Dans cette requête déposée auprès du Président de la Commission de l’Intérieur, des Collectivités territoriales de l’Urbanisme et des Affaires administratives, le groupe parlementaire s’appuie sur « les dispositions du règlement intérieur de la Chambre des représentants » pour légitimer cette interpellation par ailleurs justifiée par l’émoi suscité par l’assaut massif de l’enclave de Sebta ayant impliqué des centaines de mineurs et de jeunes. Ces derniers ont tenté de franchir la frontière, certains à la nage, d’autres en traversant le « point de passage frontalier ». Le groupe du PPS a également souligné que « certaines images circulant sur les réseaux sociaux, dont la véracité reste à vérifier, nuisent gravement à la réputation de notre pays et aux efforts déployés sur plusieurs fronts ». Référence est ainsi faite aux images qui ont défrayé la chronique montrant un groupe de jeunes, torses nus et mains croisées sur la tête, avec en toile de fond une estafette des Forces auxiliaires… Le PPS juge « essentiel d’ouvrir un débat entre le gouvernement et les représentants de la nation afin de clarifier toute confusion entourant ces événements, d’expliquer les contextes et les divergences d’interprétation, et d’analyser, en collaboration avec les institutions exécutive et législative, les raisons sous-jacentes qui poussent ces jeunes et mineurs à répondre à ces “appels suspects” à la migration collective et illégale ». Comme il réclame une discussion sur « les politiques publiques qui devraient être mises en place pour sortir des millions de jeunes de leur précarité sociale » et appelle à évaluer la gestion de ces situations par les autorités, tant sur les plans préventif que réactif, en se concentrant sur les aspects politiques, communicationnels, juridiques, de développement et de sécurité.

Au cours des derniers jours, la ville de Fnideq a été le théâtre d’une situation inédite avec l’afflux de milliers de jeunes et de mineurs venus de différentes régions du Maroc, tentant de franchir la frontière vers Sebta. Face à cette situation, les autorités marocaines ont réagi avec fermeté, déployant un important dispositif sécuritaire, procédant à l’arrestation de centaines de personnes et à leur rapatriement vers leurs villes d’origine.

Le Parti Mouvement populaire (MP-Opposition) n’a pas non plus manqué de réagir. C’est par la voie de Mohamed Ouzzine, son leader, que dénonciation a été faite de ce qu’il considère comme le silence du gouvernement face aux événements « graves » qui se sont produits autour de la ville de Fnideq et qui nuisent à l’image d’un « pays de la taille du Maroc, avec son modèle de développement remarquable et ses enjeux stratégiques établis par le pays grâce à la vision sage du roi Mohammed VI. » 

Il a appelé Mustapha Baïtas, ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé des relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, à révéler la vérité sur ce qui s’est passé et se passe autour de la ville au lieu de laisser l’opinion publique nationale « en proie à des nouvelles et des images où se mêlent fausseté et réalité, jusqu’à ce que les choses en viennent à la diffusion de vidéos et de photos qui portent atteinte aux efforts nobles des diverses forces publiques et autorités locales, et visent à saper leurs sacrifices héroïques pour protéger la réputation de la nation et préserver les jeunes générations. »

Le député du MP a également rendu hommage à la gestion « avec vigilance et sagesse par les forces publiques »  de cette grave crise, dont les « répercussions et les causes, selon lui, interrogent chacun à son niveau », assurant que « ces événements questionnent directement les concepteurs des politiques publiques destinées aux jeunes dans toutes ses dimensions ». En particulier à la lumière des rapports des institutions de gouvernance qui ont révélé des indicateurs et des chiffres mettant en garde sur les conditions précaires vécues par une large base de jeunes marocains, qui ont développé une conviction profonde qu’ils sont exclus des politiques publiques qui leur sont destinées.

M. Ouzzine a demandé, dans une interrogation adressée au porte-parole du gouvernement, de révéler la vision du gouvernement pour traiter les causes et les motivations du retour massif de l’immigration clandestine, et les alternatives gouvernementales pour élaborer de nouvelles politiques publiques garantissant l’intégration positive et effective des jeunes dans divers aspects de la vie publique et au cœur de l’État social et du nouveau modèle de développement.

Pour rappel, l’opération de sécurité intensive qui a duré plusieurs jours a abouti à l’arrestation de plus de 4.455 personnes, dont des milliers de Marocains, des dizaines de mineurs et des étrangers, tentant de prendre d’assaut l’enclave spoliée de Sebta.

Des sources marocaines responsables ont déclaré à l’agence de presse espagnole EFE que l’opération de sécurité menée par les autorités marocaines entre le 11 et le 16 septembre a révélé que ces candidats à l’immigration clandestine, pour la plupart marocains, ont tenté à plusieurs reprises d’atteindre Sebta de manière illégale. Ces opérations de sécurité ont conduit à l’arrestation de 3.795 Marocains adultes, 141 mineurs et 519 étrangers, tandis que 70 personnes ont été placées en garde à vue sous suspicion d’avoir organisé des opérations d’immigration illégale en provenance d’Afrique subsaharienne et d’Algérie. Ces chiffres n’incluent pas les arrestations survenues ce matin, lorsque de 80 à 100 jeunes ont lancé des pierres sur les forces publiques marocaines déployées près  de Tarajal, à l’entrée de Sebta depuis les collines voisines, rapporte l’agence EFE.

Comments are closed.

Exit mobile version