Ces élections générales sont les plus grandes jamais organisées au Mexique. Elles sont aussi les plus violentes. Au total, 31 candidats ont été assassinés en neuf mois de campagne. La base de données Voter entre les balles, alimentée par l’organisation citoyenne Data Cívica, recense environ 600 attaques et agressions liées à la politique au cours de cette dernière année.

Dimanche 2 juin 2024, en plus d’élire pour la première fois une femme présidente, les Mexicains doivent se prononcer pour l’ensemble du Congrès (500 députés et 128 sénateurs), neuf gouverneurs d’État et une grande partie des conseils municipaux du pays. En tout, plus de 20 000 mandats seront renouvelés.

La violence électorale cible avant tout les enjeux locaux. Dans 77 % des cas, les victimes d’attaques politiques travaillent au niveau municipal, que ces gens soient fonctionnaires, élus ou candidats. Aucune région du Mexique n’est épargnée et la violence ne fait aucune distinction entre les partis.

La violence politico-électorale est le signal d’un conflit entre des groupes criminels pour le contrôle d’un territoire. La bataille se traduit sur le terrain électoral, en premier lieu dans les municipalités, pour obtenir l’accès à des postes stratégiques au sein de la police ou des administrations publiques. Un outil utilisé par le crime organisé pour influer sur la vie publique des États et protéger leurs activités délinquantes, analyse le rapport La démocratie bafouée de México Evalúa.

Le phénomène n’est pas nouveau. Même si l’année 2023 a été la plus violente jamais enregistrée, avec 353 assassinats de personnes impliquées dans la politique, l’organisation Data Cívica met en exergue que le nombre d’attaques a fortement augmenté en 2018. Pire, depuis les dernières élections municipales de 2021, les niveaux de violence n’ont pas baissé.

Les assassinats ont un impact négatif sur la participation dans les municipalités où ils ont eu lieu. La violence augmente la perception du risque de participer aux élections et la confiance des électeurs.

Le sujet dérange au sein de l’État et parmi la classe politique. À commencer par les candidats à la présidentielle : aucun des trois candidats n’a mentionné le sujet lors du troisième débat, pourtant consacré en partie au thème de la violence. Quant au président actuel Andrés Manuel López Obrador, il n’a eu de cesse de minimiser les violences électorales. Lors d’une conférence de presse donnée au Chiapas, le 17 mai, au lendemain du meurtre d’une candidate à la mairie du village de La Concordia dans le même État, il nie le nombre d’agressions ces derniers mois. Il qualifie les médias de « vautours » et les accuse « d’utiliser la douleur humaine ».

Le gouvernement a néanmoins annoncé offrir une protection fédérale à plus de 500 candidats à travers le pays. Une mesure insuffisante, puisque certains assassinats concernent des candidats qui en bénéficiaient. L’insécurité sera l’un des principaux défis pour celle qui deviendra présidente du Mexique. Le gouvernement actuel n’est pas parvenu à endiguer le fléau.

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