« L’Occident cherche à transformer l’ASEAN en son principal partenaire, tout en orientant ce partenariat contre les intérêts de la Russie et de la Chine », a déclaré ce 11 octobre à la presse Sergeï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, à l’issue du 19e sommet de l’Asie de l’Est. Selon lui, ces politiques créent des « risques pour la stabilité de la partie asiatique de notre continent commun et pour le développement durable ». Le chef de la diplomatie russe a également accusé Washington et ses alliés de vouloir saper l’architecture multilatérale autour de l’ASEAN. « Les États-Unis et leurs alliés ont décidé d’inclure la région Asie-Pacifique dans la zone d’intérêt de l’OTAN », a-t-il affirmé, pointant du doigt la création de plusieurs alliances militaires dans la région, comme le groupe «USA – Japon – Corée» ou le QUAD, qui réunit l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Corée du Sud et le Japon. « Tout cela fragmente cet espace commun et le divise entre amis et ennemis », a-t-il ajouté.

Lors du sommet, le ministre russe a déclaré que les États-Unis avaient tenté de mettre en avant des thématiques telle que « l’escalade en mer de Chine méridionale » ainsi que le conflit en Ukraine, sans pour autant recevoir de soutien des membres de l’ASEAN. Il a précisé que seuls les pays occidentaux tels que le Japon, la Nouvelle-Zélande et l’Australie avaient « approuvé les thèses américaines ».

S. Lavrov a également dénoncé l’incapacité du sommet à adopter une déclaration finale, une impasse qu’il attribue aux « tentatives des États-Unis, du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande de donner à ce document un caractère purement politique ». Et d’ajouter que cette attitude s’éloignait de la pratique des sommets précédents lors desquels il était convenu de « ne pas saturer les déclarations de sujets géopolitiques conflictuels ». Le ministre a enfin rejeté les critiques de l’Occident concernant le conflit en Ukraine, réaffirmant que « les États-Unis et leurs alliés ont provoqué un coup d’État en Ukraine et soutiennent depuis lors le régime criminel de Kiev ». S. Lavrov a dénoncé ce qu’il considère comme une campagne qui tente de faire endosser à la Russie l’entière responsabilité de la crise en Ukraine. Le sommet de l’Asie de l’Est, qui s’est déroulé du 8 au 11 octobre, a réuni les dirigeants des pays de l’ASEAN et plusieurs de leurs partenaires, dont la Russie, la Chine et les États-Unis. Ces réunions annuelles constituent un forum de discussion autour des enjeux de sécurité ainsi que de coopération régionales. En septembre 2023, à l’issue du 18e sommet de l’Asie de l’Est, qu’il avait cette fois qualifié de « succès », S. Lavrov avait déjà dénoncé les tentatives occidentales d’« ukrainiser » l’agenda du sommet de l’ASEAN qui s’était tenu au même moment.

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