« Chypre fait partie de la solution et non pas du problème » : voilà les mots avec lesquels a rapidement réagi Nikos Christodoulides, président de la République de Chypre, après les menaces proférées, à la télévision, par le leader du Hezbollah. Des propos qualifiés de « déplaisants » par un porte-parole du gouvernement chypriote, qui rappelle que Chypre « n’est pas et ne sera pas impliquée dans un conflit ou une guerre ». Avant d’ajouter que les déclarations du Hezbollah « ne correspondent pas à la réalité ». Les faits démentent, à plus d’un titre, les assurances de Nicosie. L’armée sioniste a mené plusieurs manœuvres sur le sol chypriote qui simulent une guerre contre le Liban.

Pour rappel, le leader du Hezbollah avait assuré « détenir des informations » selon lesquelles Chypre, pays de l’Union européenne le plus proche des côtes du Moyen-Orient, ouvrirait « des aéroports et des bases », à Israël si ce pays était attaqué. Héritage de la colonisation, deux bases militaires présentes sur l’ile de Chypre sont toujours sous domination britannique et ce sont elles, a priori, qui sont dans le viseur du Hezbollah. Deux bases que ne contrôlent pas, donc, les autorités chypriotes, d’où sont déjà parties ces derniers mois des avions menant des raids contre les rebelles houthis au Yémen. Outre les avions-espions qui survolent Gaza et fournissent l’assistance en renseignements à l’armée sioniste.

Depuis le début du conflit à Gaza, Chypre a cependant surtout fait parler d’elle pour l’aide humanitaire transférée depuis le port de Larnaca à destination de Gaza. Bruxelles a apporté son soutien à Nicosie, rappelant qu’une menace contre « un État membre » est « une menace contre l’Union européenne » elle-même.

Le chef du Hezbollah a menacé Chypre de représailles si les aéroports de l’île était mis à disposition de l’aviation israélienne en cas de guerre totale. « L’ouverture des aéroports et des bases chypriotes à l’ennemi israélien pour cibler le Liban signifierait que le gouvernement chypriote est partie prenante de la guerre », a-t-il affirmé.

L’armée israélienne a indiqué dans la soirée de mardi 18 juin avoir approuvé des plans d’offensive au Liban sur fond d’intensification des affrontements transfrontaliers avec le Hezbollah.  Dans le cadre d’une « évaluation de la situation » menée mardi en présence du général de division Ori Gordin, commandant de la région militaire nord et du chef de la direction des opérations, le général de division Oded Basiuk, « des plans opérationnels pour une offensive au Liban ont été approuvés et validés », indique l’armée sioniste dans un bref communiqué. Il a également été décidé de « continuer d’améliorer la préparation des troupes sur le terrain », ajoute le texte.

Vendredi,  Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a dénoncé la « rhétorique belliqueuse » d’Israël et du Hezbollah qui fait craindre une catastrophe « inimaginable ». « Soyons clairs: la population de la région et la population du monde ne peuvent pas se permettre que le Liban devienne un autre Gaza », a-t-il lancé à la presse. « Le risque d’extension du conflit au Moyen-Orient est réel et doit être évité. Un geste irréfléchi, une erreur de calcul, pourraient provoquer une catastrophe largement au-delà de la frontière, et franchement inimaginable », a-t-il mis en garde.

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