Dans l’après-midi, les tirs ont été revendiqués par le général Yahia Saree, porte-parole des forces de Sanaa qui a indiqué qu’il s’agissait de deux missiles hypersoniques de type Palestine2 et Zoul-Fiqar, qui ont été tirés en direction « de l’aéroport Ben-Gourion et d’une cible stratégique ». le haut gradé précise que ces tirs sont « une réponse à l’assaut de la mosquée Al-Aqsa par des milliers de troupeaux juifs sionistes et à la profanation de ses cours saintes ».

Depuis la reprise de l’offensive israélienne génocidaire contre la bande de Gaza, en mars dernier, les forces armées de Sanaa qui avaient entamé dès le début de la guerre à Gaza des attaques de soutien au peuple palestinien à Gaza, ont revendiqué le tir de 41 missiles et des dizaines de drones en direction des territoires occupés en 1948, notamment en direction de l’aéroport Ben-Gourion. Interceptées dans leur majeure partie, selon les déclarations officielles israéliennes, elles n’en affecte pas moins le trafic aérien. D’innombrables compagnies aériennes internationales ont cessé leurs liaisons.

En représailles, l’entité sioniste a bombardé plusieurs fois des régions yéménites notamment le port de Hodeïda et l’aéroport de Sanaa, sans pour autant faire cesser les tirs de missiles yéménites. Sa dernière attaque remonte au 16 mai. Depuis les forces de Sanaa ont lancé plusieurs tirs de missiles.

Le Haaretz estime qu’Israël échoue dans sa tentative de dissuader les Houthis.

« Le cynisme initial entourant les attaques des Houthis s’est estompé », de sorte que « plus personne ne considère le Yémen comme une histoire courte et divertissante après plus d’un an et demi, et l’ampleur de ses conséquences sur le terrain est devenue évidente, notamment la poursuite des tirs de missiles sur Israël, la perturbation de la vie des gens et la réduction du nombre de compagnies aériennes étrangères à l’aéroport Ben-Gourion, malgré les frappes israéliennes. »

A la question de savoir les raisons pour lesquelles les forces de Sanaa peuvent survivre au milieu des troubles dramatiques au Moyen-Orient, voire même intensifier leurs attaques contre Israël, le Haaretz a interrogé l’experte Elizabeth Candle la présidente de l’Université de Cambridge. « Les Houthis bénéficient du relief accidenté du nord du Yémen, qui protège leurs dirigeants et leurs installations militaires, ainsi que de leur longue expérience de la guerre et de leur capacité d’adaptation aux pertes », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté qu’« il suffit d’ouvrir une carte du Yémen pour constater qu’ils contrôlent des zones extrêmement difficiles d’accès », notamment le gouvernorat de Saada, dans le nord du pays, foyer de l’organisation Ansarullah au pouvoir à Sanaa.

Inbal Nissim Lovaton, autre chercheuse au Forum de réflexion régionale et à l’Université de Tel Aviv, met l’accent, elle, sur l’aspect doctrinal religieux. « La motivation religieuse des Houthis renforce leur résilience, et leurs motivations s’étendent jusqu’à inclure la question palestinienne, car ils considèrent Israël comme un agent du projet colonial occidental », a-t-elle spécifié. Concernant les frappes aériennes israéliennes au Yémen elle indique que leur coût est estimé « à des millions de shekels par raid, compte tenu de l’absence de porte-avions israéliens dans la région et du recours croissant à la puissance aérienne plutôt qu’aux missiles ». Tout en faisant remarquer que malgré cela, « les résultats restent limités ». I.N. Lovaton constate une tendance « à des ripostes répétitives » dans les réponses israéliennes en bombardant des cibles qui ont déjà été ciblées, ce qui « ne parvient pas à dissuader les Houthis ni à limiter leur capacité de tir ».

Le Haaretz rappelle que l’une des raisons qui ont amené le président américain Donald Trump à accepter de cesser les opérations militaires au Yémen « était le coût énorme de l’opération – environ un milliard de dollars seulement au cours du premier mois », citant des sources de sécurité US qui ont parlé à CNN.

Rappelant les échecs précédents des USA et de l’Arabie saoudite pendant la guerre de 8 ans contre le Yémen, E. Candle attribue la difficulté de faire plier par les raids aériens et les assassinats les Houthis, « à leur mentalité autonome ».

Ce point de vue est selon le Haaretz partagé par I.N. Lovaton qui stigmatise « une structure houthie plus fragmentée, opérant par le biais d’unités de terrain indépendantes, ce qui limite l’efficacité des assassinats, et qui compte tenus des expériences précédentes n’ont pas conduit à un changement radical ».

Les deux chercheuses sont d’accord pour en conclure que « mettre fin à la menace houthie ne peut se faire uniquement par la force militaire, mais nécessite d’activer la carte interne.»

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