L’ouverture du Patron de Carthage est à nuancer. En effet, du « dialogue national » que le président Kaïs Saïed souhaite engager, il faut entendre des partenaires de son choix. Le chef de l’Etat tunisien réussira-t-il dans cette « manœuvre » alors que son pays est plongé depuis plusieurs mois dans une crise économique et politique aiguë ? La question reste posée. Même si l’ouverture de l’homme fort de la Tunisie a démarré avec une réception, dimanche, du leader du puissant syndicat du pays. Sauf que du tête-à-tête Noureddine Taboubi-Kaïs Saëd, rien n’a filtré.
En tout cas, pour l’instant, le nombre des interlocuteurs choisis par le locataire du Palais Carthage est assez réduit. Faisant l’impasse des partis politiques, K. Saïed a nommé un constitutionnaliste dont il est proche afin de chapeauter les travaux de rédaction d’un projet de Constitution qui sera soumis à l’approbation des Tunisiens via référendum cet été. Obtus, le Président tunisien a fait le pari sur « le passage en force » alors que la logique dictée par la crise incite à associer le plus grand nombre d’acteurs qui comptent au processus… K. Saïed estime que les différentes organisations politiques ont failli à leur mission onze ans après la révolution. Lui qui dit être attaché à la souveraineté de la Tunisie a déjà annoncé que les observateurs internationaux ne seront pas les bienvenus lors des prochaines échéances électorales.
L’homme fort de Carthage souhaite désormais œuvrer à l’avènement d’une nouvelle République en s’entourant d’un petit nombre de fidèles collaborateurs. La preuve ? La même démarche a aussi concerné le volet économique pour lequel une commission ad hoc sera également créée. Là aussi, le chef de l’Etat a placé un de ses soutiens inconditionnels à sa tête pour en superviser les travaux. Il s’agit en l’occurrence du bâtonnier de l’ordre des avocats.
Il y a lieu de rappeler que « la dérive autoritaire » meuble aujourd’hui la rhétorique nourrie par ses détracteurs. Lesquels n’hésitent pas à appeler, via des fronts de salut montés ici et là, à exprimer la colère de la rue à travers l’organisation de manifestations. La rue tunisienne continue à bouillonner…