Cette affirmation s’inscrit dans une volonté du leader politique français, grand féru d’histoire, de réhabiliter l’apport des civilisations non européennes, souvent sous-estimé dans les récits historiques traditionnels. À l’époque abbasside (VIIIe-XIIIe siècles), le monde arabe, notamment à Bagdad, fut un foyer intellectuel majeur. La Maison de la Sagesse, fondée sous le calife Al-Mamun, rassemblait des savants traduisant des textes grecs, indiens et persans. Des figures comme Al-Khwârizmî, dont le nom a donné le terme « algorithme », ont révolutionné les mathématiques en développant l’algèbre et en systématisant l’usage des chiffres indo-arabes, incluant le zéro.
L’astronomie, la médecine et l’optique ont également bénéficié de leurs avancées, à la base de la science moderne. Cependant, la formule du leader LFI simplifie à l’extrême une réalité complexe. Si le monde arabe a joué un rôle clé dans la préservation et l’enrichissement du savoir antique, l’Europe mérovingienne était loin d’être un foyer d’obscurantisme barbare. Les monastères, comme ceux fondés sous l’influence de saint Colomban, étaient des centres de copie de manuscrits et d’enseignement. Dagobert Ier, roi des Francs de 629 à 639, a consolidé son royaume et soutenu l’Église, contribuant à la structuration politique de la Gaule. La chanson populaire moquant le « bon roi Dagobert », née au XVIIIe siècle, est une satire tardive qui ne reflète pas la réalité historique.
Les propos volontairement caricaturaux de Mélenchon ont été critiqués. Certains y ont vu une idéalisation du monde arabe au mépris de l’histoire européenne, tandis que d’autres, au contraire, ont salué sa démarche de rejet de l’eurocentrisme. Cette controverse illustre les tensions autour de l’enseignement de l’histoire et de la reconnaissance des contributions des différentes civilisations. En opposant un Orient savant à un Occident ridicule, J-L. Mélenchon a relancé le débat sur la manière de raconter le passé, entre nuance historique et rhétorique politique.
