Les Brigades al-Qassam ont assuré vendredi que leurs snipers ont ouvert le feu sur 4 militaires israéliens à Beit Hanoun, là où la pression israélienne s’exerce de manière épisodique pour en déloger la résistance. Sans succès. La veille jeudi, les médias israéliens ont rapporté un « grave incident de sécurité dans le nord de la bande de Gaza » qui a fait « un mort et sept blessés, dont certains grièvement, parmi les soldats israéliens à la suite d’un tir de missile antichar et d’une opération de sniper dans le nord de la bande de Gaza ». Craignant une attaque de snipers, la police israélienne a interdit aux colons d’entrer dans une zone adjacente à la bande de Gaza, dans la colonie de Sderot.

Des hélicoptères israéliens ont également été repérés survolant le nord de la bande de Gaza, et ont ensuite atterri à l’hôpital Soroka de Beersheba, transportant des soldats blessés sur place. Immédiatement, l’artillerie israélienne a bombardé les lieux, et des chasseurs israéliens ont effectué des raids sur la zone de combat pour pouvoir évacuer les soldats. Les médias israéliens ont rappelé que « la force israélienne a été attaquée à l’est de la ville de Gaza, près de Beit Hanoun, au même endroit où le véhicule militaire israélien avait été pris dans une embuscade quelques jours plus tôt ». À ce propos, les Brigades al-Qassam avaient revendiqué une embuscade complexe baptisée Briser l’épée à l’est de Beit Hanoun, ciblant une jeep militaire Storm appartenant au bataillon de collecte d’informations de combat de la division de Gaza avec un missile antichar, infligeant des pertes confirmées.

Les médias israéliens ont ajouté « qu’à l’arrivée des forces de soutien israéliennes, qui se sont précipitées à la rescousse, elles ont été ciblées par une bombe antipersonnel, faisant des victimes parmi son personnel ».

Barbarie sans pareille !

En parallèle, les massacres israéliens dans la bande se poursuivent sans répit. Depuis jeudi matin, au moins 80 martyrs ont été déplorés. A Jabalia, dans le nord, la Défense civile palestinienne a annoncé vendredi que 11 corps supplémentaires avaient été retrouvés dans une maison touchée la veille par une frappe israélienne, portant le bilan de ce bombardement à 23 morts. « Les équipes de la Défense civile ont récupéré 11 martyrs la nuit dernière et ce matin, à la suite du bombardement israélien qui a visé une maison habitée (…) à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza », s’ajoutant aux 12 corps déjà retrouvés, a déclaré à l’AFP Mohammed Al-Moughair, porte-parole de cette organisation de secouristes. Des enfants de 13 ans, 7 ans, un an et demi et un an font partie des martyrs. Deux autres corps ont aussi été retrouvés dans un commissariat de police de la même ville, qui hébergeait des déplacés et qui a été bombardé la veille, portant le bilan de cette autre frappe à 11 morts, a-t-il précisé.

Dans la ville de Gaza, le chiffre des martyrs s’est élevé à 28 dont 6 dans un raid sur le domicile de la famille al-Sarafiti dans le quartier Cheikh Redwan au nord-ouest. Il s’agit du détenu libéré Ali al-Sarafiti, de son épouse qui était enceinte de 7 mois et de ses 4 enfants. 2 autres citoyens ont péri dans un bombardement sur des gens dans le quartier Zeytoun au sud-est de la ville. Tandis que 5 martyrs ont été dégagés des décombres dans le quartier al-Touffah à l’est et 15 martyrs et blessés ont été recensés après le raid contre un appartement de la tour Siddiq au centre.

Les images d’un enfant qui a été projeté d’un bâtiment à un autre après le raid israélien sur son domicile familial ont été diffusées sur les réseaux.  Dans les images, on peut voir la partie supérieure du corps d’un autre enfant tué dans ce raid. Alors que Ali Faraj a eu la vie sauve, son père et ses 5 soeurs ont péri, sa mère a été épargnée.

Au sud de l’enclave, 12 martyrs ont été signalés dans le raid sur le domicile de la famille Najjar au sud de Khan Younes et 2 autres dans la région al-Attar. Les cadavres de 5 membres de la famille Abou Taima dont 3 enfants de 8, 6 et 4 ans ont été retrouvés après une attaque contre les tentes établies à al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younes. C’est la famille du détenu libéré Ali. « Pendant combien de temps est-ce que des civils sans armes continueront d’être pris pour cible dans leurs maisons et leurs tentes? », s’est indigné un membre de la famille, Rami Abu Taima, auprès de l’AFP. Rami a aussi perdu son fils de trois ans dans le bombardement. « On ne le trouvait pas. Je suis retourné dans la tente et je l’ai trouvé en feu », a-t-il dit.

Au centre de l’enclave, 3 membres de la famille Faraj Allah ont été signalés parmi les 7 martyrs tombés dans le raid sur des tentes de déplacés dans la region al-Sawarha à l’ouest de Nusseirat. Le raid d’un drone sur la localité al-Zawayda a tué 3 personnes dont un enfant.

Israël a menacé jeudi de lancer une offensive « plus vaste » à Gaza si les captifs israéliens n’étaient pas libérés du territoire palestinien. « Si nous ne constatons pas de progrès dans le retour des otages dans un avenir proche, nous étendrons nos activités à une opération plus vaste », a dit le lieutenant général Eyal Zamir lors d’une visite aux troupes israéliennes dans le territoire assiégé. Plus tôt jeudi, les habitants des localités de Beit Hanoun et de Cheikh Zayed, dans le nord de la bande de Gaza, ont été appelés à évacuer avant « une frappe puissante », ciblant une zone accusée d’abriter « des opérations de snipers et des activités terroristes ».

Famine extrême

Selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, en un mois, un demi-million de Palestiniens ont été contraints au déplacement et les gens sont confinés dans un tiers dangereux de l’enclave. Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d’un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza, tuant au moins 1.978 Palestiniens et blessant 5.207 autres , selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé de Gaza.

Le Bureau des médias du gouvernement dans la bande de Gaza a mis en garde contre une aggravation sans précédent de la catastrophe humanitaire, notant que la bande de Gaza approche du stade de la « mort de masse » en raison de la poursuite du blocus israélien complet qui empêche l’entrée de nourriture et d’aide humanitaire depuis plus de 55 jours.

Dans un communiqué de presse publié vendredi, il assure que « la famine n’est plus une menace potentielle, mais est devenue une réalité amère qui menace la vie de plus de 2,4 millions de Palestiniens ». Faisant état de 52 décès dus à la faim et à la malnutrition, dont 50 enfants, il a ajouté que plus de 60.000 enfants à Gaza souffrent de malnutrition sévère, tandis que plus d’un million d’enfants se plaignent de la faim quotidienne. Des milliers de familles ne sont plus en mesure d’assurer un seul repas pour leurs enfants, a déploré le bureau selon lequel l’infrastructure dans la bande de Gaza est en train de s’effondrer presque complètement. Il précise que 38 hôpitaux sont désormais hors service à la suite de bombardements israéliens ou de destructions directes, et que plus de 90 % des usines d’eau et de dessalement ont été arrêtées en raison du manque de carburant et pour avoir été bombardées plusieurs fois. Il a également souligné que toutes les boulangeries sont fermées en raison d’une pénurie de farine et de carburant.

Le Bureau a exprimé sa ferme condamnation du « crime systématique de famine » pratiqué par l’occupation israélienne contre les habitants de la bande de Gaza, tout en dénonçant le « silence international erroné » à l’égard de ce crime, qui constitue une violation flagrante du droit international humanitaire. Selon lui, « l’occupation porte l’entière responsabilité de ce désastre, ainsi que les pays qui lui apportent un soutien politique et militaire, à leur tête les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et la France », qu’il considère comme « complices du crime ».

Le Bureau a appelé à l’ouverture immédiate d’un couloir humanitaire, tout en appelant à la formation de commissions internationales indépendantes. La déclaration a souligné l’importance d’une intervention internationale urgente pour mettre fin à la politique de siège et de famine, appelant à la fin du blocus imposé à la bande de Gaza depuis 18 ans.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a annoncé vendredi avoir « épuisé tous ses stocks » à Gaza. Cette instance, une des principales organisations internationales fournissant de la nourriture au territoire, a annoncé vendredi avoir livré « ses derniers stocks alimentaires aux cuisines servant des repas chauds dans la bande de Gaza ». Ajoutant que « ces cuisines devraient être totalement à court de nourriture dans les prochains jours ».  

Mutisme occidental

Espen Barth, ministre norvégien des Affaires étrangères, a critiqué le mutisme occidental envers le génocide israélien en cours dans la bande de Gaza. « De nombreux ministres des Affaires étrangères occidentaux commettent une grave erreur en n’exprimant pas leur point de vue », a-t-il affirmé tout en ajoutant que « la Norvège n’est pas restée silencieuse et a été parmi les premiers pays à appeler à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza ». La seule solution au conflit en cours au Moyen-Orient est la « solution à deux États », et l’alternative est la « violence éternelle », a-t-il réitéré.

Depuis la France, les députés de La France Insoumise (LFI) ont demandé au préfet l’« interdiction immédiate » du concert du chanteur israélien, Eyal Golan, prévu le 20 mai au Dôme de Paris. Ils ont affirmé que le prétendu artiste est un « véritable porte-voix pour les soutiens du génocide ». Il avait appelé à « éliminer Gaza » et « ne pas y laisser âme qui vive », paroles qui lui auraient valu le soutien israélien d’Itamar Ben Gvir, actuel ministre de la Sécurité nationale, et partisan de la poursuite du génocide en cours contre les Gazaouis. Dans un communiqué, les députés LFI ont ajouté que « la France ne peut tolérer ce énième affront à l’encontre des milliers de victimes gazaouis et de leurs proches. »

Aux Etats-Unis d’Amérique, là où niche une administration complètement acquise à Israël, des Universitaires ont hué Itamar Ben Gvir, ministre sioniste de la Sécurité nationale, pour son soutien au génocide en cours à Gaza. Le génocidaire avait participé jeudi à une conférence organisée à l’université de Yale dans le Connecticut. À sa sortie, des centaines d’étudiants qui l’attendaient ont jeté des bouteilles d’eau sur lui et son équipe.

A rappeler aussi qu’à l’heure où le monde a les yeux tournés vers Gaza, d’autres violences continuent de nourrir la chronique en la Cisjordanie occupée. Naplouse, Qalqilya, ou encore les abords de Jénine, les raids de l’armée israélienne dans des localités palestiniennes s’intensifient ces dernières heures. Les attaques de colons aussi. Une réalité qui renvoie à la vacuité de la politique adoptée par l’Autorité palestinienne qui tend la main à Tel-Aviv alors que les responsables sionistes, avec l’appui de leurs alliés occidentaux, ont enterré les accords d’Oslo…

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