La décision de la Russie de remettre les photos satellite du port de Beyrouth vise à « aider l’enquête sur les causes de l’explosion », a expliqué S. Lavrov en recevant son homologue libanais. Le ministre russe des Affaires étrangères a précisé que les photos satellites ont été prises au printemps 2020, soit plusieurs mois avant la tragédie, et après la déflagration du 4 août.
L’explosion d’une énorme quantité de nitrate d’ammonium, entreposée au port de Beyrouth pendant des années sans mesures de précaution, avait fait plus de 215 morts et dévasté des quartiers entiers de la capitale libanaise. « Les chercheurs de Roscosmos disent que les experts devraient pouvoir comprendre, à partir de la nature des destructions, ce dont il s’agit, ce qui pourrait être lié » à ce drame, a encore déclaré S. Lavrov.
Quelques jours après l’explosion dévastatrice, le Liban avait demandé à la France les images prises par ses satellites de surveillance. Paris avait alors répondu que ses satellites n’étaient pas opérationnels dans la zone du port au moment de la tragédie. Les États-Unis non plus n’ont pas été d’un grand secours.
L’absence d’images satellite a alimenté pendant des mois l’hypothèse d’un tir de missile israélien qui aurait provoqué l’explosion. Une théorie renforcée par ce qui semblait être le vrombissement d’un avion entendu par une partie des habitants de Beyrouth quelques secondes seulement avant la double explosion.
Des images satellites prises au moment du drame auraient pu faire la lumière sur ce qui s’est réellement passé ce 4 août 2020. Ce qui n’est pas le cas des photos fournies par la Russie. Elles ne seront donc pas d’une grande utilité pour faire progresser l’enquête, comme l’a reconnu Vladimir Poutine fin octobre.
Aujourd’hui, la thèse de l’accident, provoquée par la négligence des dirigeants politiques et administratifs, semble privilégiée. Il faudra cependant attendre l’acte d’accusation pour en avoir le cœur net.
Avec ce geste de bonne volonté, la Russie veut se positionner dans la liste des pays intéressés par la reconstruction du port de Beyrouth, estimée à plusieurs milliards de dollars. La possibilité de voir « des compagnies russes participer à la restauration des infrastructures endommagées suite aux explosions » a été d’ailleurs évoquée entre les deux ministres.
Ca gaze !

Premier résultat du séjour moscovite du chef de la diplomatie libanaise, Novatek, producteur russe de gaz naturel, a annoncé envisager d’entamer le forage d’un nouveau puits sur le plateau continental libanais au début de l’année prochaine.
Les entretien Lvrov-Bou Habib avait notamment porté sur l’activité des compagnies Novatek et Rosneft visant à développer le secteur énergétique du Liban, a précisé le chef de la diplomatie russe. Il s’agit entre autres du développement d’un terminal pétrolier que possède Rosneft dans un port du pays.
Novatek est entrée au Liban en janvier 2018 au sein d’un consortium mené par Total avec la participation d’ENI. Le pays avait alors signé, dans le cadre du premier cycle de licence offshore, lancé par le gouvernement libanais en janvier 2017, des accords d’exploration et de production couvrant les blocs 4 et 9 situés au large du Liban, à l’est de la Méditerranée.
Or, le bloc 9 fait l’objet d’une dispute frontalière entre le Liban et Israël. Les deux pays ont actuellement repris les négociations sur la démarcation de la frontière. Le forage de prospection était prévu encore en 2019 mais avait été reporté en raison de l’épidémie de Covid-19 et de l’instabilité au Liban.
Rosneft s’est mise d’accord avec le Liban sur la gestion d’un terminal de stockage de pétrole à Tripoli, le port le plus important du nord du pays, pour 20 ans.
Le ministre russe a en outre espéré que le nouveau gouvernement libanais réussirait à mettre fin à la crise politico-institutionnelle ajoutant que des sociétés russes étaient prêtes à aider le pays à rétablir son secteur énergétique et à reconstruire le port de Beyrouth, dévasté par une double explosion en 2020.
En raison de problèmes liés aux livraisons de fioul, la compagnie nationale Électricité du Liban (EDL) a réduit au minimum, à l’été, les livraisons de courant à la population, ne fournissant plus que quelques heures d’électricité par jour. Les délestages électriques atteignaient quotidiennement jusqu’à 22 heures. Deux des principales centrales électriques du pays ont été immobilisées.
Le pays fait face à l’une des pires crises économiques au monde depuis 1850, selon la Banque mondiale. En effet, la livre libanaise a perdu 90% de sa valeur face au dollar sur le marché noir. Les coupures ont entraîné des perturbations des activités commerciales, des hôpitaux et des services publics. Une baisse des subventions étatiques a entraîné la hausse des prix du carburant et des protestations, ainsi que des queues devant les stations-service. Les particuliers et les entreprises dépendent radicalement des groupes électrogènes, alimentés en fioul.
L’État peine à importer du carburant, sur fond de dévaluation historique de la monnaie nationale et d’un assèchement des devises étrangères. Le pouvoir d’achat de la population s’est également effondré face à l’hyperinflation.
La réforme complète du secteur de l’électricité, qui a coûté plus de 40 milliards de dollars à l’État depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), fait partie des demandes de longue date de la communauté internationale pour débloquer des aides cruciales, rappelle l’AFP. Mais le pays a été géré, jusqu’en septembre 2021, lorsqu’un nouveau gouvernement a été formé, par un cabinet démissionnaire depuis l’explosion meurtrière au port de Beyrouth le 4 août 2020, en raison des interminables tractations des partis politiques qui n’arrivent pas à former une nouvelle équipe.

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