Dans la foulée d’une intervention de Volodymyr Zelensky à Davos où le dirigeant ukrainien a appelé ses parrains occidentaux à lui fournir davantage d’armements, le président russe a haussé le ton vis-à-vis de Kiev.
« Si cela continue, l’État ukrainien pourrait subir un coup irréparable, très grave », a déclaré V. Poutine lors d’une réunion avec les chefs de municipalités des entités constitutives de la Fédération de Russie. « Mais il en est de leur responsabilité », a poursuivi le chef d’État russe, assurant que « ce sera le résultat de leur politique, de leur gouvernance », après avoir rappelé les revers militaires des forces de Kiev. « Il est dorénavant évident que non seulement leur contre-offensive a échoué, mais aussi que l’initiative est entièrement entre les mains des forces armées russes », a souligné le maitre du Kremlin.

Quelques heures plus tôt, à la tribune du Forum économique mondial de Davos, le président ukrainien avait balayé toute perspective d’entériner des négociations avec Moscou, appelant les pays occidentaux à aider son pays à gagner la « supériorité aérienne » sur la Russie. « Je vous rappelle qu’après 2014, il y a eu des tentatives pour geler le conflit dans le Donbass. Il y avait des garants très influents de ce processus : la chancelière allemande de l’époque et le président français », a notamment déclaré V. Zelensky, qualifiant son homologue russe de « prédateur qui ne se contenterait pas de produits congelés ».

«  Ils sont idiots », a estimé V. Poutine, rappelant l’épisode des pourparlers russo-ukrainiens ayant eu lieu à Istanbul quelques semaines après le début du conflit, en mars 2022. Négociations qui auraient pu conduire au statut de neutralité de l’Ukraine mais desquelles Kiev s’est retiré. « Cela souligne une fois de plus qu’ils ne sont pas indépendants », a déclaré le président russe. En novembre 2023, David Arakhamia, le chef de la délégation ukrainienne, avait confirmé que le Premier ministre britannique avait empêché la conclusion de l’accord. Une accusation contestée par Boris Johnson.
Le 14 janvier, toujours dans la station de ski huppée des Grisons, en Suisse, les conseillers à la sécurité nationale de plusieurs dizaines de pays se sont réunis pour discuter de la « formule Zelensky ». Une formule, en dix points, correspondant aux seules exigences de Kiev et à laquelle le président ukrainien tente de rallier depuis des mois le plus de pays possibles. Parmi ces points, notamment, Kiev exige le contrôle de tous les territoires sur lesquels il estime être souverain ainsi que des réparations. « C’est une tentative pour nous inciter à renoncer aux conquêtes que nous avons réalisées au cours de la dernière année et demie », a déclaré V. Poutine.

Soutien US réaffirmé

« Tout le monde comprend que c’est impossible », a-t-il ajouté. « Ces prétendues formules de paix dont parlent l’Occident et l’Ukraine, c’est la poursuite de la mise en œuvre du décret du président ukrainien qui interdit les négociations avec la Russie », a également déclaré le président russe. En octobre 2022, V. Zelensky avait signé un décret interdisant toute négociation avec V. Poutine.

Le même jour, Antony Blinken, secrétaire d’État US a promis le maintien du soutien américain à l’Ukraine, après une rencontre à Davos avec le président V. Zelensky et alors que patinent les négociations au Congrès américain sur la validation d’une nouvelle enveloppe d’aide.  « Nous sommes déterminés à maintenir notre soutien à l’Ukraine et nous travaillons très étroitement avec le Congrès » sur le sujet, a indiqué A. Blinken. « Je sais que nos collègues européens feront la même chose », a-t-il également déclaré. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, aussi présent pour cet entretien, a assuré au président ukrainien que les Etats-Unis et leurs alliés étaient déterminés « à assurer que la Russie échoue et que l’Ukraine gagne ».

V. Zelensky a remercié l’administration Biden et le «soutien bipartisan » au Congrès US. « Nous comptons vraiment sur votre soutien – la poursuite de votre énorme soutien », a-t-il indiqué. Il a notamment évoqué le système américain Patriot, qui a aidé l’Ukraine dans sa défense aérienne face aux attaques de missiles russes. Depuis février 2022, les États-Unis ont déjà envoyé quelque 44 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine, auxquels s’ajoutent plusieurs milliards d’assistance et de soutien économique.

L’administration Biden a débloqué son dernier paquet d’aide fin décembre 2023, mais les Républicains conditionnent leur soutien pour une nouvelle enveloppe à un durcissement drastique de la politique migratoire américaine. Certains d’entre eux, notamment l’ancien président Donald Trump qui fait figure de favori dans son camp pour la campagne présidentielle, affichent leur scepticisme sur cette aide et les chances d’une victoire ukrainienne. L’administration Biden demande au total au Congrès d’approuver une enveloppe de 61 milliards de dollars pour l’aide à l’Ukraine, mais aussi pour Israël et Taïwan, des causes plus populaires chez les Républicains.

Des mercenaires ciblés à Kharkov

Mercredi, l’armée russe a frappé un point de déploiement de mercenaires étrangers à Kharkov avec des armes de précision, a annoncé le ministère russe de la Défense. « Dans la soirée du 16 janvier, les forces russes ont mené une frappe de précision contre un point de déploiement temporaire de combattants étrangers dans la ville de Kharkov, dont une majorité de mercenaires français », a indiqué le ministère.

Selon la Défense, au moins 60 mercenaires ont été tués, plus d’une vingtaine ont été hospitalisés. Le bâtiment qui abritait les mercenaires a été complètement détruit, ajoute l’instance.

Le 16 janvier, Ihor Terekhov, maire de Kharkov, avait fait état d’explosions dans la ville. Selon la carte des alertes aériennes disponible sur le site internet du ministère ukrainien de la Transformation numérique, une alerte aérienne s’était déclenchée ce jour-là dans les régions de Kharkov et de Soumy.

L’armée russe tire des missiles sur des sites énergétiques, des usines militaires, des postes de commandement en Ukraine en réponse aux bombardements ukrainiens visant des cibles civiles sur le territoire national.

Dans le même temps, les forces russes n’attaquent pas les bâtiments résidentiels et les infrastructures sociales en Ukraine, indique Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

Leave A Reply

Exit mobile version