C’était attendu ! Dans un communiqué de son ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger, Alger a dénoncé «l’approche fondamentalement déséquilibrée consacrée par ce texte qui manque cruellement de responsabilité et de lucidité du fait du forcing malencontreux de certains membres influents dudit Conseil».
«L’Algérie, qui exprime sa pleine compréhension des constats et conclusions de la partie sahraouie, ne soutiendra pas cette résolution partiale qui a pour effet de conforter les prétentions exorbitantes de l’État occupant dont elle encourage l’intransigeance et les manœuvres visant à entraver et à pervertir le processus de décolonisation du Sahara occidental», ajoute la diplomatie algérienne.
S’adressant au nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, le voisin de l’Est dit attendre qu’il «inscrive strictement son mandat dans la mise en œuvre de la Résolution 690 (1991) portant le Plan de Règlement accepté par les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, et adopté unanimement par le Conseil de Sécurité».
Tournant le dos au vote massif au C.S de l’ONU (Moscou et Tunis se sont abstenus sans que Nairobi les rejoigne), Alger appelle la communauté internationale à « ne ménager aucun effort pour amener les deux parties à engager des pourparlers directs et francs, sans aucune condition préalable », en jugeant bon de rappeler à ce sujet la décision du Conseil de Paix et de sécurité de l’Union africaine adoptée en mars 2021. Alger qui apporte son soutien aux séparatistes du Polisario qui « guerroient » en dépit de l’accord de cessez-le-feu de 1991, a cru bon de mettre en garde la communauté internationale en soulignant que « toute démarche qui ignore le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui sera contre-productive, injuste, dangereuse, et ne fera qu’ajouter un surcroît de tension et d’instabilité dans la région.»

Tunis se rattrape…
Du côté tunisien, la réaction a été rapide puisque intervenant au cours de la journée de vendredi, c’est-à-dire le jour même où la décision du Conseil de sécurité a été portée à la connaissance du public. La Tunisie «accueille favorablement la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies» qui a décidé de proroger pour une année le mandat de la MINURSO.
Walid Hajjem, conseiller du Président de la République tunisienne, a salué la nomination de l’Italo-suédois Staffan de Mistura en tant que nouvel Envoyé personnel pour le Sahara, la qualifiant de «pas important pour faire avancer le processus de règlement politique et créer une dynamique positive pour poursuivre les efforts permettant de parvenir à une solution pacifique et soutenir ses efforts», indique une dépêche de l’agence TAP.
Ce repositionnement de la Tunisie intervient après sa surprenante abstention lors du vote de la nouvelle résolution sur le Sahara alors qu’un an plutôt, le même pays avait voté en faveur de la résolution de l’instance exécutive de l’ONU. Tunis tente de se rattraper au regard de l’évolution diplomatique de la question du Sahara favorable, on le devine, au Maroc.

Le billet Paris-New-York
On signalera que la France a réitéré, vendredi à New York, son appui au plan d’autonomie marocain comme une base «sérieuse et crédible» pour parvenir à une solution politique à la question du Sahara. «La France considère le plan d’autonomie marocain de 2007 comme une base sérieuse et crédible» pour le règlement de ce différend, a affirmé Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès de l’ONU, devant les membres du Conseil de sécurité suite à l’adoption de la résolution 2602 portant prorogation pour un an du mandat de la MINURSO.
Tout en appelant au «respect du cessez-le-feu», la France a souligné le «rôle essentiel» de la MINURSO pour «limiter le risque d’escalade et pour la stabilité de la région». La France a également exprimé son plein soutien au nouvel Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara, Staffan de Mistura.
«La résolution que nous venons d’adopter permet de réaffirmer le soutien du Conseil au processus politique qui doit être relancé dans le cadre des Nations-Unies. Sa prise de fonction, le 1er novembre, doit permettre de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable conformément aux résolutions de ce Conseil», a soutenu le représentant français.
Le jour même, les Etats-Unis ont réaffirmé à New York leur soutien à l’initiative marocaine d’autonomie comme la solution «sérieuse, crédible et réaliste au différend régional » autour du Sahara marocain. «Nous continuons à considérer le plan d’autonomie du Maroc comme sérieux, crédible et réaliste», pour satisfaire les aspirations des populations de la région à «un avenir pacifique et prospère», a indiqué le représentant des Etats-Unis au Conseil de sécurité, suite à l’adoption d’une résolution prorogeant d’une année le mandat de la MINURSO.
«En soutien à l’Envoyé personnel, les États-Unis continueront à mener des consultations privées sur la meilleure façon de parvenir à une solution réaliste, pragmatique, durable et mutuellement acceptable du différend, fondée sur le compromis», a souligné Richard Mills, représentant permanent adjoint américain. Les Etats-Unis ont également exhorté toutes les parties «à démontrer leur engagement en faveur de la paix en s’engageant dans le processus politique sans conditions préalables et de bonne foi».
En ce sens, le diplomate américain a relevé que la nomination de S. de Mistura comme Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara «offre une occasion, qui n’a que trop tardé, de revitaliser le processus politique mené par les Nations unies et de permettre aux parties de franchir un cap sur la voie d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies».
Le Conseil de sécurité de l’ONU a prorogé pour une année le mandat de la MINURSO, tout en consacrant, une fois de plus, la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie.

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