Dans ses communications devant les parlementaires italiens, à la veille du Conseil européen, G. Meloni, dont l’exécutif d’extrême droite est le seul des grands pays européens à avoir été renforcé par le scrutin européen, a exprimé sa plus vive colère contre l’isolement de l’ECR. Son groupe n’ayant pas été impliqué dans le choix de la grande coalition de la droite (PPE) des socialistes (S&D) et des centristes (Renew Europe) sur la répartition de trois top jobs de l’UE. Son visage sévère, son ton moralisateur, en ont dit autant que les paroles qu’elle a prononcées devant les députés et les sénateurs sur la position de son gouvernement. Rappelant que son groupe des Conservateurs est la troisième force au Parlement européen, avec 83 députés, elle a durement attaqué les familles populaires, socialistes et libérales.

« La logique du consensus est supplantée par la logique oligarchique de certains partis qui prétendent pouvoir prendre des décisions aussi bien pour les forces politiques adversaires que pour les nations considérées trop petites pour mériter de s’asseoir aux tables qui comptent », a déclaré G. Meloni. « L’erreur qui est en train de se produire, avec l’imposition d’une majorité fragile, est une grave erreur. Je souhaite que notre pays soit représenté au mieux dans les hauts postes de l’Union européenne ».

Le casting est connu depuis plusieurs mois : la conservatrice allemande U. von der Leyen àla présidence de la Commission, le Portugais socialiste Antonio Costa à la tête du Conseil européen et l’Estonienne libérale Kaja Kallas comme diplomate en cheffe. L’accord attendu à Bruxelles ne serait donc qu’une formalité, sauf que G. Meloni n’a pas du tout aimé être tenue à l’écart des discussions.

« Le vote sur les top jobs est probablement rendu plus compliqué », euphémise une source à Bruxelles. À Paris, l’entourage d’E. Macron balaie la colère de Rome : la règle est la règle, rappelle un conseiller, le trio a été validé par la coalition qui domine l’hémicycle européen.

G. Meloni a laissé entendre qu’elle pourrait s’abstenir de participer à la décision finale sur les postes clés de la Commission européenne. Si elle n’a pas techniquement les moyens de faire capoter cet accord, son coup de colère viserait plutôt à faire monter les enchères pour obtenir des postes clés dans la future Commission.

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