Ron Dermer, chef de la diplomatie israélienne, veut plus des pays qui ont normalisé avec Tel-Aviv. «Je pense que la politique envers l’Iran est un élément essentiel de l’expansion de cette [normalisation avec les pays arabes] parce que je pense qu’elle ouvre la voie aux dirigeants arabes pour entrer dans une alliance publique avec Israël alors que nous affrontons ensemble cet ennemi commun», a indiqué jeudi, depuis Washington, le ministre israélien des Affaires stratégiques.
Ce dernier, en visite aux Etats-Unis où il avait occupé le poste d’ambassadeur de son pays, a déclaré que le Premier ministre Benjamin Netanyahu est déterminé à étendre ses liens avec de nouveaux pays arabes et espère travailler en étroite collaboration avec l’administration Biden sur la question iranienne. Le chef du gouvernement israélien avait déjà annoncé la couleur le 10 janvier dernier lors de son intervention par visioconférence, à la réunion de l’«American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) », puissant lobby israélien aux Etats-Unis.
La question de la formation d’une alliance réunissant des pays arabes et Israël a été examinée, lors de la première édition du Forum du Néguev, organisée en mars 2022 en Israël. La prochaine rencontre, prévue en mars au Maroc, devrait apporter des éclaircissements sur ce projet. Pour rappel, ce point était inscrit à la réunion, organisée récemment à Abou Dhabi, du Comité directeur dudit Forum programmé, dit-on, à Dakhla.
La détermination israélienne d’aller dans cette trajectoire, soutenue par ailleurs de représentants de l’establishment US, démocrates et républicains, ne date pas d’aujourd’hui. En juin dernier, une proposition de loi US, portant création d’un système intégré de défense aérienne entre Israël et les pays arabes, a été mise au point. En attendant de voir le feedback d’une telle perspective auprès des capitales arabes. « Le plein potentiel des Accords d’Abraham, de la coopération économique, des échanges éducatifs, des accords commerciaux entre Israël et nos partenaires, ne peut être réalisé sans un engagement envers la sécurité collective», avaient plaidé les parrains d’Israël.
La proposition de loi a eu l’adhésion de puissantes organisations juives aux Etats-Unis, y compris l’«American Jewish Congress», l’«American Jewish Committee (AJC)» et surtout l’«American Israel Public Affairs Committee (AIPAC)».
A signaler qu’un groupe de sénateurs américains, dont Jacky Rosen et James Lankford, co-fondateurs et co-présidents du Caucus du Sénat pour les Accords d’Abraham, est attendu à Rabat. J. Rosen et J. Makford qui dirigent une délégation bipartisane de cinq sénateurs pour visiter les pays membres des Accords d’Abraham, seront rejoints par les sénateurs Kirsten Gillibrand, Michael Bennet, Dan Sullivan, Mark Kelly et Ted Budd. L’objectif des membres de ce Caucus consiste à évaluer les Accords d’Abraham, notamment en termes d’intégration et de coopération régionales et de discuter des moyens de renforcer et d’étendre ces Accords à d’autres pays.
« Les accords historiques d’Abraham ont transformé le Moyen-Orient, ouvrant la voie à une coopération et une normalisation sans précédent entre Israël et ses partenaires arabes », a déclaré J. Rosen. « Les Accords contribuent déjà aux économies des quatre pays et les aident à travailler ensemble pour faire face à l’Iran. Mes collègues et moi sommes impatients de rencontrer des hauts fonctionnaires, des chefs d’entreprise et des organisations de la société civile pour discuter de la façon dont nous pouvons renforcer les relations favorisées par les Accords et les étendre à de nouveaux pays », a-t-elle ajouté.
De son côté, J. Lankford a jugé quant à lui que « Cette période sera précieuse pour les membres du Caucus du Sénat sur les accords d’Abraham, car nous continuons à renforcer les relations dans toute la région par la réconciliation et les objectifs communs ». Ajoutant que « dans les jours à venir, nous continuerons à rassembler les nations pour l’avenir de l’intérêt national des États-Unis et pour nos alliés ».
A noter que l’année dernière, ce duo de sénateurs, appuyés par Joni Ernst et Cory Booker, ont lancé le Caucus du Sénat pour les accords d’Abraham afin de tirer parti du succès des accords historiques d’Abraham, en offrant l’opportunité de les renforcer en encourageant les partenariats entre les pays les ayant déjà signés.
Le sénateur J. Lankford s’est déclaré optimiste. « Lorsque le Maroc et le Soudan ont rejoint les Accords quelques semaines plus tard, le concept des Accords d’Abraham a démontré que la réconciliation entre encore plus de nations dans la région était possible ». Ce co-fondateur dudit Caucus ne fait de mystère quant à l’objectif recherché. « Je suis aux côtés d’Israël et pour une paix durable au Moyen-Orient, aux côtés de mes collègues, alors que nous lançons le Caucus des Accords d’Abraham. Nous rechercherons la paix en élargissant et en encourageant les Accords et nous donnerons l’exemple aux autres nations qui désirent la paix ».
Nul besoin de souligner qu’aucune mention n’a été faite à la Palestine. Comme il est évident que le véritable couronnement du processus auquel aspirent Américains, comme Israéliens, consiste en l’arrimage de l’Arabie Saoudite au processus. Pour l’heure, et en dépit de l’existence de relations non déclarés avec Tel-Aviv, Riyad hésite toujours à rejoindre le train américano-israélien.