Le Conseil a jugé approprié de maintenir l’orientation actuelle de la politique monétaire. Il a ainsi décidé de garder le taux directeur inchangé à 2,75%, tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et sociale, indique un communiqué BAM.

D’après la même source, l’inflation évolue à des niveaux modérés depuis le début de l’année, reflétant essentiellement la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils et le ralentissement de sa composante sous-jacente. Cette dernière, après s’être établie à 5,6% en 2023, oscille autour de 2% et resterait, selon les projections de BAM, proche de ce taux au cours des huit prochains trimestres.

Tenant compte notamment des changements annoncés concernant les subventions des prix des produits de base, et sous l’hypothèse d’une variation limitée à moyen terme des prix des produits alimentaires à prix volatils, l’inflation globale devrait décélérer de 6,1% en 2023 à 1,3% cette année avant de s’accélérer à 2,5% en 2025.

Le Conseil a aussi noté le renforcement de l’ancrage des anticipations d’inflation telles qu’elles ressortent de l’enquête trimestrielle de BAM auprès des experts du secteur financier. Celles-ci sont revenues au troisième trimestre à 2,2% pour l’horizon de 8 trimestres et à 2,3% pour celui de 12 trimestres.

Croissance en berne

S’agissant de la croissance nationale, après une accélération à 3,4% en 2023, elle devrait, selon les projections de BAM, ralentir à 2,8% cette année, avant de rebondir à 4,4% en 2025. Cette prévision recouvre une contraction de 6,9% de la valeur ajoutée agricole en 2024, puis une progression de 8,6% en 2025, sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne de 55 millions de quintaux. Tirée principalement par les industries manufacturières et extractives ainsi que par les activités liées au tourisme, la croissance non agricole devrait continuer à s’améliorer, passant de 3,6% en 2023 à 3,9% en 2024 et en 2025.

Sur le plan des comptes extérieurs, après une baisse en 2023, les échanges de biens devraient afficher une reprise en 2024 qui se poursuivrait à moyen terme. Ainsi, les exportations de biens se renforceraient de 4,8% en 2024 et de 9,2% en 2025, reflétant essentiellement des progressions des ventes du secteur automobile qui atteindraient 187,4 Mrds DH en 2025 et de celles des phosphates et dérivés qui dépasseraient les 90 milliards la même année. De même, après un repli de 2,9% en 2023, les importations augmenteraient de 5% en 2024 et de 9% en 2025, tirées principalement par les achats de biens d’équipement. En particulier, la facture énergétique s’allégerait de 2,8% en 2024 avant de s’alourdir de 4,5% à 123,9 Mrds DH en 2025. En parallèle, la bonne performance des recettes voyages devrait se maintenir avec des accroissements de 7,1% en 2024 et de 4,6% à 117,3 Mrds DH en 2025.

Concernant les transferts des Marocains résidents à l’étranger (MRE), les projections tablent sur un rythme annuel autour de 3% pour atteindre 121,8 Mrds DH en 2025. Ces évolutions devraient ainsi permettre de contenir le déficit du compte courant à l’équivalent de 1,4% du PIB en 2024 et de 2,6% en 2025, après 0,6% en 2023. Quant aux recettes des investissements directs étrangers, elles rebondiraient à l’équivalent de 3,1% du PIB en 2024 puis à 3,2% en 2025 après 2,4% en 2023.

Au total, et tenant compte essentiellement des financements extérieurs prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve de BAM continueraient de se renforcer pour atteindre 384,3 MMDH à fin 2024 et 397,4 Mrds DH à fin 2025, représentant ainsi une couverture avoisinant les 5 mois et demi d’importations de biens et services. Pour ce qui est des conditions monétaires, le besoin de liquidité bancaire continuerait de se creuser passant de 111,4 Mrds DH à fin 2023 à 120,4 Mrds DH en 2024 et à 146,6 Mrds DH en 2025, tiré essentiellement par l’expansion de la monnaie fiduciaire. Tenant compte de l’évolution attendue des activités non agricoles et des anticipations du système bancaire, la progression du crédit bancaire au secteur non financier s’accélérerait à 3,3% en 2024 et à 4,7% en 2025, après une croissance de 2,7% en 2023. S’agissant du taux de change effectif réel, il devrait enregistrer une légère appréciation de 0,7% en 2024, reflétant une augmentation en termes nominaux, partiellement compensée par une inflation domestique moins élevée que chez les principaux partenaires et concurrents commerciaux. En 2025, il devrait connaitre une stabilité.

Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des huit premiers mois de 2024 fait ressortir une amélioration de 11,2% des recettes ordinaires, portée notamment par la performance notable des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 8,9% reflétant en particulier la progression des dépenses en biens et services et celles d’investissement. Tenant compte de ces réalisations, de l’évolution prévue de l’activité économique et des orientations annoncées du projet de Loi de Finances 2025, le déficit budgétaire devrait, selon les projections de BAM, se stabiliser autour de 4,4% du PIB en 2024 avant de revenir à 3,9% du PIB en 2025.

Enfin, le Conseil a relevé que les perspectives économiques et sociales à l’horizon des projections macroéconomiques de la Banque restent entourées d’un niveau élevé d’incertitudes, liées au niveau international à l’enlisement de la guerre en Ukraine, à l’escalade du conflit au Moyen-Orient et aux tensions géopolitiques qui accentuent la fragmentation économique non sans impact sur le rythme de l’activité et sur l’évolution des prix, notamment énergétiques. Au niveau national, la récurrence des sécheresses et le stress hydrique constituent un risque majeur pour la production agricole et la croissance économique plus globalement. De même, la déclinaison des orientations du projet de Loi de Finances 2025 ainsi que la poursuite des négociations dans le cadre du dialogue social pourraient se traduire par des impacts plus importants que prévu sur l’évolution de la demande et des prix.

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