaqué par des colons israéliens fin mars, quelques jours après avoir été oscarisé pour son documentaire « No Other Land ». « Une telle passivité nous fait honte », écrivent les signataires. 

« A quoi servent nos métiers si ce n’est à tirer des leçons de l’Histoire, des films engagés, si nous ne sommes pas présent.e.s pour protéger les voix opprimées ? », demandent les 380 signataires de cet appel, qui devait aussi paraître dans Variety, la bible américaine du cinéma. Ils exhortent à agir « pour toutes celles et ceux qui meurent dans l’indifférence ». « Le cinéma se doit de porter leurs messages », écrivent-ils encore. « Pourquoi le cinéma, vivier d’œuvres sociales, engagées, paraît se désintéresser de l’horreur du réel, de l’oppression subie par nos consœurs et confrères ? », s’interrogent-il, appelant à agir « pour toutes celles et ceux qui meurent dans l’indifférence ». 

« Le cinéma se doit de porter leurs messages », écrivent-ils. 

Censure à la BBC  

Plus de 600 personnalités du monde du cinéma, des médias et de la culture ont critiqué, lundi, la « partialité des reportages » de la BBC, exhortant le média britannique à diffuser un documentaire sur la situation critique des médecins à Gaza, dont la diffusion a été reportée à plusieurs reprises. 

La lettre ouverte, adressée à Tim Davie, directeur général de la BBC, demande la diffusion de « Gaza : Medics Under Fire (Gaza : les médecins sous le feu), qui documente les expériences des professionnels de la santé palestiniens opérant sous les bombardements israéliens. 

Parmi les signataires figurent l’actrice américaine oscarisée Susan Sarandon, le comédien Frankie Boyle et Lindsey Hilsum, journaliste de télévision et écrivain anglais. Selon la lettre, 130 personnes non identifiées ont également signé, dont plus d’une douzaine de membres du personnel de la BBC. 

« Nous vous écrivons à nouveau pour vous faire part de notre profonde inquiétude concernant la censure des voix palestiniennes – cette fois-ci, celles des médecins qui opèrent dans des conditions insoutenables à Gaza », peut-on lire dans la lettre. 

Les signataires ont accusé la BBC de « faire preuve de partialité » dans ses reportages sur Gaza et ont exprimé leur inquiétude quant à la « neutralité et l’impartialité » du média public britannique. « Elle a retardé à plusieurs reprises la diffusion de Gaza : Medics Under Fire, un documentaire réalisé par des cinéastes nominés aux Oscars, récompensés aux Emmy et Peabody, dont Ben de Pear, Karim Shah et Ramita Navai », indique la lettre.  

Le documentaire décrit les attaques contre les professionnels de la santé et les hôpitaux palestiniens à Gaza dans le cadre des attaques israéliennes en cours qui ont tué près de 52 900 Palestiniens depuis le 7 octobre 2023. 

Dans un communiqué, « Health Workers 4 Palestine » (Travailleurs de la Santé pour la Palestine) a déclaré que « les professionnels de la santé présentés dans ce documentaire ont été témoins de l’assassinat d’innombrables collègues et ont risqué leur vie non seulement pour soigner leurs patients, mais aussi pour documenter et dénoncer le ciblage incessant par Israël des infrastructures et du personnel de santé. » 

Exprimant sa solidarité avec les médecins de Gaza « dont les voix sont réduites au silence », le groupe a déclaré que leurs récits étaient « enterrés par la bureaucratie et la censure politique ». 

« Si les voix des médecins palestiniens ne sont pas considérées comme crédibles – tout comme les voix des enfants palestiniens étaient auparavant rejetées – alors quelles voix la BBC considère-t-elle comme légitimes ? », a demandé le groupe. 

Basement Films, société de production qui a permis la réalisation du documentaire, a également critiqué ce report, en déclarant que « chaque jour où ce film est retardé, la BBC faillit à son engagement d’informer le public, faillit à sa responsabilité journalistique de rapporter la vérité, et faillit à son devoir de diligence envers ces courageux intervenants ». 

La BBC est de plus en plus décriée pour sa couverture du conflit de Gaza. La semaine dernière, des manifestants se sont rassemblés devant le siège londonien de la chaîne, l’accusant de « passer sous silence un génocide » ; la BBC aurait en effet mis de côté un autre documentaire intitulé « Gaza : How to Survive a War Zone » (Gaza : comment survivre dans une zone de guerre). 

La crise humanitaire continue de s’aggraver dans la Bande de Gaza. Selon la Banque mondiale, près de 2,4 millions de personnes sont désormais entièrement dépendantes de l’aide, et Israël maintient, depuis près de 9 semaines, la fermeture des points de passage frontaliers de Gaza, empêchant l’acheminement de l’aide humanitaire. Près de 52 900 Palestiniens ont été tués par la guerre génocidaire israélienne dans la Bande de Gaza depuis octobre 2023, dont une majorité de femmes et d’enfants. 

En novembre dernier, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et de son ancien ministre de la défense, Yoav Gallant, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité perpétrés dans la Bande de Gaza. Israël est également poursuivi pour « crime de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ) en raison de la guerre qu’il mène contre l’enclave palestinienne. 

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