Le ministre iranien des Affaires étrangères s’est adressé aux journalistes, à la sortie de son rendez-vous avec ses homologues européens à Genève pour assurer, une fois de plus, que « le programme nucléaire iranien est pacifique et a toujours été soumis aux garanties et à la surveillance de l’AIEA. Par conséquent, les attaques lancées contre des installations nucléaires sous garanties par un régime qui n’est partie à aucun traité sur les armes de destruction massive constituent un crime grave et une violation du droit international. » Abbas Araghchi se dit « gravement préoccupé » par l’absence de condamnation chez ses interlocuteurs du groupe E3 (Allemagne, Royaume-Uni, France, plus l’UE). « L’Iran, a-t-il clairement dit, est prêt à envisager à nouveau la diplomatie », mais « une fois l’agression terminée et l’agresseur tenu responsable des crimes commis ». Et de conclure : « À cet égard, j’ai clairement indiqué que les capacités de défense de l’Iran ne sont pas négociables. » Toutefois, il a nuancé ses propos. « Nous soutenons la poursuite des discussions avec le groupe E3 et l’UE et nous sommes prêts à nous rencontrer à nouveau prochainement », a confirmé le chef de la diplomatie iranienne.

Après la rencontre du jour à Genève avec le chef de la diplomatie iranienne, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré : « Nous considérons qu’il n’y a pas de solution définitive par la voie militaire au problème du nucléaire iranien ». Il appelle Téhéran à négocier « sans attendre l’arrêt des frappes ». Son homologue allemand Johann Wadephul a pour sa part estimé que Téhéran semblait « fondamentalement prêt à continuer à discuter ». Le Britannique David Lammy, pour sa part, a déclaré : « Nous souhaitons poursuivre les discussions et les négociations en cours avec l’Iran, et nous exhortons l’Iran à poursuivre ses discussions avec les États-Unis. » « Nous traversons une période périlleuse, et il est primordial d’éviter une escalade régionale », a-t-il dit aussi, indiquant que les dirigeants européens avaient clairement fait savoir que « l’Iran ne peut pas posséder l’arme nucléaire ». D. Lammy avait au préalable rencontré à Washington Marco Rubio, secrétaire d’État américain et Steve Witkoff, envoyé spécial du président Donald Trump pour le Moyen-Orient. Européens et Iraniens sont convenus de poursuivre leurs discussions et de ne pas les limiter au seul programme nucléaire de Téhéran, a déclaré Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l’Union européenne. La réunion avec A. Araghchi, organisée dans un hôtel de Genève, a duré environ trois heures et demie.

Comme la Suisse, le Royaume-Uni annonce la fermeture de son ambassade à Téhéran, invoquant l’intensité des opérations militaires menées en Iran et la situation extrêmement instable sur le terrain. Londres précise que l’ambassade continuera d’être gérée à distance. « Nous prenons extrêmement au sérieux la protection de notre personnel et des citoyens britanniques, et nous avons depuis longtemps déconseillé tout voyage en Iran », assure le ministère britannique des Affaires étrangères.

    A New_york, Rafael Grossi, patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a insisté lors de la réunion du Conseil de sécurité sur le fait que son organisation peut « garantir », par un système d’inspections « incontestables », que l’Iran ne pourra pas développer d’arme nucléaire. « Une solution diplomatique est possible si la volonté politique est là, estime-t-il. Des éléments d’un accord ont été discutés. » Par ailleurs, R. Grossi prévient qu’une attaque directe contre la centrale nucléaire iranienne de Bouchehr, toujours en activité, aurait les conséquences les plus « graves », car serait susceptible de relâcher de grandes quantités de radiation dans l’environnement. Mais à ce stade, observe-t-il, les attaques israéliennes « n’ont pas provoqué de rejet de radiations affectant le public », malgré le « danger que cela puisse se produire ».

    Dans le détail, l’agence n’a connaissance d’aucun dégât à Fordo à ce stade. En revanche, sur le site d’Ispahan, quatre bâtiments ont été endommagés vendredi dernier : le laboratoire chimique central, une usine de conversion d’uranium, l’usine de fabrication de combustible pour réacteur de Téhéran et l’usine de traitement d’uranium métal enrichi, en construction. Le réacteur de recherche à eau lourde de Khondab, en construction à Arak et encore non opérationnel, a été touché le 19 juin. L’usine de production d’eau lourde située à proximité aurait été touchée, là encore, sans conséquence radiologique attendue. Le site d’enrichissement de Natanz a été touché le 13 juin. Mais le niveau de radioactivité à l’extérieur est resté inchangé, à des niveaux normaux. En revanche, l’intérieur du site est contaminé, à la fois sur le plan radiologique et chimique.

    L’attaque d’Israël est une « trahison » du processus diplomatique avec les États-Unis, a dénoncé vendredi le ministre des Affaires étrangères iranien et chef négociateur pour le nucléaire, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. « Nous avons été attaqués au milieu d’un processus diplomatique. Nous étions censés rencontrer les Américains le 15 juin pour élaborer un accord très prometteur », a déclaré A. Araghchi, peu avant sa rencontre avec ses homologues européens.

    Massoud Pezeshkian, président iranien, a déclaré sur X que « la seule manière de mettre fin à la guerre imposée » est « un arrêt inconditionnel de l’agression de l’ennemi » et « la garantie ferme de mettre un terme définitif aux aventures terroristes sionistes ».

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