Dans les trente dernières années, les terres arides se sont étendues d’environ 4,3 millions km² – une superficie supérieure de près d’un tiers à celle de l’Inde, le septième plus grand pays du monde – et couvrent désormais 40,6 % de toutes les terres de la planète avec des conséquences désastreuses pour l’agriculture, les écosystèmes et les personnes qui y vivent.

Aux yeux d’Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention de l’ONU, le constat est implacable. « Pour la première fois, la crise de l’aridité a été documentée avec une clarté scientifique, révélant une menace existentielle », a-t-il déclaré. Aujourd’hui, 2,3 milliards de personnes – soit plus de 25 % de la population mondiale – vivent dans des zones arides. Et comme la planète continue de se réchauffer, à la fin du siècle, cinq milliards de personnes pourraient vivre dans de telles zones, avec des sols épuisés, des ressources en eau de plus en plus rares et la diminution ou l’effondrement d’écosystèmes autrefois florissants. Car contrairement aux sécheresses, qui sont des périodes temporaires de faibles précipitations, l’aridité représente une transformation permanente et implacable de l’environnement.

« Ces nouvelles données renforcent le fait que beaucoup de pays du continent africain sont déjà déclarés affectés par la désertification, sans parler de la bande du Sahel entre Dakar et Djibouti. Les scénarios qui sont issus du travail sur l’aridité et les projections de l’aridité dans le futur, face au développement économique mondial, montrent que ça va renforcer la nécessité de trouver des solutions et s’adapter à des contextes d’aridité, sur des questions de pratiques agricoles, de sélections variétales, de plantes adaptées à la sécheresse, énumère Jean-Luc Chotte, président du Comité scientifique français de la désertification. Ce que l’on pourrait craindre c’est que les solutions que l’on a aujourd’hui qui sont efficaces, demain et après-demain si, dans des zones qui ne sont pas arides, deviennent arides, ces solutions pourraient ne plus l’être. Ce rapport va permettre d’anticiper et de réagir en mettant en œuvre des pratiques qui vont permettre, sur le moyen et long terme, de s’adapter à l’évolution que l’on voit dans ce rapport. »

La quasi-totalité de l’Europe, l’ouest des USA, le Brésil, certaines parties de l’Asie et l’Afrique centrale sont particulièrement touchées par la tendance à l’assèchement. Ces données scientifiques doivent donc permettre de hisser ce sujet négligé en haut de l’agenda politique. Encore faut-il se rappeler, tacle l’un des auteurs du rapport, que la nourriture vient du sol et non des supermarchés.

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