Trois mois après le début de l’intervention militaire, les forces russes contrôlent actuellement « environ 20% » du territoire ukrainien, soit près de 125.000 km2, a déclaré jeudi le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Depuis le 24 février, les forces russes ou prorusses ont notamment avancé dans l’est et au sud, le long des mers Noire et d’Azov, contrôlant désormais un corridor côtier stratégique reliant l’est russe à la Crimée.

Les forces russes se concentrent sur la conquête du Donbass (est) où se joue désormais une guerre d’usure, notamment autour de la ville stratégique de Severodonetsk. Et la tactique du rouleau compresseur appliquée par Moscou pour grignoter lentement du terrain semble porter ses fruits.

« La situation la plus difficile » concerne Lougansk, l’une des deux régions du Donbass, a souligné Valeri Zaloujny, commandant en chef des forces armées ukrainiennes cité dans un communiqué de l’armée publié dans la nuit de mercredi à jeudi.

Severodonetsk, capitale administrative de la région, est « occupée à 80% » par les forces russes et les combats font rage dans les rues, a déclaré Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk, dans la nuit de mercredi à jeudi.

V. Zelensky a indiqué jeudi soir dans son message quotidien que la situation dans le Donbass n’avait pas « changé de manière significative dans la journée ». « Nous avons rencontré quelques succès dans la bataille pour Severodonetsk. Mais il est encore trop tôt. C’est la zone la plus difficile actuellement », a-t-il précisé, évoquant une situation similaire aux alentours notamment à Lyssytchansk et à Bakhmout.

Les dirigeants ukrainiens ont ces derniers jours accusé Moscou de vouloir faire de Severodonetsk un « nouveau Marioupol ».

La pression russe reste également importante sur Donetsk, l’autre région du Donbass, notamment Sloviansk, à quelque 80 km à l’ouest de Severodonetsk.

La Russie a affirmé jeudi avoir stoppé l’afflux de « mercenaires » étrangers voulant combattre aux côtés de l’armée de Kiev, à force de leur infliger de lourdes pertes ces dernières semaines. Selon le ministère russe de la Défense, le nombre de combattants étrangers a été « quasiment divisé par deux », passant de 6.600 à 3.500, et un « grand nombre » d’entre eux « préfèrent quitter » le pays « le plus rapidement possible ».

Les forces russes bombardent des lignes de chemin de fer dans la région de Lviv (ouest), où arrivent notamment les armes livrées à l’Ukraine par les pays occidentaux, une aide dénoncée par Moscou.

Les forces ukrainiennes perdent chaque jour jusqu’à cent soldats, selon le président ukrainien. « La situation dans l’est est vraiment difficile (…) Nous perdons de 60 à 100 soldats par jour, tués au combat, et quelque 500 sont blessés », a-t-il détaillé.

Dans le sud, Kiev s’inquiète d’une possible annexion des régions conquises par les forces russes, Moscou évoquant des référendums dès juillet. A Moscou, on s’en tient à la ligne de conduite observée depius le début de « l’opération spéciale » lancée le 24 février. «L’objectif principal de l’opération est de protéger la population des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Des mesures sont prises pour assurer leur sécurité, certains résultats ont été enregistrés. Beaucoup de villages ont été libérés des forces armées ukrainiennes pro-nazies et des éléments nationalistes», a déclaré vendredi Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, aux médias,  dressant ainsi un état des lieux de l’opération militaire russe en Ukraine, entamée 100 jours plus tôt. «Les gens ont la possibilité de retrouver une vie paisible. Ce travail se poursuivra jusqu’au moment où tous les objectifs de l’opération militaire spéciale seront remplis», a encore assuré le porte-parole de la présidence russe.

«La victoire sera nôtre», a pour sa part affirmé le même jour le président ukrainien, dans une courte vidéo diffusée sur Instagram. «Les représentants de l’Etat sont ici, défendant l’Ukraine depuis 100 jours», a-t-il déclaré dans cette vidéo de 36 secondes, se filmant devant le bâtiment de l’administration présidentielle à Kiev aux côtés notamment de son Premier ministre Denys Chmygal et du chef du parti présentiel, David Arakhamia.

La veille, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, avait signalé que l’Occident doit se préparer à «une guerre d’usure» sur le «long terme»,. 14 millions d’Ukrainiens contraints de fuir leur foyer Du côté des Nations unies, Amin Awad, coordinateur de l’organisation internationale en Ukraine, a averti que cette «guerre n’a et n’aura pas de vainqueur», martelant au 100e jour du conflit que «la guerre doit cesser». «En un peu plus de trois mois, près de 14 millions d’Ukrainiens ont été contraints de fuir leur foyer, la majorité étant des femmes et des enfants», un phénomène «sans précédent dans l’histoire», a-t-il ajouté dans un communiqué. Ainsi que le rapporte l’AFP, plus de huit millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). S’y ajoutent 6,8 millions qui ont fui à l’étranger, dont plus de la moitié (3,6 millions) en Pologne.

Le conflit ouvert depuis 2014 dans les provinces du Donbass,  dont les autorités ukrainiennes ne reconnaissent pas l’indépendance, a engendré pas moins de 13. 000 morts en huit ans, selon l’ONU. Les territoires de la région ont fait l’objet d’intenses bombardements ukrainiens.

Pour l’heure, aucune issue diplomatique au conflit, n’est prévisible en dépit de plusieurs pourparlers entre délégations russe et ukrainienne conduits depuis le début de l’opération russe.

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